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« Contre la pensée unique » par Claude Hagège

 

« Contre la pensée unique »  est le dernier ouvrage de Claude Hagège, linguiste, professeur au Collège de France, qui a publié de nombreux livres sur les langues et qui veut dans celui-ci souligner l’importance de penser, écrire et publier dans sa propre langue. 

En excellent professeur qu’il est, Claude Hagège commence par distinguer trois catégories générales dans les langues.

Tout d’abord la « langue de culture » qui a pour propriété de s’être diffusée au delà de son territoire d’origine à travers les siècles et par l’intermédiaire de « monuments littéraires ». Comme exemple on pourrait citer le Grec.

Vient ensuite la « langue vernaculaire » qui est celle d’une communauté ou d’un groupe. Comme exemple on pourrait citer l’allemand qui est la langue vernaculaire de l’Allemagne, de l’Autriche et d’une partie de la Suisse.

Enfin arrive la « langue véhiculaire », langue de communication et qui sert de lien à des groupes ne partageant pas la même langue vernaculaire. A titre d’exemple, on peut citer l’anglais aujourd’hui et le latin hier.

Les propos de l’auteur dans cet ouvrage édité chez Odile Jacob visent à la fois à dénoncer « la pensée unique portée par la tentative d’hégémonie de l’anglais » et à « plaider pour la diversité des langues ».

Tout en illustrant d’un certain nombre d’anecdotes savoureuses, l’auteur  établit la différence entre « emprunt » et « substitution »  dans les langues. Dans le premier cas, même si l’on utilise des mots anglais dans une phrase française, elle reste française de par sa structure. En revanche en cas de substitution c’est non seulement le vocabulaire mais aussi la syntaxe de l’anglais qui sont utilisés simultanément. Ce qui est assez rare en France aujourd’hui car la plupart des gens ne maîtrisent pas assez bien l’anglais.

Après avoir dressé le constat que l’anglais est « loin d’être une langue facile », contrairement à sa réputation, l’auteur justifie son propos sur les difficultés de compréhension qui peuvent être rencontrées, avec une anecdote tirée du domaine aéronautique.

Ainsi à l’origine de catastrophes aériennes, on retrouve parfois une mauvaise interprétation par l’équipage des informations reçues en anglais.

Par exemple: « Turn left, right now » peut signifier aussi bien « Tournez à gauche tout de suite » que « Tournez à gauche et maintenant à droite« .

Après ça, la conclusion ne se fait pas attendre que « l’anglais n’est pas la langue de communication idéale » et qu’elle ne doit son hégémonie qu’à la puissance du monde anglo-saxon.

Enfin dans un domaine plus scientifique, Claude Hagège  insiste sur le fait qu‘être obligé de publier les articles scientifiques en anglais pour qu’ils soient repris dans les grandes revues scientifiques anglo-saxonnes, n’est pas neutre et qu’au contraire cela pourrait avoir tendance à logiquement orienter les recherches uniquement sur des thématiques intéressant le monde anglo-saxon.

La réputation extraordinaire de l’école française de mathématiques serait dû selon lui au fait que ses chercheurs continuent envers et contre tout à publier en français.

Plaidoyer pour la défense de l’usage du français et sa remise à l’honneur dans tous les domaines, cet ouvrage est incontournable pour toute personne sensible à ce sujet.

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