Le nom à lui-seul est anxiogène : des « Brigades sanitaires » font sillonner la France pour enquêter sur l’entourage des malades et repérer les personnes potentiellement contaminées et les inviter à se faire tester.
Cette charmante idée, qui avec toutes le reste de la panoplie anti-Covid mise en place par le gouvernement intensifiera la surveillance de la population, a été annoncée mardi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe.
Ces brigades sanitaires visent à identifier le plus grand nombre possible de personnes infectées, qu’elles soient symptomatiques ou asymptomatiques. Elles seront composées principalement de salariés de l’Assurance maladie. Des employés de Centres communaux d’action sociale (CCAS), de conseils départementaux ou d’organismes comme la Croix-Rouge pourraient également les intégrer. Elles seront par ailleurs intégrées dans un dispositif plus large, impliquant notamment le personnel de santé et les services municipaux. Selon Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, 30 000 personnes au total pourraient être mobilisées.
Les généralistes ayant pris en charge un malade du Covid-19 devront recenser les personnes ayant été en contact avec ce patient et effectuer une première analyse du risque de contamination. En ce sens, ils formeront la première ligne du dispositif, a souligné Édouard Philippe. Les informations recueillies seront transmises à l’Assurance maladie. Pour ce travail, les médecins recevront un forfait de 55 € par patient, comprenant à la fois la consultation et la saisie informatique des coordonnées des membres de la cellule familiale. Pour encourager les médecins à poursuivre l’enquête au-delà du cercle familial, deux euros seront versés pour chaque contact supplémentaire identifié. Ce montant sera porté à quatre euros quand les coordonnées permettant de les joindre seront renseignées, a précisé Nicolas Revel.
Une fois les informations sur les patients et leur entourage transmises à l’Assurance maladie, via une plateforme dédiée, les brigades seront chargées de contacter une à une les personnes recensées. Elles devront aussi identifier les autres sujets contacts potentiels. Les personnes contactées recevront alors une série de consignes sanitaires et, le cas échéant, des masques et du gel hydroalcoolique. Surtout, elles seront invitées à se faire tester. En cas de test positif, une liste des personnes qu’elles auraient pu contaminer sera à son tour établie. Les personnes testées positives seront invitées à s’isoler soit chez elles (ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours), soit dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés, quand la nature de leur logement rend l’isolement difficile.
Plusieurs syndicats de médecins se sont inquiétés de l’impact de ce dispositif sur le secret médical, à l’image de la Confédération des syndicats médicaux français (CSFM), qui a mis en garde contre une « banalisation » de l’accès aux renseignements confidentiels. Il faut que « la transparence soit faite sur les acteurs qui assurent la collecte de l’information et la durée de stockage des informations », a jugé de son côté le Syndicat des médecins libéraux (SML), réclamant la signature d’une « clause de confidentialité » par les personnes recrutées.
Aussi, le gouvernement, qui a prévu de soumettre au parlement de nouvelles dispositions légales pour permettre aux « brigades sanitaires » d’avoir accès à ces informations médicales, se veut de son côté rassurant, évoquant un dispositif exceptionnel et limité dans le temps. « Les personnels non-soignants » qui auront accès aux informations médicales « sont des collaborateurs de l’Assurance-maladie dont c’est déjà la mission », a assuré de son côté Nicolas Revel. « Aucune donnée médicale sensible n’a vocation à être partagée au-delà », a-t-il promis.
Pour mieux faire passer la pilule de ce flicage généralisé aux citoyens français, Olivier Veran, le ministre de la Santé, n’a rien trouvé de mieux que d’employer un langage religieux en les décrivant comme des « brigades d’ange-gardiens », instaurées pour « sauver nos vies ». Il est d’ailleurs indéniable que le gouvernement s’essaye à rendre sa parole sacro-sainte, infaillible et dogmatique, sous peine de sanctions pour qui la contesterait, la dernière fiche du ministère de l’Education nationale intitulée Covid-19 et risques de dérives sectaires en est un exemple frappant : discréditer la parole institutionnelle y est considéré comme une dérive sectaire !
Bien entendu, tout bon citoyen français se doit donc de croire en la sincérité du gouvernement concernant la confidentialité et la durée de stockage des informations recueillies par ces Brigades sanitaires anti-Covid. Gare à qui la discrédite ou s’oppose aux recommandations de Philippe and Co et de leur conseil scientifique, il risque d’être bien vite catalogué comme un « sectaire » !
Francesca de Villasmundo
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