John Lewis Gaddis est professeur d’histoire militaire et navale à l’université Yale. Spécialiste de la guerre froide, il est l’auteur de plusieurs ouvrages d’histoire militaire et diplomatique.

Ce livre est une initiation à la stratégie à travers les réflexions de l’auteur passant en revue les grands stratèges de l’Histoire.

Thucydide exhortait ses lecteurs à acquérir « une connaissance du passé comme moyen de comprendre un avenir qui, selon le cours des choses humaines, doit ressembler à celui-ci, sinon le refléter ». Ce livre nous entraîne donc dans des comparaisons entre différentes batailles et choix stratégiques.

Sun Tzu pose des principes, choisis pour leur valeur à travers le temps et l’espace, puis les relie à des pratiques définies par le temps et l’espace. L’Art de la guerre n’est donc ni une histoire ni une biographie. C’est une compilation de préceptes, de procédures et d’affirmations catégoriques, que nous invite à relire l’auteur.

Le concept de friction lie la théorie à l’expérience. Clausewitz devance de plus d’un siècle la loi de Murphy selon laquelle si une chose quelconque peut mal tourner, elle le fera. Voilà pourquoi Napoléon, en dépit d’objectifs limités, franchit le Niémen avec une force aussi énorme. Xerxès avait fait la même chose à l’Hellespont. L’un et l’autre cherchaient à surmonter la friction  en intimidant leurs ennemis. Ni l’un ni l’autre ne vit, toutefois, que la retraite d’un ennemi peut devenir une forme de résistance à cause du prix croissant qu’occasionne sa poursuite. Pour cette raison, l’un et l’autre exténuèrent leurs machines militaires au point que toute nouvelle avance ne faisait qu’enhardir leurs adversaires au lieu de les enhardir eux-mêmes. En quoi Xerxès et Napoléon se fourvoyèrent-ils ? Clausewitz dirait probablement qu’ils se montrèrent incapables de voir « la vérité à chaque point », ce qui, en l’occurrence, voulait dire les reliefs, la logistique, le climat, le moral des troupes et les stratégies de leurs ennemis.

Les victoires doivent se relier entre elles, faute de quoi elles ne mèneront à rien. Toutefois, elles ne peuvent être prédites parce qu’elles naissent d’occasions impossibles à prévoir. Manœuvrer implique donc aussi bien de planifier que d’improviser. La planification ne peut anticiper les surprises qu’en acceptant certaines contradictions, souligne John Lewis Gaddis.

De la grande stratégie, John Lewis Gaddis, éditions Perrin, Collection Tempus, 438 pages, 10 euros,

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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