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Dans l’armée, c’est un nom. Chez les Paras, c’est un « profil pour une médaille ». Chateau-Jobert, décédé le 29 décembre 2005

 

Un homme modeste, avec une carrière exceptionnelle.

Dans l’armée, c’est un nom, chez les Paras, c’est un « profil pour une médaille »…

Chateau-Jobert est né à Morlaix – (« S’ils te mordent, mords-les ! »)  le 3 février 1912. Il suit des études à Morlaix, au collège Stanislas à Paris puis à l’Institut polytechnique de l’Ouest. Après son service militaire en 1934-1935, il entre, comme sous-lieutenant de réserve, à l’Ecole d’application d’artillerie de Fontainebleau. Il est affecté au 154e RA à Tournoux, puis détaché à l’Ecole d’observateurs en avion de Dinard.

Blessé le 13 juin 1940 au cours du repli de l’Ecole, il est soigné à Vannes d’où il s’évade pour embarquer, le 21 juin, à Saint-Jean-de-Luz sur un bateau de polonais à destination de l’Angleterre. Il s’engage dans les Forces françaises libres le 1er juillet à Liverpool sous le nom de Conan. Lorsque l’on évoque le nom de Conan, on pense tout de suite au capitaine, héros du roman éponyme de Roger Vercel. Mais ici, il s’agit du nom de guerre d’un grand soldat français, le colonel Pierre Chateau-Jobert. Peu connu du grand public, cet officier parachutiste a un parcours de combattant hors du commun.

Affecté comme lieutenant à la 13e DBLE, il participe à la campagne d’Erythrée. Pierre Chateau-Jobert, alias Conan, prend part ensuite, avec le 1er Régiment d’artillerie FFL, aux campagnes de Syrie et de Libye. Promu capitaine il prend en novembre 1943 le commandement du 3e RCP qui opère en petites unités dans divers endroits de la France encore occupée : Bretagne, dans le centre et région lyonnaise pour des opérations de commandos et de guérilla au bénéfice des maquis (80 embuscades, 46 sabotages et 45 coups de main) ; pour ces opérations, qui contribuent largement au succès des armées alliées d’invasion, le 3e RCP reçoit une citation à l’Ordre de l’Armée.

Chateau-Jobert crée le 1er avril 1945 le Centre Ecole de Parachutisme militaire à Lannion. Chef de bataillon à la fin de la guerre, il crée en mars 1946 le Centre Ecole de Parachutisme militaire  de Pau-Idron.

En Indochine, il dirige de nombreuses opérations aéroportées au Cambodge, en Cochinchine et en Annam de décembre 1947 à juillet 1948, est parachuté en opération au Tonkin et dans le Sud-Vietnam (1950-1952). Il sert ensuite à l’Etat-Major des Forces terrestres, maritimes et aériennes d’Afrique du Nord à Alger (1953-1955) avant de commander avec le grade de colonel, à Constantine, le 2e RCP qui est parachuté à Port-Saïd et Port-Fouad lors de l’expédition franco-britannique à Suez, en 1956. En 1957, Chateau-Jobert commande à Bayonne la Brigade de Parachutistes coloniaux  En mai 1958, il soutient le mouvement en faveur du maintien de l’Algérie française et reste attentif aux événements.

Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale et au Centre des Hautes Etudes Militaires (1959-1960), il est, en mars 1961, affecté au Niger pour le commandement des troupes du Niger Ouest. Le 22 avril 1961, à l’occasion du putsch déclenché à Alger, il affirme son appui au maintien de l’Algérie française. En octobre, il est affecté à l’Etat-Major du Préfet maritime de Cherbourg. En janvier 1962, il part clandestinement en Algérie pour y prendre le commandement de l’OAS de l’Est-Algérien. Il vit depuis l’indépendance de l’Algérie sept années de clandestinité en France et à l’étranger, recherché par toutes les polices, barbouzes et officielles, est condamné à mort par contumace en 1965 par la Cour de Sûreté de l’Etat. Profitant du décret d’amnistie de 1968, il rentre en France.

Sur le plan humain, Chateau-Jobert s’est préoccupé pendant de nombreuses années du problème de « l’action de tous les jours », celle qui doit mobiliser les énergies de tous pour participer à la construction d’une société meilleure. Son expérience sur les différents fronts extérieurs : Indochine, Algérie, Syrie… lui ont permis de forger une doctrine d’action à travers de nombreux ouvrages de doctrine d’action contrerévolutionnaire, parus aux éditions de Chiré et en autoédition.

Pierre Chateau-Jobert est décédé le 29 décembre 2005 à Caumont-l’Eventé dans le Calvados. Il est inhumé à Morlaix.

Le 16 mai 2001, le PC du 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMA) à l’île de La Réunion, héritier direct du 2e régiment de parachutistes coloniaux, est baptisé « PC Lieutenant-Colonel Chateau-Jobert ». Le 22 octobre 2010 un buste a été inauguré dans l’enceinte de l’Ecole des Troupes Aéroportées à Pau, non sans vives polémiques.

Ses citations :  Commandeur de la Légion d’Honneur – Compagnon de la Libération, décret du 28 mai 1945 – Croix de Guerre 39/45 (11 citations) – Croix de Guerre des TOE- Médaille de l’Aéronautique – Médaille des Services Volontaires dans la France libre – Médaille d’Or de l’Education Physique – Distinguished Service Order (GB).

Vous pouvez retrouvez tous ses ouvrages sur LIVRES EN FAMILLE

On lira avec émotion l’hommage du Cercle Algérianiste de Nice 

 Feux et lumière sur ma trace, un livre que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt :  Ici l’homme dépasse le militaire en ce sens que les problèmes particuliers ont été dominés. Il fallait « comprendre les guerres qu’on nous faisait faire ». Et quand aucune réponse n’était pleinement satisfaisante, l’homme n’avait de cesse qu’il n’ait accédé à une vérité. Et nous partons avec lui, en reprenant sa trace, en découvrant ce que, comme lui, nous aurions dû savoir : problèmes moraux, politiques, idéologiques, qui vont jusqu’au nœud du problème révolutionnaire. « Et ainsi d’un passé récent, nous en arrivons aux perspectives d’un futur… Qui ose gagne ! »

Sources : Musée de la Libération – Revue Défense nationale – Editions de Chiré – Livres en Famille – Photos Cercle Algérianiste de Nice

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