Eric Teyssier, spécialiste de la Rome antique, est maître de conférences HDR à l’université de Nîmes et a déjà publié plusieurs ouvrages traitant des gladiateurs.
Cette fois, il nous propose une biographie de Commode, dernier empereur de la dynastie des Antonins, dont le grand public connaît le nom en raison de films péplums célèbres, La Chute de l’Empire romain (1964) et Gladiator (2000). Ces films s’appuient sur le même postulat d’un Commode sanguinaire qui tue son père pour accéder plus vite au trône impérial. Le second film souligne l’importance des gladiateurs à cette époque avec un empereur qui se montre en spectacle dans l’amphithéâtre. Eric Teyssier nous montre que, s’il convient de nuancer ces deux postulats, ils sont bien au cœur des problématiques du règne de Commode.
La Rome de Commode est toujours associée à de nombreux clichés qu’il convient de réévaluer. Ainsi, dans un monde en proie aux crises militaires, économiques et démographiques, il est indispensable de restituer les gladiateurs dans leur réalité. Au-delà de leurs caricatures, les combattants de l’arène, tout comme les conducteurs de chars, constituent un enjeu fondamental au sein de la société de ce temps. Leurs exploits fascinent une société violente et complexe. En cela, les passions de Commode sont parfaitement en phase avec celles des peuples sur lesquels il règne. Il faut donc tenter de comprendre la gladiature si l’on veut décrypter Commode et son temps. Ce à quoi vient nous aider ce livre.
Devenu empereur trop jeune, Commode se réfugie dans la débauche avec des compagnons corrompus. Puis, au sein d’un ludus idéalisé, la compagnie de ses frères gladiateurs semble constituer pour lui un ultime asile fallacieux. Plus qu’un spectacle, la gladiature est une compétition avec ses héros. Plus qu’un sport extrême, elle constitue pour beaucoup de Romains un véritable culte avec ses rites et ses dieux de l’arène. C’est à cette croyance virile que Commode veut sacrifier lorsqu’il s’exhibe dans l’amphithéâtre. A la fin de son règne, sa conviction d’être un combattant d’élite l’incite à associer son image à celle d’Hercule, et à combattre dans le Colisée. Mais il triche pour s’assurer les victoires. Cette image de faux héros achève de discréditer Commode à l’issue d’un règne sans gloire. A la mort de Commode, en 192, l’Empire a perdu des millions d’habitants du fait des épidémies, des guerres et des famines. Sur le plan militaire, les légions peinent pour la première fois à contenir des Barbares devenus de plus en plus audacieux. Enfin, l’économie autrefois florissante est entrée dans une phase de crise. Si le règne de Commode ne marque pas le début de la fin de l’Empire romain, il constitue sans doute la fin du caractère durable de la Pax romana.
Commode, Eric Teyssier, éditions Perrin, 368 pages, 23 euros
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