Conjuguant leurs efforts d’Est en Ouest, 450 policiers issus de différents pays européens ont démantelé un groupe criminel organisé syrien, impliqué dans l’un des plus importants réseaux de trafics de migrants d’Europe. Au total, 25 personnes ont été interpelées, un nettoyage fort attendu mais guère suffisant.
Des milliers de clandestins prêts à payer jusqu’à 12 000 euros pour passer chez nous
Un vaste coup de filet, organisé par le Vieux Continent, a permis de démanteler un réseau qui acheminait des migrants clandestins via la route des Balkans vers l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Royaume-Uni. Majoritairement composée de Syriens, cette organisation criminelle proposait aux migrants transports et logements tout au long de la route grâce à leurs différents contacts dans le monde du crime. Teinté de violences – deux migrants syriens ont ainsi trouvé la mort sur l’un des trajets – ce passage vers l’Europe occidentale pouvait tout de même coûter jusqu’à 12 000 euros !
Ce sont des milliers de migrants qui ont ainsi pu envahir les pays occidentaux par le biais de ce réseau de trafiquants, opérationnel depuis 2021 et présent dans pas moins de 20 pays. Rien que pour l’année 2024, près de 750 clandestins ont ainsi atteint l’Allemagne.
Une structure financière « hawala »
Plus qu’un trafic d’être humain c’est une structure financière parallèle, propice au blanchiment d’argent, qui a été disloquée. Maintenus hors de tout système bancaire légal, les paiements des migrants transitaient d’un opérateur à un autre – généralement de simples commerçants –.
Ces « opérateurs hawala », c’est-à-dire engagés dans un réseau informel de transferts de fonds, étaient quant à eux chapeautés par un opérateur principal, basé en Turquie. 3,4 millions d’euros ont ainsi été illégalement récoltés.
Un grand mais insuffisant nettoyage à travers l’Europe
Les policiers européens engagés dans la traque de ces trafiquants ont procédé à une vingtaine d’arrestations à travers toute l’Europe, six en Autriche, trois en Bosnie-Herzégovine, quatre en Allemagne, cinq en Pologne, six en Serbie et une au Royaume-Uni.
Cette dernière est celle de Hussam Al Ramli, un irakien de 35 ans soupçonné d’être l’un des chefs de cette organisation. Il ne faut pas s’illusionner, ce nettoyage ne touche que la partie immergée de l’iceberg, les réseaux de trafics criminels lié aux migrants étant nombreux et toujours prompts à se (re)former, avec la complicité implicite ou explicite des dirigeants de nos pays.
Suzi Feufollet.
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