Convoqués à Rome courant septembre et mis à mort à plus ou moins courte échéance suite au Motu Proprio Traditionis Custodes, les instituts Ecclesia Dei cherchent une porte de sortie. Celle que Rome leur a claqué sur les doigts ne leur laisse pas beaucoup de solutions : implorer la mansuétude des évêques au risque de se coucher sans courage ni honneur.
Car malgré toute les grandes proclamations d’amour du pape et d’attachement au concile Vatican II, il faut redonner certains éléments :
- les prêtres fondateurs des instituts Ecclesia Dei ont tous suivi Mgr Lefebvre jusqu’en 1988, date à laquelle ils s’en sont séparés, effrayés par l’excommunication consécutive aux sacres. Ils avaient cependant bien accepté la suspens et avaient appuyé Mgr Lefebvre dans sa déclaration de 1974 : « Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. »
- puis il y eut les sacres, en 1988. Devant la sentence de l’excommunnication, fut alors promulgé le honteux Ecclesia Dei Adflicta qui condamnait la Tradition de l’Eglise. C’est ce texte qui devait servir à la constitution des instituts dont il est question : « A la racine de cet acte schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la Tradition. Incomplète parce qu’elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition[…] »
- puis il y eut Summorum Pontificum qui élargit, de par l’attachement de Benoit XVI à des formes liturgiques traditionnelles, la liberté de célébrer selon les rites antérieurs à la réforme liturgique de Paul VI.
Mais il ne faut pas se leurrer : il y a en filigrane toute la problématique du concile Vatican II. Et une double attitude de ces instituts et congrégations qui ont depuis 1988 joué au chat et à la souris. Car si l’on peut comprendre cette volonté d’avoir voulu faire le plus de bien possible en conservant vaille que vaille la liturgie traditionnelle, il est une évidence pour tous que le positionnement vis à vis du concile Vatican II et de ses conséquences était un vrai sujet de malaise.
Alors certes Traditionis Custodes est un texte haineux et vicieux. Mais il offre l’occasion à tous les catholiques, prêtres et fidèles, de redire leur opposition à l’autodestruction de l’Eglise. Car il n’est pas possible :
- d’honorer comme saint, Jean-Paul II qui baisa le Coran et osa dire « Que Saint Jean-Baptiste bénisse l’Islam » !!!
- d’honorer comme saint, Jean-Paul II qui organisa le scandale d’Assise où le Christ fut chassé des églises, et des idoles mises à Sa place ;
- d’accepter un concile qui reconnait que l’on peut se sauver dans toutes les religions
- d’accepter ou de relativiser d’une façon générale ce qui détruit l’Eglise, nos sociétés et nos familles depuis 60 ans.
Nous devons RESISTER !
Les fruits du concile sont là. Amers, terribles, destructeurs. Alors, messieurs les Supérieurs des Instituts Ecclesia Dei, cessez de vous moquer du monde, cessez de jouer au chat et à la souris, cessez de tourner autour du pot. Et dites avec tout ceux qui veulent que l’effondrement de l’Occident s’arrête que ce concile est une chimère, qu’il cause notre ruine et détruit le substrat religieux qui fonde notre civilisation.
C’est une évidence pour tous, même pour un Onfray ou un Zemmour ! Il est donc temps d’abandonner cette attitude cléricale et de dire haut et fort que la seule destination de ce concile est la poubelle et l’anathème !
Ecoutez de nouveau la voix prophétique de Mgr Lefebvre qui dès 1974 avait posé les bases de la vraie résistance :
On ne peut modifier profondément la « lex orandi » sans modifier la « lex credendi ». A messe nouvelle correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Église charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées à l’orthodoxie et au magistère de toujours.
Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit.
La seule attitude de fidélité à l’Église et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d’acceptation de la Réforme.
Pour l’amour de l’Eglise.
Xavier Celtillos
Communiqué des instituts Ecclesia Dei
« La miséricorde de Dieu sur toute chair » (Si 18, 13)
Les Instituts signataires veulent avant tout redire leur amour de l’Eglise et leur fidélité au Saint-Père. Cet amour filial se teinte aujourd’hui d’une grande souffrance. Nous nous sentons soupçonnés, mis en marge, bannis. Cependant, nous ne nous reconnaissons pas dans la description donnée par la Lettre d’accompagnement du motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2021.
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché… » (I Jn 1, 8)Nous ne nous considérons aucunement comme la « vraie Église ». Au contraire, nous voyons en l’Eglise catholique notre Mère en qui nous trouvons le salut et la foi. Nous sommes loyalement soumis à la juridiction du Souverain Pontife et à celle des évêques diocésains, comme l’ont montré les bonnes relations dans les diocèses (et les fonctions de Conseiller presbytéral, Archiviste, Chancelier ou Official qui ont été confiées à nos membres) et le résultat des visites canoniques ou apostoliques des dernières années. Nous réaffirmons notre adhésion au magistère (y compris à celui de Vatican II et à ce qui suit) selon la doctrine catholique de l’assentiment qui lui est dû (cf. notamment Lumen Gentium, n° 25, et Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 891 et 892) comme le prouvent les nombreuses études et thèses de doctorat faites par plusieurs d’entre nous depuis 33 ans.
