Dans son édition de ce lundi, le journal russe Rossiïskaïa gazeta publie des témoignages de chauffeurs ayant pris part au fameux convoi de 280 camions d’aide humanitaire à destination de la ville rebelle de Lougansk.
Andreï Koneev, volontaire de la région d’Orenbourg décrit en ces termes l’accueil reçu : « Les habitants nous ont accueillis les larmes aux yeux. Nous sommes arrivés à temps – la famine dans la ville a atteint une telle ampleur que les gens ramassaient les graines de sarrasin tombées de certains sacs percés. […] On a attendu dix jours la Croix-Rouge, qui n’a pas rempli sa mission au final. Nous ne les avons pas attendus et sommes partis. C’était impossible d’attendre davantage. J’ignore ce qu’on écrit à propos de nous sur internet, mais je suis persuadé d’avoir tout fait correctement. »
Des femmes pleuraient et montraient des photos de leurs enfants aux chauffeurs russes, les suppliant de ne pas les abandonner. « C’est terrible à regarder. La nuit, j’aidais à décharger le camion quand une fillette d’environ neuf ans s’est approchée de moi. Je lui ai donné de la confiture de la ration et elle s’est jetée dessus comme si elle n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. Je lui ai donnée toute la ration, elle s’est éloignée de moi, a mangé encore quelque chose et est repartie avec le reste. Peut-être pour sa famille, si elle est encore en vie, ou peut-être pour plus tard… Je n’ai même pas eu le temps de demander d’où elle venait à une heure aussi tardive… […] J’avais vu des choses de ce genre à la télévision et c’est très étrange de l’observer en réalité. Comme si un enfant fâché avait joué et jeté ses affaires partout dans la maison. Mais ce n’est pas un jeu. C’est la réalité. C’est épouvantable. » témoigne un chauffeur originaire de Volgograd.
Ce qui se dégage principalement des témoignages recueillis par Rossiïskaïa gazeta, c’est la certitude qu’ont acquis les membres de l’expédition du bien-fondé de l’aide humanitaire apportée à leurs frères de Nouvelle-Russie. Quasiment tous les volontaires russes ont émis leur intention de recommencer dès que possible et bénévolement.
Baudouin Lefranc
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