En ces temps, nombreux sont ceux qui s’alarment avec juste raison de la dégringolade du niveau d’instruction des élèves, de la vacuité des programmes et – corollaire aujourd’hui avéré – de la chute de 4 points, en une génération, du niveau moyen du QI de la population !
On sait aujourd’hui que le développement encéphalique est loin d’être terminé à la naissance et que son achèvement se fait jusqu’à l’adolescence, en grande partie par des acquisitions que l’on pourra qualifier alors de « secondaires », fonction notamment de l’apprentissage.
L’ensemble de ces phénomènes constitue ce qu’on appelle « la plasticité cérébrale » aujourd’hui assez bien connue, qui est d’ailleurs déjà abordée dans le cours de SVT de Terminale.
Connaissances, donc à la portée de tous, qui pourraient se résumer schématiquement de la façon suivante : moins l’apprentissage sera important, moins les connections inter-neuronales seront nombreuses et moins l’individu sera psychiquement et intellectuellement susceptible d’accroître son développement.
C’est ce que Kendal a mis en évidence au cours de ses expériences célèbres sur l’apprentissage sensoriel mené sur l’Aplysie où il a mis en évidence l’apparition de connections neuronales sensorielles nouvelles, consécutives à l’apprentissage par stimulus électrique.
L’égalitarisme forcené, dogme fondateur d’accessibilité à « l’université pour tous » conduit à limiter de manière drastique le niveau et la pluralité des connaissances transmises au cours de la scolarité, pour qu’elles constituent une vague « teinture intellectuelle et culturelle » dont la seule caractéristique est d’être effectivement accessible à tous.
De ce fait, on limite sciemment la capacité d’éclosion intellectuelle d’un certain nombre d’individus (des deux sexes). C’est clairement l’option dogmatique assumée aujourd’hui par l’Education Nationale en France.
Pourtant, même si depuis les années 80 le niveau scolaire et universitaire s’est globalement effondré, l’élite universitaire enseignante fait ce curieux constat : « Quel que soit le niveau et le mode d’enseignement, on retrouve toujours à la fin les 2% d’élèves qui constitueront l’élite par la suite.»
Certains utilisent même, dans cette hypothèse, le terme de « génie ».
Il ne s’agit pas ici de disserter sur ce que peut être un « génie intellectuel », sa détection, son évolution et son activité.
En revanche, on peut faire un constat que la médiocrité du monde médiatique conduit à occulter soigneusement : il existe indéniablement un « génie français » qui se manifeste par la foultitude de découvertes et d’inventions d’origine française (qui seront ensuite ou non exploitées par des Français, cela est une autre question qui mériterait qu’on s’y arrête car ce n’est en général pas le cas !) et par l’existence d’intellectuels, notamment scientifiques, de très grande envergure en nombre très supérieur à ce qu’on devrait s’attendre à trouver si on supposait une répartition uniforme planétaire de ceux-ci.
Si la recherche expérimentale aujourd’hui nécessite de très gros équipements qui impliquent d’énormes moyens financiers qui limitent de fait la répartition de ces laboratoires aux pays les plus développés économiquement, la recherche mathématique – qui n’est pas proprement du domaine « scientifique » selon les canons de la philosophie des sciences – ne nécessite pas d’infrastructures onéreuses et est donc « sans financements conséquents à la portée de tous ».
Un domaine très particulier, ignoré même du monde des « Prix Nobel ».
C’est pourquoi on a créé à l’intention de ces savants très particuliers deux récompenses de niveau mondial permettant d’honorer les mathématiciens, comme le prix Nobel couronne les physiciens et les chimistes.
Elles sont décernées à l’initiative du Congrès Mondial des Mathématiciens.
La médaille Fields
John Charles Fields, mathématicien canadien, proposa la création de cette médaille en 1923 lors d’une réunion internationale à Toronto. À sa mort, en 1932, il légua ses biens afin de contribuer au financement de la médaille. L’attribution des deux premières médailles a lieu en 1936.
La Seconde Guerre mondiale interrompt la délivrance de la distinction jusqu’en 1950.
Au départ, seules deux médailles au plus sont décernées à chaque fois.
A partir de1966, la décision est prise de passer à quatre lauréats au plus.
Elle est attribuée tous les quatre ans lors du Congrès International des Mathématiciens à, au plus, quatre mathématiciens âgés de moins de 40 ans.
Les lauréats se voient attribuer chacun une médaille et un prix de 15 000 dollars canadiens.
La dernière attribution date de 2014.
Pour la première fois une femme figure au palmarès : Maryam Mirzakhani, une iranienne qui fit toute sa scolarité à Téhéran avant de rejoindre les universités américaines.
A cette date, les USA totalisent 11 lauréats (tous issus de Princeton), à égalité avec la France.
En France, dix des onze lauréats sont d’anciens élèves de l’École Normale Supérieure :
Laurent Schwartz (1950), Jean-Pierre Serre (1954), René Thom (1958), Alain Connes (1982), Pierre-Louis Lions (1994), Jean-Christophe Yoccoz (1994), Laurent Lafforgue (2002), Wendelin Werner (2006), Cédric Villani (2010) et Ngô Bảo Châu (2010).
Ceci placerait l’ENS en seconde position après Princeton (11 lauréats), si le classement portait sur l’établissement d’origine des médaillés.
Concernant le pays d’origine, en 2004, le CNRS dénombrait déjà 11 lauréats sur 44 qui étaient issus de de laboratoires français.
En 2014, on aboutit à un total de quinze médaillés Fields issus de laboratoires français, ce qui place définitivement la France en tête des nations formatrices des mathématiciens les plus éminents.
Le Prix Abel.
En 2001, le gouvernement norvégien annonce, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du mathématicien norvégien Niels Henrik Abel (1802-1829), que va être créé un nouveau prix, à l’image des prix Nobel, pour récompenser la carrière de mathématiciens particulièrement brillants ; la Norvège a fourni 200 millions de couronnes norvégiennes (environ 25 millions d’euros) pour créer le fond de dotation.
Le prix est décerné chaque année à l’initiative de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres à un ou plus rarement deux lauréats, comme c’est le cas pour les prix Nobel; son comité de sélection est composé de cinq mathématiciens internationaux. Le prix est remis en mars par le roi de Norvège, doté d’un montant de 6 millions de couronnes norvégiennes (un peu plus de 600 000 euro).
Le premier prix Abel a été décerné en 2003, remis à un Français : Jean Pierre Serre.
Les autres lauréats français seront : Jacques Tits (2008) et Mikhaïl Gromov (2009).
Si la domination américaine apparait écrasante (10 lauréats) la France figure en seconde position au classement !
Dans une indifférence médiatique quasi générale, le prix 2017 vient de distinguer à nouveau un Français : Yves Meyer.
Soit au total quatre lauréats français en quinze ans d’existence de ce prix !
Claude Timmerman
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