Quel rapport entre le crachat physiquement reçu par l’académicien, et, le mois suivant, celui, métaphorique et, apparemment, évité, du rappeur sur les tombes des morts de Verdun ?
Pour le moins une double analogie, et une hypothèse, bien sûr « complotiste ».
La première analogie pourrait être résumée par la réaction de Géronte, dans les Fourberies de Scapin « mais que diable allait il donc faire dans cette galère? » et la seconde par le jugement populaire fustigeant ceux qui « veulent le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière. ».
De toute évidence, en effet, la place de la République est une galère immobile où de pseudo-galériens, nuits debouts, rament sans avancer, mais en cassant beaucoup, au sein d’une capitale qui, devise obligée, fluctue mais ne sombre pas … encore.
Comment Alain Finkielkraut, dont le visage de penseur tourmenté apparaît constamment sur les écrans et dans les journaux, pouvait-il penser pouvoir se promener dans cette foule comme un badaud anonyme ? Comment, avec les positions qu’il prend ou qu’on lui attribue, pouvait-il imaginer être bien reçu par cette populace idéologiquement captive. De plus, un homme aussi cultivé que lui pouvait-il ignorer la psychologie des foules si bien analysée par le grand Gustave Lebon ? Son nouveau statut d’académicien, en ces lieux et circonstances, ne pouvait le protéger, bien au contraire.
Mais voilà : on peut chercher, et obtenir, gloire et honneurs institutionnels les plus élevés, et ne pas se résoudre à perdre ses privilèges de quidam parigot qui déambule impunément dans sa ville et son quartier depuis l’enfance, au spectacle des événements supposés populaires, sans être inquiété. Cela, pour voir et juger par soi-même. Ce qui souvent se réduit à chercher la confirmation de ce que l’on pense déjà.
Ce jugement, ses « agresseurs » pouvaient aisément le présumer : le mai 68 de la jeunesse de Finki, partiellement magnifié, aurait été tout de même autre chose que cette pauvre copie qui vérifie l’affirmation de Karl Marx, selon laquelle « les grands événements se produisent toujours deux fois, la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce ». Peut-être ni tragédie ni farce, mais, sous bien des aspects, pauvre copie sans doute, qui donnerait l’illusion qu’en près de 50 ans rien n’a avancé, quand bien des choses ont reculé. L’expression agressive de leur ressentiment était donc prévisible.
Pour le rappeur, la galère c’est, évidemment, le pouvoir socialiste dont Hollande est le prophète, avec son mépris indécent du bon sens et de ce que le peuple croit encore sacré, ses mensonges, ses dérobades et ses trahisons dont le pitoyable maire de Verdun pourrait témoigner.
Le beurre, son argent, et sa crémière, sont ici tout ce que ce jeune homme, enivré par son succès et les complaisances qui l’ont construit, a accepté sans état d’âme pour « s’éclater ». Cela, sans imaginer un instant, avant que ce soit le scandale qui éclate, qu’il pourrait être opportun de tenter sinon d’exprimer des excuses ou simplement des regrets pour ses propos passés, du moins un semblant de justification que ses commanditaires ne jugeaient pas utile d’apporter à l’incohérence de sa programmation à cette occasion. Depuis, malin (nous ne dirons pas comme quoi …) ou bien conseillé, il a tenté de se servir d’un grand-père incertain , et de sa négritude prétendument visée. Il n’y a pas à s’inquiéter pour lui. De la mésaventure dont il aura été le jouet il tirera sans doute, outre des indemnités sans avoir rien fait, une popularité démultipliée, du moins pour un temps, auprès du pauvre public qu’il sert à mystifier.
Venons-en aux soupçons « complotistes ». Ils s’appellent, dans les deux cas, manipulation.
Pour ce pouvoir « socialiste », le calcul démagogique et cynique accompagné de provocations, uni au principe : diviser pour régner en se faisant élire, tiennent lieu, avec la doctrine de « terra nova », de politique nationale.
Affirmer que Finkielkraut serait consciemment partie prenante de la manoeuvre le concernant, qui aurait donc été préméditée, serait un jugement téméraire à son égard, sa naïveté supposée précédemment ne pouvant, jusqu’à nouvel ordre, être exclue. L’ exploitation de l’incident a été, par contre, évidente, en opportun complément des dégradations et des manifestations violentes infligées par ailleurs à une police réduite, sous ordre, à subir. Voudrait-on discréditer une contestation et provoquer une réaction ?
A l’opposé, l’interprétation officielle des indignations engendrées par l’opération « Black M » (M comme Mesrine, nous dit-on …), comme manifestation de haine raciste, ne vise-t-elle pas à rallier les éléments les plus vulnérables des « communautés » supposées ici « stigmatisées », pour un vote à venir ?
Est-ce là un calcul machiavélique de la dernière chance pour arriver au second tour face à Marine Le Pen, toujours finalement battue par la dramatisation et le clientélisme ? ou ne s’agit-il que de simples diversions au service d’objectifs et d’intérêts dépassant le jeu des personnes et des partis ?
Il reste que le manipulateur peut devenir apprenti sorcier, perdre le contrôle de ce qu’il manipule, et en provoquer l’explosion. A cet égard l’ampleur et la puissance de la contre-offensive de Verdun n’étaient pas nécessairement prévisibles, ce qui peut donner quelque espoir.
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