Abdès Ouaddou est un ancien joueur de foot de l’AS Nancy Lorraine. Il jouera dans des clubs qataris de 2010 à 2012. Aujourd’hui dans une interview de l’Est Républicain, il révèle la face cachée de ce Qatar.
« Les Qataris ne veulent pas déroger au système de Kafala, à leurs lois. C’est un « sponsoring-ship », c’est-à-dire que lorsque vous travaillez là-bas comme étranger, vous êtes forcément sous la tutelle entière de quelqu’un. Vous êtes pieds et mains liés. On ne peut pas se libérer de son employeur, la tutelle est totale. En cela, le football est une activité comme une autre. On est dépendant de cette loi archaïque et barbare, d’un autre siècle. Les droits de l’homme et de la femme sont bafoués en permanence…Ils gardent votre passeport, vous ne pouvez plus sortir. Je connais deux entraîneurs qui sont dans cette situation, ils crèvent de faim. Le but pour moi est de sensibiliser sur ce drame. Quand j’ai commencé, je n’étais qu’un sportif. Et on considérait peut-être que je n’avais pas à me plaindre, car j’avais gagné de l’argent. Mais je suis un travailleur, aussi. Il y a des citoyens français retenus au Qatar, des industriels, je me bats pour eux…On est dans une sorte de conspiration du silence, une omerta. Surtout en France, car en Angleterre et en Allemagne notamment, les médias s’indignent…La Coupe du monde au Qatar serait la Coupe du monde de la honte…J’ai clairement invité la FIFPro (syndicat mondial des joueurs) à me soutenir et au boycott. Je veux qu’elle prenne position. Et ensuite les ligues et les fédérations….Je vous dis simplement qu’il est strictement impossible de jouer l’été. Il fait 50 °C, avec un taux d’humidité de 80 %. J’y ai joué, les gars marchent pendant les matches. Un Colombien, Christian Benitez, est mort d’un arrêt cardiaque l’an passé. Mais personne n’en a parlé. »
En avril, le joueur avait aussi livré une interview au Monde alertant sur ce qui se passait au Qatar.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !