Au lieu de prêcher, à temps et à contre-temps, un retour aux règles d’équilibre de la Doctrine Sociale de l’Église, développées par Léon XIII dans son encyclique Rerum novarum de 1891, le pape François prône un socialisme étatique et mondial en plaidant pour un salaire universel de base pour les exclus de la mondialisation :
« Je sais que vous avez été exclus des avantages de la mondialisation. Vous ne jouissez pas de ces plaisirs superficiels qui anesthésient tant de consciences. »
Cependant, ajoute le Pape, « vous devez toujours en subir les inconvénients. Les maux qui nous affligent tous vous frappent par deux fois ». Il personnifie son propos en citant « les vendeurs ambulants, recycleurs, forains, petits agriculteurs, ouvriers du bâtiment, couturiers, les différents types de soignants : vous qui êtes informel, travaillant seul ou dans l’économie de base, vous n’avez pas de revenu stable pour vous aider à traverser cette période difficile… et les quarantaines deviennent insupportables ». Aussi « il est peut-être temps, continue-t-il, de réfléchir à un salaire universel de base qui reconnaisse et donne de la dignité aux tâches nobles et irremplaçables que vous accomplissez » afin de garantir « qu’aucun travailleur ne soit privé de droits », « une réalité si humaine et si chrétienne ».
Pourtant Léon XIII a donné des solutions chrétiennes au problème du « juste salaire » sans qu’il faille, comme le fait le pape François, aller chercher pour le résoudre du côté des doctrines des socialistes, formatés à la lutte des classes, et des mondialistes, formatés au libre-échange et à l’inter-change global.
Et puisque l’actuel pontife argentin enjoint de réfléchir à « la vie après la pandémie » dans l’espoir qu’elle « met [tra] fin à l’idolâtrie de l’argent et met [tra] la vie humaine et la dignité à une place centrale », la relecture de l’encyclique Rerum Novarum, qui n’a pas pris de rides, s’avère essentielle pour tout penseur politique désireux d’apporter des solutions réalistes, viables et équitables.
Tout en soulignant que les inégalités sociales sont des différences inhérentes à la condition naturelle de l’humanité et une conséquence du péché originel mais « qu’il faut, par des mesures promptes et efficaces, venir en aide aux hommes des classes inférieures, attendu qu’ils sont, pour la plupart, dans une situation d’infortune et de misère imméritée », le pape Léon XIII tachait de « préciser avec justesse les droits et les devoirs qui règlent les relations des riches et des prolétaires, des capitalistes et des travailleurs » car « dans la société, les deux classes sont destinées par la nature à s’unir harmonieusement et à se tenir mutuellement dans un parfait équilibre. Elles ont un impérieux besoin l’une de l’autre : il ne peut y avoir de capital sans travail, ni de travail sans capital ».
Il rappelait surtout que « parmi les devoirs principaux du patron, il faut mettre au premier rang celui de donner à chacun le salaire qui convient. Assurément, pour fixer la juste mesure du salaire, il y a de nombreux points de vue à considérer. Mais, d’une manière générale, que le riche et le patron se souviennent qu’exploiter la pauvreté et la misère, et spéculer sur l’indigence sont choses que réprouvent également les lois divines et humaines. Ce serait un crime à crier vengeance au ciel, que de frustrer quelqu’un du prix de ses labeurs. Voilà que le salaire que vous avez dérobé par fraude à vos ouvriers crie contre vous, et que leur clameur est montée jusqu’aux oreilles du Dieu des armées ». Et remémorait aux riches que « c’est un devoir de verser le superflu dans le sein des pauvres. Ce qui reste, donnez-le en aumône. C’est un devoir non pas de stricte justice, sauf les cas d’extrême nécessité, mais de charité chrétienne, un devoir, par conséquent, dont on ne peut poursuivre l’accomplissement par des voies de justice ».
Pontife de l’Église catholique, Léon XIII, au-dessus des partis politiques, parlait en chrétien, exhortait en catholique, conseillait en charité et à la charité, œuvrait à la moralisation de la vie et des rapports économiques bouleversés par la révolution industrielle du XIXe siècle dont nous sommes les enfants, et la destruction au XVIIIe des « corporations anciennes, qui étaient pour [les ouvriers] une protection », tout en laissant à César le soin de décider de la politique économique et sociale de la nation.
Au contraire, l’actuel pape argentin, en bon clerc conciliaire plus naturaliste que catholique, tout en prétendant « ne pas faire de politique », parle comme un quelconque élu de gauche ou « énarque » onusien, s’immisçant dans les politiques des Etats pour un objectif à visée mondialiste : pour garantir ce salaire universel de base, c’est aux États et organisations internationales, et à un assistanat sur le modèle socialiste, qu’il fait appel.
Francesca de Villasmundo
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