Londres – Samedi 6 mai, dans l’antique abbaye de Westminster, a eu lieu le sacre et le couronnement de Charles III, dans un antique rituel qui se base sur une liturgie du Xe siècle.
L’Eglise d’Angleterre pour le sacre de ses rois et reines a gardé tout un antique rituel, basé sur une liturgie catholique du Xe siècle. Une tradition, un héritage, que les Anglo-saxons conservent jalousement, qui est leur force, alors que l’Eglise de Vatican II a jeté la Tradition catholique aux orties, son passé d’avant le concile avec, restant sans grandeur ni puissance.
L’Eglise d’Angleterre pour le sacre de ses rois et reines a gardé tout un antique rituel, basé sur une liturgie catholique du Xe siècle
Le journaliste Maurizio Blondet a commis un article intéressant sur ce caractère traditionnel du sacre du roi Charles III dont voici quelques passages :
« Les covidiots qui ont regardé captivés le couronnement ont-ils réalisé que tout n’était que liturgie ? Une revendication intégrale sacrée du pouvoir royal dans le cadre d’une messe grandiosement exécutée ? Bien sûr, une messe anglicane ; mais sans aucune modernisation ni abréviation ni simplification ni sécularisation. Une liturgie vetus ordo on ne peut plus intégriste et ancienne : où, en présence d’hommes caparaçonnés d’uniformes militaires séculaires colorés, le roi recevait épée et sceptres et le gant et les éperons pour être chevalier – et ce qu’y-a-t-il de plus vetus ordo que des éperons ? Puis l’anneau et la couronne, avec de grandes invocations à Dieu pour sauver le roi ; symboles d’un passé également revendiqué intégralement, crimes et conquêtes, tout.
Ne me méprenez pas. C’est que quelques heures plus tard m’attendait la messe de ma petite paroisse, un novus ordo rabougri et appauvri, dont toute majesté était exclue par le Concile pour plaire on ne sait quelle plèbe ; qui, le samedi, est encore plus vulgarisée par un type guitariste progressiste-catholique qui chante les chansons qui étaient « nouvelles » dans les années 70 et qui sont maintenant juste vieilles comme des ordures sans dignité – et puis chante quoi ? « Jesus Christ you are my life », l’extrait de la comédie musicale Jesus Christ Superstar qui a connu le succès dans les années 70… et en simili-anglais, ce qui devrait dire quelque chose.
Vetus ordo contre Novus Ordo
Qu’est-ce qui est plus ancien ? Ma petite messe novus ordo jetée là en 20 minutes comme une chose vile, ou la liturgie conduite avec un évident sens consommé du spectacle, et de la pompe antique, pleine d’or, exhibition d’une représentation sacrée de la royauté de droit divin ?
Ah oui, c’était la liturgie. Charles a reçu le sceptre du pouvoir temporel et spirituel ; évidemment hérésie ; mais pouvons-nous juger en tant que catholiques maintenant ? […]
Permettez-moi au moins un peu de nostalgie de la liturgie sacrée qui fut papale, et que le Vatican II a jetée aux orties – par simple mépris du passé, pour « recommencer à zéro » sans mémoire.
A un certain moment de la liturgie à Westminster, des noirs très noirs sont apparus, vêtus de vêtements très blancs, clairement américains, qui ont chanté : un gospel. Ils ont chanté notez-le, Jesus, et Alleluia.
Il m’est venu à l’esprit que si c’était Bergoglio, il leur aurait fait chanter Pachamama. L’Angleterre a eu les guerres de l’opium et a également appris aux noirs à chanter Jésus. Même ces noirs font partie du passé que nous avons vu liturgiquement, rituellement, sans réserve revendiqué. Intégralement.
Le couronnement vetus ordo, un héritage qui est une force
Je veux dire : c’est une grande force de l’Ennemi (l’Angleterre), que nous avons jetée par petitesse morale, croyant en la « modernité » comme une « rupture » et un « progrès », et en réalité c’est pourquoi nous perdons, et les Anglais ont le pouvoir. Il faut comprendre que l’anglais qui y est montré n’est pas conservatisme au sens que l’indique le suffixe « -isme », c’est-à-dire idéologie ; c’est la conservation en tant que fait sociologique, vitalement cultivé. C’est un puissant facteur anti-révolutionnaire, c’est leur force qu’il nous faudrait envier. Il est intéressant de voir que ce que nous appelons « tradition », ils l’appellent « héritage » – que nous traduisons avec le mot démodé (pas par hasard) « vestige » ; traduisons-le pour ce qu’il dit, c’est « l’héritage » – our heritage, notre héritage, disent-ils : l’héritage que nos ancêtres nous ont laissé et qui est le trésor de souvenirs, d’erreurs, d’expériences et de conquêtes et même de méchanceté, tout racheté et revendiqué dans la liturgie, solennelle et consciemment spectaculaire du couronnement vetus ordo.
Ils ne se seraient jamais laissé dire qu’un certain moment de leur histoire était le Mal absolu. Bon ou Mauvais, Mon Pays.
C’est en quelque sorte un caractère qu’ils partagent avec les anciens Romains, eux aussi ultra-conservateurs des liturgies du pouvoir et des offices sacrés, donc invariables, comme le Pontife. Le droit anglo-saxon, à l’instar du droit romain, repose entièrement sur des « précédents » – il a été décrit ainsi par Lèvi-Ullmann : « Pas de barrière entre le présent et le passé. Sans discontinuité, le droit positif remonte dans l’histoire à des temps immémoriaux. Le droit anglais est un droit historique. Juridiquement parlant, il n’y a pas « d’ancienne loi britannique ». En Angleterre, tout le droit est actuel, quelle que soit son ancienneté. »
Francesca de Villasmundo
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