Du 3 au 13 mai dernier un notaire qui exerçait à Lubersac en Corrèze a été jugé aux assises à Tulle pour avoir, de 2013 à 2017 détourné plusieurs successions et falsifié diverses pièces officielles. Dix ans ferme étaient requis.
« Christophe Taurisson, un ancien notaire de Lubersac a été condamné à douze ans de prison ferme après avoir falsifié des testaments et détourné plusieurs héritages. Il est également interdit d’exercer une fonction publique et des biens lui ont été confisqués.
Ses complices, l’artisan-taxi Franck Point et la nonagénaire Camille Bayle, ont eux été condamnés respectivement à sept ans de prison ferme et deux ans de prison avec sursis. Les deux hommes ont été placés sous mandat de dépôt : ils passeront la nuit en prison« , résume France 3 Corrèze.
Si le notaire a exprimé sa honte et des regrets, ses complices présumés clament leur innocence. Le notaire et l’artisan taxi ont déjà été placés en détention provisoire en 2017. Camille Bayle, d’après la cour, aurait bénéficié indûment d’un héritage.
En 2017, le Parisien, qui avait consacré un article à l’affaire qui venait d’éclater, mettait en avant le fait que l’artisan taxi et le notaire étaient deux notables qui affichaient leur réussite.
« Dans les rôles principaux : le notaire de Lubersac, Me Christophe Taurisson, et Franck Point-Lespinasse, artisan taxi-ambulancier à la tête de 40 salariés. Les deux hommes ont presque le même âge. 48 ans pour le notaire, 47 ans pour le chef d’entreprise, et ils affichent sans vergogne leur insolente réussite. Pour l’un, de nombreuses propriétés et des voitures, comme cette Jaguar dernier modèle. Pour l’autre, de beaux et lointains voyages. Les deux hommes sont amis […] Les deux hommes choisissaient des personnes sans héritiers directs. Et au moment de la succession, c’est Franck Point-Lespinasse qui devenait le bénéficiaire des dernières volontés grâce aux bons offices de son ami notaire. Avec une faveur supplémentaire : le notaire minorait la valeur des biens et augmentait les passifs des successions pour faire baisser les droits fiscaux. Mais les biens étaient revendus ensuite au prix fort« .
Le pot aux roses a été levé lors de la succession d’un couple d’éleveurs qui avaient manifesté à plusieurs reprises, de leur vivant, la volonté de laisser leur maison à la commune. « Les doutes du maire ajoutés à ceux de la cousine germaine des époux Faye ont conduit les gendarmes à s’intéresser au notaire« .
Le Parisien précise même que le notaire, qui fréquentait notables, politiques et bons restaurants, envisageait de monter une liste pour les municipales et avait des ambitions.
Lors des audiences aux assises, l’état des finances des prévenus a été évoqué – le notaire vivait au-dessus de ses moyens à l’époque des investigations, avec des comptes à découvert. Ce goût du lucre a peut être motivé la lourdeur de la condamnation, au-delà des réquisitions.
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