Dans le contexte des sanctions contre la Russie, l’Europe se retrouve en mauvaise posture pour passer l’hiver au chaud. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a donc lancé l’idée d’une obligation de réduction de la consommation de gaz de 15 %, décision que Bruxelles entend imposer aux 27 pays de l’UE dans l’hypothèse où Vladimir Poutine décide de fermer le robinet. Si ce rationnement peut convenir à l’Allemagne, en très mauvaise posture en raison des difficultés à réduire l’énorme dépendance au gaz russe, il provoque l’opposition d’autres pays européens.
La raison ? En général, le rationnement de 15 % est le même pour tous les pays, basé sur la consommation moyenne de gaz des cinq dernières années, et doit être effectué entre août et mars 2023. La réduction, initialement volontaire, deviendrait obligatoire si était proclamé l’état d’urgence par la Commission européenne, ou par trois pays. Dans ce cas, l’obligation de solidarité serait déclenchée pour les pays disposant des stocks les plus importants, et l’Italie est parmi ceux-ci, deuxième en Europe après l’Allemagne.
L’Allemagne s’attend à être rapidement à sec si Gazprom ferme Nord Stream 1. C’est pourquoi Berlin a déjà déclaré l’état de pré-alerte. Il en va de même pour dix autres pays de l’UE, auxquels Vladimir Poutine a fermé ou réduit les approvisionnements (parmi eux, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et les pays baltes). Il suffira que deux autres pays déclarent l’état d’urgence avec l’Allemagne, et l’obligation de vendre du gaz aux pays en difficulté sera déclenchée, quelles que soient les politiques que chaque pays a mises en place pour diversifier les sources d’énergie.
Après la Hongrie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce, l’Italie dit non elle-aussi à ce plan de la Commission européenne. Contrairement à l’Allemagne, l’Italie a déjà réduit sa dépendance au gaz russe de 40% à 25%, a réussi à trouver rapidement d’autres fournisseurs en Afrique et en Asie, notamment en Algérie, et grâce au stockage et au GPL il est en mesure d’affronter l’hiver prochain. Il existe en l’Italie une certaine opposition parmi les techniciens du gouvernement, dont la position officielle sera communiquée par Draghi, même s’il a démissionné, au Conseil de l’UE le 26 juillet, et par Roberto Cingolani, à la réunion extraordinaire des ministres européens de l’Energie le même jour.
L’union retrouvée au sein de l’Union européenne depuis le début de « l’opération spéciale » de la Russie en Ukraine, continue à se disloquer. De « tous pour un » on est passé, en quatre mois de guerre et la perspective d’un hiver rude et de la récession générale, à « chacun pour soi ».
Le réel revient au galop…
Francesca de Villasmundo
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