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Convoi de la Liberté à Bruxelles : chronique du torpillage d’un énorme élan populaire

Depuis près de quinze jours, le principe de Convois de la Liberté européens se retrouvant le 14 février à Bruxelles avait suscité un enthousiasme général parmi ceux qui dénoncent la dictature sanitaire. Le modèle canadien allait s’exporter !

Sur les réseaux sociaux, différentes organisations ont donc surgi : Convoy France, Belgium Convoy, Convoy Nederland, European Freedom Convoy,… Sur le réseau social Telegram, chacun de ces canaux regroupa en quelques heures des milliers de personnes.

Tout semblait promettre cet événement à un succès sans précédent. Les organisateurs annonçaient des convois venant de toute l’Europe, en particulier des Pays-Bas, mais aussi d’Allemagne, d’Espagne du Portugal, d’Italie, et de quasiment tous les pays d’Europe centrale. En France, des convois s’organisaient par régions. Aux volontaires prêts à coordonner un convoi régional ou local, les organisateurs multipliaient les promesses rassurantes. Ils affirmaient que tout était arrangé avec les autorités bruxelloises, que des podiums seraient installés à différents endroits de Bruxelles pour les prises de parole, que Belgium Convoy organiserait l’accueil sur place, tant pour l’hébergement que pour les repas. Et sur les réseaux sociaux, des « influenceurs » diffusaient des petites vidéos censées nous montrer des convois se préparant dans des pays aussi variés que la Grèce ou la Hongrie.

Les premiers Français se mettaient en route le jeudi 10 février, et il était réconfortant d’observer l’extraordinaire enthousiasme populaire qui les accompagnait. Chaque convoi était acclamé. De braves gens, ne pouvant se joindre aux convois pour mille et une raisons, tenaient néanmoins à poser un geste de solidarité en apportant des victuailles de toutes sortes. Lors des haltes du soir, des feux d’artifice étaient même tirés.

Chacun s’attendait à ce que la première épreuve soit l’entrée dans Paris. Dès le vendredi, les images des premières verbalisations confirmaient cette appréhension. Parmi les chefs de convois, d’autres questions commençaient à se poser. Plus aucune nouvelle de la coordination européenne European Freedom Convoy. Et dans la foulée plus aucune nouvelle des autres convois européens même si tout le monde continuait à y croire. Plus aucune nouvelle non plus de Belgium Convoy censé gérer l’accueil à Bruxelles. Et contrairement aux annonces initiales des organisateurs, les autorités bruxelloises affirmaient qu’aucun organisateur n’avait pris contact. En conséquence, aucune autorisation n’était accordée et aucun podium ne pourrait bien sûr être installé.

A Paris, la journée de samedi se passa aussi mal qu’on pouvait s’y attendre : verbalisations par centaines dès le matin, arrestations, coups de matraque et nuages de gaz lacrymogènes à de nombreux endroits,… Les forces dites « de l’ordre » s’érigeaient une fois de plus en milice au service de l’oligarchie, arrachant les drapeaux français et se comportant à l’égard de leurs concitoyens comme ils n’oseraient jamais le faire dans un quartier des banlieues multiculturelles.

Le samedi soir, quelques responsables de convois régionaux apprenaient avec stupéfaction qu’il ne subsistait à la tête de Convoy France que deux femmes, Marisa et Maria, et que celles-ci voulaient proposer de tout arrêter et d’apporter les quantités de vivres recueillies aux… migrants à Calais. Tollé immédiat des quelques responsables régionaux mis au courant de cette intention. La route se poursuivrait donc vers Bruxelles le dimanche. Contact est pris le dimanche matin avec d’autres organisations présentes en Belgique (Ensemble pour la Liberté et Civitas) afin de pallier à la disparition des gens de Belgium Convoy et d’établir des idées d’itinéraires ainsi que de s’occuper en catastrophe de la logistique d’accueil. Les Belges d’Ensemble pour la Liberté et de Civitas font toute la journée de dimanche du travail de repérage, rassemblent des vivres, établissent des listes de volontaires prêts à héberger des Français des Convois.

Dimanche soir, tentative de prise de contact entre ces Belges et Convoy France pour préparer le lendemain. Mais tout vient déjà de basculer dans la trahison complète de ce magnifique élan populaire. Quelques instants plus tôt, plus de 1.500 véhicules des différents convois français se sont garés à Lille. Marisa, présentée comme porte-parole de Convoy France et d’European Freedom Convoy, annonce au micro que les organisateurs ne mèneront plus le convoi vers Bruxelles mais vers Strasbourg. L’incompréhension est totale parmi la foule. La grande majorité décide alors de partir immédiatement vers Bruxelles, espérant pouvoir de la sorte arriver avant que l’étau policier ne se resserre. Les malheureux n’ont plus ni chefs ni coordination ni lieu de rendez-vous. Ils arrivent à Bruxelles dans le désordre le plus total.

