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Comment Israël utilise la technique de la « hasbara » pour amener à soutenir ses guerres

L'influence israélienne sur la politique étrangère des Etats-Unis

Il y a quarante ans, Israël lançait une campagne de propagande baptisée « hasbara » pour changer la perception qu’avait le public américain d’Israël. 

En 1984, une campagne de propagande, qui se poursuit encore aujourd’hui, a été lancée pour changer la perception qu’a le public américain d’Israël. C’est cette année-là que l’AIPAC a commencé à distribuer son « guide universitaire » sur la perception d’Israël sur les campus américains, et que le Congrès juif américain a parrainé une conférence.

Cette conférence a recommandé une campagne concertée pour changer l’opinion des Américains sur Israël. Appelée « hasbara » en hébreu, cette campagne a été entreprise pour contrer l’impact des images horribles générées par la guerre d’Israël au Liban en 1982. Le Washington Post a rapporté en 1982 que le Premier ministre israélien Menachem Begin s’était plaint d’une « bataille pour la vérité ». De quelle bataille s’agissait-il ?

« Je ne crois jamais, jamais les chiffres israéliens. Les Israéliens sont des menteurs patentés. »

Le gouvernement de Begin a affirmé que seulement 600 civils avaient été tués par Israël, alors que « les responsables du renseignement américain ont qualifié d’exacte une estimation de 10 000 morts civils… reçue en premier lieu de l’ambassadeur du Liban aux Nations Unies. [Le président de la commission des relations extérieures du Sénat, Charles] Percy a ajouté que cette estimation « non confirmée » pourrait atteindre 14 000. »

Le titre était « Le jeu des chiffres obscurcit le bilan au Liban ». Israël joue à ce jeu depuis lors, niant la réalité des chiffres des victimes de la guerre de Gaza.

Lawrence Wilkerson, chef de cabinet du secrétaire d’État Colin Powell au début des années 2000, déclare à propos de son expérience avec le régime israélien : « Je ne crois jamais, jamais les chiffres israéliens. Les Israéliens sont des menteurs patentés. Je le répète : ce sont des menteurs. »

La doctrine Dahiya

Tout en minimisant le nombre de victimes, Israël applique également la doctrine Dahiya, qui « appelle à l’utilisation d’une force massive et disproportionnée et au ciblage délibéré des civils et des infrastructures civiles ».

Pourquoi Dahiya ? Son nom vient du site d’un ancien crime de guerre israélien.

« La doctrine doit son nom à la banlieue de Dahiya à Beyrouth, où se trouve le quartier général du groupe paramilitaire libanais Hezbollah, que l’armée israélienne a rasé lors de son assaut contre le Liban à l’été 2006, qui a tué près de 1 000 civils, dont environ un tiers étaient des enfants, et causé d’énormes dégâts aux infrastructures civiles du pays », explique l’Institut pour la compréhension du Moyen-Orient.

Il s’agit là d’un exemple de « politique impopulaire » que l’usage de la propagande vise à promouvoir. C’est le but de la « hasbara ».

Parmi les participants à la conférence de hasbara de 1984 figuraient des spécialistes de la publicité, des relations publiques, des journalistes et des « dirigeants de groupes juifs majeurs ». Parmi ses activités, ses registres incluent la participation de ses membres à « des marches et événements majeurs en faveur du droit à l’avortement, et l’influence exercée sur le Congrès américain et les législatures des États sur les décisions relatives à l’avortement ».

NPR a rapporté cette année que ces efforts de « hasbara » ciblent désormais directement les législateurs américains – pour soutenir la « campagne » israélienne à Gaza.

Selon un documentaire intitulé The Occupation of the American Mind, « l’objectif principal de la conférence était de développer des stratégies pour faire accepter les politiques israéliennes impopulaires – et de contrer la couverture médiatique négative en façonnant à l’avance le cadre médiatique », selon le rapport. Martin Fenton, directeur de la publicité basé en Israël, avait déclaré : « Admettons le vrai. Notre métier consiste à changer l’opinion des gens. À les faire penser différemment. Pour cela, nous avons besoin de propagande. »

Le Congrès juif américain prit diverses initiatives en 1984 visant à conquérir l’esprit américain en faveur d’Israël. Son propre rapport contient des chapitres intitulés « L’image publique d’Israël », « Les possibilités de Hasbara » et « La présentation de politiques impopulaires », et se lit comme un manuel pratique sur la vente de la guerre perpétuelle et du génocide comme un devoir patriotique des Américains.

La stratégie de la hasbara de Fenton, vieille de 40 ans, a créé aux Etats-Unis un environnement médiatique dans lequel les faits fondamentaux sont niés et la réalité des actions d’Israël soigneusement gérée hors de la vue du peuple américain. C’est l’une des campagnes les plus réussies du lobby israélien qui, selon un rapport de Cambridge University Press, a conduit l’Amérique au bord du gouffre.

Léo Kersauzie

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