Des malades qui décèdent sur des brancards au service des urgences, dans un couloir, des services de gériatrie saturés, un « flux massif en période hivernale » d’une « population vieillissante polypathologique, qui a de plus en plus de maladies comme le diabète ou l’hypertension, et qui est donc encore plus fragilisée », des « établissements hospitaliers alsaciens » dépassés, des Urgences sous haute tension, l’impossibilité d’hospitaliser certains patients faute de lits disponibles dans les services de médecine, de chirurgie, etc., une surmortalité des patients de 9% à 40% pour les patients les plus graves, une « augmentation des hospitalisations pour pathologies respiratoires » concernant une « population âgée », telle est la litanie des défaillances du système hospitalier que l’on peut lire un peu partout dans la presse. Aujourd’hui en pleine crise du coronavirus ? Non… en mars 2018, au cours d’un hiver « normal ».
La casse du service public n’ayant fait qu’empirer depuis, face au confinement qui s’éternise en France alors que le dé-confinement dans les pays voisins, comme l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, se profile ou que le non-confinement de la Suède se maintient, les Français sont en droit de se demander si leur emprisonnement drastique dans leur maison se prolonge à cause du coronavirus ou de la crise d’un système hospitalier confronté depuis des décennies à des plans d’économie drastique et à une gestion managériale aux objectifs de rentabilité. En vingt ans plus de 100 000 lits dont une bonne partie en service de réanimation et de soins intensifs ont été supprimés, et « un cercle vicieux de surcharge qui épuise les professionnels et désorganise les services » (expertise SECAFI APHP mars 2016) renforcé.
En 2016, le Syndicat National des Infirmiers soulignait, déjà, que « dans le cadre du plan de redressement des finances publiques, le gouvernement a demandé aux hôpitaux de réaliser 3 milliards d’euros d’économies en trois ans, en fermant 10 % des lits en chirurgie et médecine actuellement indisponibles, soit 16.000 lits à fermer » et que « chaque année l’AP-HP doit économiser 140 millions de plus ». Et révélait que les régions les plus atteintes par ces fermetures de lits ont été l’Alsace avec 14% de lits en moins (soit 728), la Lorraine avec 13% (896 lits) et autant pour la Franche-Comté (420 lits). Numériquement, l’Ile-de-France a été la région qui en a perdu le plus avec 3.108 lits en moins, soit une baisse de 12%. Sans surprises donc, les régions les plus touchées aujourd’hui par la soi-disant crise du coronavirus…
Alors le confinement : à cause du coronavirus ? Vraiment ?
Francesca de Villasmundo
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