Dans le sillage des ouvertures sacramentelles envers les divorcés remariés civilement permises par le pape François grâce à son exhortation Amoris laetitia, en février dernier, la Conférence épiscopale allemande (DBK), sous l’impulsion de son président le cardinal Marx, avait statué que dorénavant les époux protestants de catholiques peuvent, après avoir fait « un sérieux examen de conscience », recevoir l’Eucharistie.
Cette disposition, qui peut paraître au prime abord innovante, ne l’est pas tant que ça : avec logique, les évêques allemands se sont appuyés sur le canon 844 § 4 du nouveau Code de Droit canonique de 1983 qui autorise l’administration des sacrements catholiques aux autres chrétiens qui n’ont pas la pleine communion avec l’Église catholique s’il y a danger de mort ou selon le jugement de l’évêque diocésain ou de la Conférence épiscopale. Le cardinal Marx a ainsi rappelé que la récente décision de la Conférence épiscopale allemande n’était donc que le développement cohérent de ce qui était déjà contenu dans la législation de l’Église issue de Vatican II. On voit bien par là que le nouveau Code de Droit canon n’est pas pour le salut des âmes, comme l’a prétendu dernièrement un évêque, mais pour l’unité œcuménique…
Quoi qu’il en soit cette prescription a fait réagir 7 évêques allemands : le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, Mgr Konrad Zdarsa, évêque d’Augsbourg, Mgr Stefan Oster, évêque de Passau, Mgr Gregor Maria Hanke, évêque d’Eichstätt, Mgr Ludwig Schick, archevêque de Bamberg, Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne, et Mgr Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz.
Peu favorables envers cette ouverture aux protestants, ils ont écrit, le 22 mars dernier, à la Conférence épiscopale allemande. Dans leur missive de 3 pages, ils demandent au Vatican une clarification. Notamment, ils s’interrogent s’il est possible qu’une telle décision puisse être prise par une simple conférence épiscopale ou s’il n’est pas nécessaire que ce soit « une décision de l’Église universelle », et donc du pape, valide partout. Selon eux, la Conférence épiscopale allemande a outrepassé ses compétences en autorisant l’intercommunion pour les couples mixtes, qui est donc contraire à la loi canonique.
Une note publiée par l’archevêque de Cologne après l’envoi de la lettre souligne que dans l’optique des signataires la matière en question est si centrale pour la foi et pour l’unité de l’Église qu’il faudrait éviter les voies nationales, séparées, pour rejoindre plutôt une solution globale, unifiée et utile, « à travers le dialogue œcuménique ».
Les 7 évêques ont écrit leur courrier, rendu public hier 4 avril par le journal allemand Kölner Stadt-Anzeiger, sans en avertir le cardinal Marx, archevêque de Munich et président de la DBK, qui leur a répliqué le même jour avec une lettre publiée sur le site internet de la Conférence épiscopale d’outre-Rhin. Le président des évêques germains a insisté sur la possibilité de décider en la matière qu’a la DBK, selon le canon 844 § 4 du Code de Droit canonique de 1983. Il a également rappelé que les évêques ont pris leur décision en se référant au pape Jean-Paul II qui dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia (2003) parlait de « graves nécessités » et « d’un sérieux besoin spirituel » :
« S’il n’est en aucun cas légitime de concélébrer lorsqu’il n’y a pas pleine communion, il n’en va pas de même en ce qui concerne l’administration de l’Eucharistie, dans des circonstances spéciales, à des personnes appartenant à des Églises ou à des Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique. Dans ce cas en effet, l’objectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de ces personnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont pas pleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale. »
Mgr Reinhard Marx a par ailleurs souligné que cette ouverture va dans le sens voulu par le pape François qui encourage les ecclésiastiques à accomplir de nouveaux pas en faveur de l’œcuménisme et du travail pastoral.
La clarification demandée par les 7 prélats allemands risque bien de rester sans réponse, comme les fameux dubia concernant Amoris Laetitia… En effet, l’intercommunion permise par la Conférence épiscopale d’outre-Rhin est tout-à-fait dans la logique progressiste et œcuménique conciliaire, évolution fatale des décrets du concile Vatican II. On voit donc mal le pape François et la Rome néo-moderniste et néo-protestante la désavouer…
Francesca de Villasmundo
http://www.thetablet.co.uk/news/8858/german-bishops-dispute-over-communion-deepens-
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