Des fautes ont-elles été commises ?
Nous sommes prêts, comme l’est tout chrétien, à demander pardon si quelques excès de langage ou de la défiance vis-à-vis de l’autorité ont pu s’introduire chez tel ou tel de nos membres. Nous sommes prêts à nous convertir si l’esprit de parti ou l’orgueil a pollué nos cœurs.
« Accomplis tes vœux au Très-Haut » (Ps 49, 14)
Nous supplions que s’ouvre un dialogue humain, personnel, plein de confiance, loin des idéologies ou de la froideur des décrets administratifs. Nous voudrions pouvoir rencontrer une personne qui sera pour nous le visage de la Maternité de l’Eglise. Nous voudrions pouvoir lui raconter la souffrance, les drames, la tristesse de tant de fidèles laïcs du monde entier, mais aussi de prêtres, religieux, religieuses qui ont donné leur vie sur la parole des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI.
On leur avait promis que « toutes les mesures seraient prises pour garantir l’identité de leurs Instituts dans la pleine communion de l’Église catholique [1] ». Les premiers Instituts ont accepté avec gratitude la reconnaissance canonique offerte par le Saint-Siège dans le plein attachement aux pédagogies traditionnelles de la foi, notamment dans le domaine liturgique (sur la base du Protocole d’accord du 5 mai 1988 entre le cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre). Cet engagement solennel a été exprimé dans le Motu Proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988 ; puis de façon diversifiée pour chaque Institut, dans leurs décrets d’érection et dans leurs constitutions approuvées définitivement. Les religieux, religieuses et prêtres engagés dans nos Instituts ont prononcé des vœux ou émis des engagements selon cette spécification.
C’est de cette manière que, confiants dans la parole du Souverain Pontife, ils ont donné leur vie au Christ pour servir l’Eglise. Ces prêtres, religieux et religieuses ont servi l’Église avec dévouement et abnégation. Peut-on aujourd’hui les priver de ce sur quoi ils se sont engagés ? Peut-on les priver de ce que l’Eglise leur avait promis par la bouche des Papes ?
« Sois patient envers moi ! » (Mt 18, 29)
Le pape François « invite les pasteurs à écouter avec affection et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à mieux vivre et à reconnaître leur place dans l’Église » (Amoris Laetitia, n° 312).
Nous sommes désireux de confier les drames que nous vivons à un cœur de père. Nous avons besoin d’écoute et de bienveillance et non de condamnation sans dialogue préalable. Le jugement sévère crée un sentiment d’injustice et produit les rancœurs. La patience adoucit les cœurs. Nous avons besoin de temps.On entend parler aujourd’hui de visites apostoliques disciplinaires pour nos Instituts. Nous demandons des rencontres fraternelles où nous puissions expliquer qui nous sommes et les raisons de notre attachement à certaines formes liturgiques. Nous désirons avant tout un dialogue vraiment humain et miséricordieux : « Sois patient envers moi ! »
« Circumdata varietate » (Ps 44, 10)
Le 13 août dernier, le Saint-Père affirmait qu’en matière liturgique, « l’unité n’est pas l’uniformité mais l’harmonie multiforme que crée l’Esprit-Saint [2] ». Nous sommes désireux d’apporter notre modeste contribution à cette unité harmonieuse et diverse, conscients que comme l’enseigne Sacrosanctum Concilium « la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise et en même temps la source d’où découle toute sa vertu » (SC, n° 10).
Avec confiance, nous nous tournons tout d’abord vers les évêques de France afin qu’un vrai dialogue soit ouvert et que soit désigné un médiateur qui soit pour nous le visage humain de ce dialogue. « Il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations… Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite » (Amoris Laetitia, n° 296-297).Fait à Courtalain (France), le 31 août 2021
M. l’abbé Andrzej Komorowski, Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre
Mgr Gilles Wach, Prieur Général de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
M. l’abbé Luis Gabriel Barrero Zabaleta, Supérieur Général de l’Institut du Bon Pasteur
Père Louis-Marie de Blignières, Supérieur Général de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier
M. l’abbé Gerald Goesche, Prévot Général de l’Institut Saint-Philippe-Néri
Père Antonius Maria Mamsery, Supérieur Général des Missionnaires de la Sainte-Croix
Dom Louis-Marie de Geyer d’Orth, abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux
Père Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, abbé des Chanoines de Lagrasse
Dom Marc Guillot, abbé de l’abbaye Sainte-Marie de la Garde
Mère Placide Devillers, abbesse de l’abbaye Notre-Dame de l’Annonciation du Barroux
Mère Faustine Bouchard, Prieure des Chanoinesses d’Azille
Mère Madeleine-Marie, Supérieure des Adoratrices du Cœur Royal de Jésus Souverain Prêtre
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[1] Note d’information du 16 juin 1988, in Documentation Catholique, n° 1966, p. 739.
[2] Videomensaje del Santo Padre Francisco a los participantes en el congreso virtual continental de la vida religiosa, convocado por la CLAR, 13-15 août 2021.
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