Ayant été expert médical près la cour d’Appel de Douai dans l’affaire d’Outreau, maintenant qu’elle est close, il m’est possible de révéler quelques détails méconnus. J’ai été cité comme expert lors du troisième épisode qui s’est terminé aujourd’hui par l’acquittement de Daniel Legrand. Mon témoignage s’est fait par vidéo conférence à partir du Tribunal de Boulogne. Rappelons que le premier épisode a abouti à la mise en prison de 14 personnes innocentes. Le deuxième épisode a été la relaxe de celles-ci. Mais il existe un épisode Zéro dont personne n’a entendu parler.
Une dénommé Badaoui va à la police pour dire qu’un de ses enfants du nom de Delay avait été violé par un « homme avec un petit chien ». C’est ainsi que j’ai été requis pour examiner un enfant dont je tairai le nom car il était mineur. Je n’ai rien observé de particulier. Le dossier a été immédiatement refermé car les inspecteurs de police ne pouvaient identifier l’homme en question. Fin de l’épisode zéro.
Episode Un. J’apprends que j’ai été cité à la télévision dans « l’affaire d’Outreau ». Je n’ai pas la télévision ; les faits divers et a fortiori les cas de pédophilie ne m’intéressent nullement. De plus j’avais à l’époque régulièrement des réquisitions de la police pour effectuer ce genre d’examen. Je ne savais pas qu’il pouvait y avoir une relation entre moi-même et l’affaire d’Outreau. Or Maître Berton avait eu vent semble-t-il de l’épisode zéro. Comment ? Je ne sais. Les avocats de la partie civile suggérèrent lors de mon audition d’il y a quinze jour que j’avais refilé ce rapport à l’avocat. En réalité, celui-ci réclamera plusieurs fois ce rapport au juge Burgaud ; lequel refusera de le communiquer arguant qu’il s’agissait d’une affaire différente. Or c’était une pièce déterminante dans la mesure où les cicatrisations d’un viol chez un enfant se font en deux mois. J’ai été le seul expert à pouvoir témoigner dans les temps impartis que l’enfant qui m’avait été présenté n’avait pas été violé. Ceci disculpait une des accusés, Mme Marescaux. Mais ce fait aurait jeté le doute sur les assertions mensongères que Mme Badaoui avait fait raconter par les trois enfants Delay. Tous les inculpés sont condamnés et se retrouvent en prison
Episode deux. Les prisonniers demandent une réévaluation de leur condamnation. Mon fils qui est dans la communication m’envoie une vidéo sur laquelle on voit Maître Berton brandir mon rapport en disant que personne à ce jour ne l’avait vu. Selon lui il aurait pu éviter l’emprisonnement de ses clients. Ceux-ci seront d’ailleurs élargis et indemnisés. L’abbé Dominique Wiels viendra me voir avec un technicien de la télévision belge. Je lui raconte cette histoire : il confirme. Tout cela sera retrouvé sur le rapport parlementaire Vallini que les lecteurs de Médias Presse Info peuvent chercher sur Internet. Pour ce faire, ils se positionneront sur le texte en cliquant dessus et en se servant du moteur de recherche. Il faut taper Dickès (avec un accent grave). Simplement je m’étonne de n’avoir pas été entendu par la Justice concernant ce témoignage.
Episode trois. Une association de défense des mineurs trouve utile de citer en justice Daniel Legrand, un des accusés qui avait été libéré de prison ; elle estimait que celui-ci n’avait pas été disculpé pour les faits antérieurs à sa majorité. C’est là où je suis cité à témoigner par vidéo. Il me fallut donc raconter ce que je savais. J’ai toutefois été très surpris de la hargne du tribunal contre le rapport Vallini rédigé pourtant par des hommes politiques. Sans commentaires…
Justice a été rendue : l’accusé est relaxé. Ceci prouvant a postériori la véracité de mon rapport.
Dr Jean-Pierre Dickès
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