Après le vote du 7 juillet, la démission du premier ministre Gabriel Attal a été acceptée hier par le président de la République Emmanuel Macron. Gabriel Attal et son exécutif ne resteront en fonction que pour gérer les affaires courantes. Aucun gouvernement n’est pour l’instant en vue, la nomination d’un Premier ministre devra encore attendre longtemps.
Démission de Gabriel Attal qui restera cependant en fonction pour gérer les affaires courantes
Emmanuel Macron a enfin accepté la démission du Premier ministre Gabriel Attal. Cette décision s’est faite attendre depuis le vote du 7 juillet qui a mis à mal la majorité du groupe du parti du Président de la République.
Gabriel Attal et son exécutif ne resteront en fonction que pour gérer les affaires courantes et lors du conseil des ministres d’hier, probablement le dernier, le premier ministre – devenu entre-temps chef du groupe des députés du parti de Macron, Renaissance – a garanti « la continuité de l’État jusqu’à la dernière minute ». Certainement « pendant quelques semaines » selon l’Élysée, pour arriver au moins jusqu’à la fin des Jeux olympiques de Paris le 11 août.
L’acceptation de la démission permettra à Attal d’occuper un siège de député à l’Assemblée nationale, à la tête du bloc centriste allié à Macron, tout en évitant le risque d’un éventuel vote de censure au Parlement.
La 17e législature s’ouvre officiellement demain, résultat des élections législatives convoquées par Macron à la suite du succès de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN) de Jordan Bardella aux élections européennes du 9 juin.
La France est dans l’impasse, malgré le vote, faute de majorité claire à l’Assemblée nationale
Le pays est dans l’impasse, malgré le vote, faute de majorité claire maintenant que le Parlement est divisé en trois blocs et que l’Assemblée nationale se trouve dans une situation inédite : déterminer qui est l’opposition, en l’absence du nouveau gouvernement. « Pour que cette période se termine au plus vite, il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour construire un rassemblement autour de projets et d’actions au service des Français et des Français », explique un communiqué de l’Élysée, occultant ainsi la responsabilité première de cette situation, qui incombe à Emmanuel Macron lui-même.
La nomination d’un Premier ministre devra encore attendre longtemps.
Jordan Bardella avait prévenu qu’il refuserait de gouverner sans majorité absolue au Parlement, ce qui fut une sage décision.
La gauche française, de son côté, ne prend pas le chemin pour la nomination de l’éventuel Premier ministre, déchirée déjà par des querelles idéologiques : la France insoumise rejette la proposition avancée par les socialistes, les communistes et les écologistes de désigner Laurence Tubiana comme candidate au Premier ministre du Nouveau Front Populaire. Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, l’a déclaré dans une interview radiodiffusée. « Si c’est le profil sur lequel travaillent nos partenaires, je vais tomber de ma chaise » a déclaré Bompard, l’hypothèse « n’étant pas sérieuse ». Selon LFI, les positions politiques de Tubiana sont trop proches de celles de Macron et elle ne peut donc pas faire avancer le programme de la coalition de gauche.
Jordan Bardella avait prévenu qu’il refuserait de gouverner sans majorité absolue au Parlement et le Nouveau Front Populaire est déjà divisé
La France Insoumise a ainsi suspendu les négociations internes de la coalition, accusant les socialistes (PS) de saboter les candidatures à la succession d’Attal. Olivier Faure, leader du PS, a appelé le NFP à « réfléchir, parler et reprendre les discussions » s’il veut répondre aux attentes des électeurs et tenir sa promesse d’« être prêt à gouverner ». Les affrontements entre les différents dirigeants de la coalition « ne sont pas de bonnes perspectives » a-t-il prévenu mais « les enjeux sont si élevés qu’il peut arriver que nous parlions longtemps et, parfois, que nous criions ».
« Depuis huit jours nous travaillons à former un gouvernement du Nouveau Front populaire pour mettre en œuvre le programme », a rappelé Bompard, on ne peut pas « laisser entrer par la fenêtre les macronistes expulsés par les électeurs » lors des législatives.
« Le Parti socialiste doit renoncer à mettre son veto à tous les candidats qui ne sont pas proposés par lui » a poursuivi Bompard, faisant référence au refus du PS de nommer Huguette Bello, communiste et présidente du conseil régional de La Réunion, soutenu par LFI, au poste de Premier ministre.
Pour le moment, la nomination d’un nouveau Premier ministre ne se profile pas à l’horizon. Certainement pour le plus grand avantage d’Emmanuel Macron qui a ainsi le temps de débaucher des personnalités à droite et à gauche pour former un gouvernement d’extrême-centre et faire exploser le Nouveau Front populaire et les partis internes à cette coalition, après les avoir utilisés pour faire barrage au Rassemblement National.
Francesca de Villasmundo
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