Lundi matin, le désarroi est complet. Les quelques centaines de Français arrivés sans encombre à Bruxelles sont dispersés et sans consigne. Certains se sont volontairement garés sur le parking C du Heysel suivant la recommandation fournie par la police française à ceux qui quittaient Lille en direction de Bruxelles. D’autres sont repérés par la police belge et « escortés » au même endroit. D’autres encore sont déjà dans différents quartiers de Bruxelles mais ne savent pas quoi faire.

Plusieurs chauffeurs des véhicules du Convoy France tentent de reprendre contact par l’intermédiaire de l’application Zello que leur avaient conseillé les organisateurs lors des départs initiaux. Ils ne s’aperçoivent pas d’emblée qu’un certain Vincent Flibustier (de son vrai nom Vincent Herregat), s’est inscrit sur la même application et diffuse en direct sur son média parodique Nordpresse tous les messages échangés entre les gens des convois et donc tous les rendez-vous qu’ils tentent de mettre en place en s’imaginant parler seulement entre eux !

Toute la journée du lundi, c’est le jeu du chat et des souris… En fin de matinée, certains traînent aux abords des institutions européennes complètement entourées de barrages de police avec barbelés. A 14h, Civitas prend la parole devant le siège des télévisions belges RTBF et VRT. Au même moment, Sarkis Simonjan, organisateur de trois précédentes manifestations bruxelloises contre les restrictions sanitaires, a fixé rendez-vous place Sainte Catherine pour fêter… la Saint Valentin. Certains y vont bien sûr pour d’autres raisons et finissent encerclés et contrôlés individuellement par la police qui relève leurs identités. D’autres encore manifestent aux abords du Parc du Cinquantenaire. Et d’autres se retrouvent aux pieds de l’Atomium. Bref, partout ce sont des petits groupes rendus incapables d’avoir le moindre impact.

Le soir de ce lundi, des gens d’Ensemble pour la Liberté et de Civitas, dont leur président Alain Escada, se rendent sur le parking C du Heysel pour distribuer de la nourriture et des boissons aux Français éreintés qui se regroupent là. Deux autres bénévoles distribuent déjà de la soupe et du café. Cela forme un pôle où les manifestants trouvent un peu de réconfort. Le spectacle fait peine à voir. Certains sont là en famille, avec des enfants, tous sont épuisés, transis de froid, dépités. Au compte-goutte certains reviennent d’une garde à vue ou d’un gazage au spray lacrymogène en plein visage. Un camion arrive de Lituanie ! A l’intérieur, une famille qui croyait participer à un événement européen décisif et qui s’aperçoit de la maigreur des effectifs présents et du climat de désolation qui règne.

D’autres ont préféré passer la soirée au Bois de la Cambre où est installé un autre coin de ravitaillement et où on retrouve le chanteur Francis Lalanne et le journaliste Richard Boutry qui tempête contre les organisateurs responsables de ce chaos.

La soirée de ce lundi se termine dans le froid et sous la pluie, sans le moindre convoi venu d’ailleurs que de France. Seuls quelques isolés sont là pour représenter un autre pays.

Mardi matin, les effectifs se sont encore réduits. Beaucoup ont préféré rentrer chez eux vu le fiasco. Belgium Convoy est réapparu sur les réseaux sociaux, sans honte, pour encourager à mener une opération escargot autour de la butte de Waterloo. Waterloo, tout un symbole… L’effet est nul, bien entendu.

A Strasbourg, ce même mardi, les organisateurs de Convoy France qui ont abandonné en rase campagne ceux qui leur ont fait confiance se retrouvent à l’entrée du Parlement Européen pour être reçus par une minuscule poignée de députés européens d’opposition sans aucun pouvoir.

Au final, quel gâchis !

Il faudra poursuivre cette enquête et comprendre si ces organisateurs étaient incompétents, s’ils ont cédé à des menaces ou s’ils étaient dès le départ placés là avec pour mission de développer une dynamique pour ensuite la briser et casser le moral de ceux qui ont cru.

En tout cas, saluons, félicitons et remercions tous ces braves gens venus de toute la France, souvent issus de milieux modestes, qui ont accepté tant de sacrifices. Eux méritent tout notre respect et doivent garder espoir malgré la trahison de ceux qui devaient en principe les mener à la bataille.

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