La montée de l’AfD occupe la presse internationale, incapable de comprendre ce qui se passe et d’en tirer des leçons. De nombreux commentateurs des médias du système espèrent avec obstination que les élections fédérales donneront un nouvel élan à l’Europe.
Entêtement des médias mainstream
Les élections fédérales et leurs conséquences sont suivies avec enthousiasme dans le monde entier. En tant que plus grande économie européenne et pays le plus peuplé de l’UE, l’Allemagne joue un rôle clé dans l’avenir du continent.
Que signifie pour l’Allemagne la performance historiquement forte de l’AfD ? Et que peut-on attendre d’un futur chancelier Friedrich Merz ? Les avis et analyses de la presse internationale divergent mais tous ont en commun de ne pas comprendre les raisons de la montée de l’AfD et d’en minimiser l’impact. Tour d’horizon en un coup d’oeil :
Pour le New York Times, les élections fédérales ont apporté « quelques surprises et beaucoup d’enthousiasme ». « L’actuel chef du gouvernement va abandonner sa fonction, mais son parti restera probablement à ses côtés sous une forme affaiblie », écrit le quotidien au sujet d’Olaf Scholz. « Les efforts de l’administration Trump pour influencer l’élection ne semblent pas avoir eu beaucoup d’effet », indique-t-il, faisant référence aux déclarations du vice-président JD Vance et du conseiller Elon Musk et à leur plaidoyer en faveur de l’AfD. « La réaction aux récentes attaques et le soutien des représentants de Trump ont peut-être même conduit à une augmentation tardive du soutien à Die Linke », conclut le journal.
Le Washington Post se concentre dans une chronique sur le bon résultat de l’AfD . C’est « un signe des temps ». « Partout en Europe , les partis d’extrême droite, autrefois marginaux, sont devenus des courants dominants. » Même si l’AfD est exclue du gouvernement fédéral par le « pare-feu », le parti est aujourd’hui la plus grande force d’opposition du pays. « Merz est confronté à une tâche difficile pour former une coalition gouvernementale, ce qui est rendu encore plus compliqué par la présence écrasante de l’AfD, fondée il y a seulement 12 ans. »
Le journal britannique « Guardian » voit l’attention de l’Europe focalisée sur la politique étrangère de l’Allemagne après les élections. « Le reste de l’Europe s’attend à ce que la plus grande économie du continent envoie davantage d’aide militaire à l’Ukraine », écrit le journal. « Le plus grand test pour Merz sera toutefois Donald Trump , qui en l’espace d’un mois a bouleversé les certitudes de la politique étrangère allemande d’après-guerre ». Pour Merz, c’est « une réalité glaciale ».
Le quotidien portugais « Correio da Manhã » voit le nouveau gouvernement « face à une tâche d’une énorme importance historique ». Le futur chancelier Merz « devra faire face à la profonde crise économique que traverse le pays ». « Et cela dans un contexte international extrêmement défavorable », écrit le journal, faisant référence à la pression du gouvernement américain pour permettre à la Russie d’obtenir une victoire politique et territoriale dans le conflit ukrainien.
Malgré le bon résultat de l’AfD, le journal viennois « Standard » affirme que les élections fédérales allemandes montreraient à l’Europe que l’avenir du continent n’est en aucun cas celui de « l’extrême droite ». Le journal viennois se réjouit que l’AfD n’ait pas dépassé le niveau attendu.
Reductio ad hitlerum
Le quotidien espagnol « El País » voit un « double message » pour l’Europe . » D’un côté, la raison politique l’emportera avec l’unification des forces « les plus modérées » – comme on pouvait s’y attendre les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates – contre « les extrêmes de plus en plus forts ». Et le journal espagnol de voir en l’AfD un parti qui défendrait des principes politiques similaires à ceux qui ont déchiré le continent lors des deux guerres mondiales. La fameuse reductio ad hitlerum n’est jamais loin.
Dans un article d’opinion, le journal israélien « Haaretz » souligne avant tout les bons résultats de l’AfD. Le succès de l’AfD est « une perte symbolique dévastatrice pour la démocratie allemande », écrit le journal. « Le probable futur chancelier Merz ne semble pas conscient de sa responsabilité historique. Bien qu’il ait assuré à plusieurs reprises à ses électeurs qu’il ne formerait pas de coalition avec l’AfD et qu’il ne collaborerait pas avec eux, il devient de plus en plus difficile de savoir où Merz trace ces lignes. » Le représentant de la CDU manque « de l’intelligence et de la vision d’un homme d’Etat ».
Le quotidien italien « Corriere della Sera » voit les élections fédérales comme une opportunité pour de nouvelles initiatives européennes. « Le vote allemand est susceptible de mettre fin à une longue phase de faiblesse et d’hésitation allemande en Europe », peut-on lire. « Le bon résultat électoral de Friedrich Merz ouvre la voie à un redémarrage du moteur franco-allemand. » Un mouvement est possible, notamment dans le domaine de la défense. « Contrairement à Scholz, Merz s’est déjà prononcé en faveur d’une défense commune et a également signalé sa volonté de financer l’UE par la dette. »
Le quotidien français « Le Monde » voit au moins une certitude : « En 2021, l’Allemagne s’est couchée le soir des élections sans savoir qui serait le futur chancelier, tant les résultats étaient serrés. Cette fois, on sait depuis plusieurs semaines que le leader de la CDU, Friedrich Merz, favori des sondages depuis le début de la campagne électorale, dirigera le pays ».
Léo Kersauzie
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