Jusqu’où va se nicher l’hystérie anti sexiste ?
Ici c’est jusqu’aux animaux naturalisés !
(Ce n’est pas un gag !)
Six chercheurs ont analysé près de 2,5 millions de spécimens d’oiseaux et mammifères collectés par les muséums de Londres, Paris, New York, Washington et Chicago depuis le XVIIIeme siècle.
Pourquoi cette démarche inédite ?
« Nous nous intéressions aux préjugés de genre dans le milieu scientifique, où il y a par exemple une surreprésentation de chercheurs hommes blancs » aux postes à responsabilité, explique à l’AFP Natalie Cooper, chercheuse au muséum d’histoire naturelle de Londres et auteure principale de l’étude. « Aussi trouvions-nous intéressant de voir si ce biais masculin se retrouvait dans les collections des musées », poursuit-elle. Une cartographie à grande échelle s’imposait d’autant plus que « le nombre d’études utilisant ces spécimens [prêtés par les musées] continue d’augmenter« .
https://www.nhm.ac.uk/our-science/departments-and-staff/staff-directory/natalie-cooper.html
On a donc trouvé des laboratoires et des musées pour mobiliser (et financer !) des chercheurs en vue de se pencher, sous la houlette de Natalie Cooper, sur cette question absolument fondamentale : la surreprésentation potentielle de la masculinité dans les collections taxidermiques, sa réalité et ses causes…
On ne rit pas !
Il est ressorti de ces analyses une étude britannique fleuve :
« Préjugés sexuels dans les collections d’histoire naturelle d’oiseaux et de mammifères »
(Natalie Cooper, Alexander L. Bond, Joshua L. Davis, Roberto Portela Miguez, Louise Tomsett et Kristofer M. Helgen)
Le titre est plus que révélateur…des préjugés des auteurs !
https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rspb.2019.2025
On y retrouve la justification des clichés sexistes les plus éculés mais fatalement aussi les constats incontournables qu’impose la nature telles les fluctuations naturelles du sexe ratio et ses variations dans l’espace comme dans le temps. Rappelons que chez le canard col vert, par exemple, le sexe ratio est classiquement très déséquilibré : jusqu’à 2/3, 1/3 à l’avantage des mâles, dans certaines populations.
On évoque aussi forcément le fait que parmi les spécimens rapportés ceux qui ont été utilisés pour la typologie, décrits et naturalisés, étaient originellement les plus grands et les plus beaux, espèce par espèce, parmi ceux qui ont été observés.
Curieusement l’étude analyse le dimorphisme sexuel de façon statistique massale, oubliant que suivant les espèces, notamment les oiseaux, ce dimorphisme peut fluctuer dans le temps, ce dont la naturalisation ne rend évidemment pas compte !
On doit également évoquer les fameux « records » cynégétiques recherchés durant tout le XIXeme siècle, et encore au XXeme – notamment pour les cornes des ruminants, où ces records figurent toujours dans les guides zoologiques d’identification – ce qui ont conduit à la conservation des plus beaux massacres dans les collections particulières et les muséums…
Bref, au fil des voyages d’exploration on n’a pas cherché à capturer, tuer, et ramener des ratichons…
(La Palisse n’aurait pas dit mieux, mais cela aurait été trop simple de se référer à lui!)
Nous laisserons donc le lecteur parcourir cette étude…
Nous en avons seulement reproduit ici l’abstract :
« Les spécimens d’histoire naturelle sont largement utilisés dans les domaines de l’écologie, de la biologie évolutive et de la conservation. Bien que le sexe biologique puisse influer sur toutes ces zones, il est souvent négligé dans les études à grande échelle utilisant des spécimens de musée. Si les collections sont biaisées en faveur d’un sexe, les études peuvent ne pas être représentatives de l’espèce. Ici, nous étudions le sex-ratio de plus de deux millions de spécimens d’oiseaux et de mammifères provenant de cinq grands musées internationaux. Nous avons constaté un léger biais chez les mâles chez les oiseaux (40% de femelles) et les mammifères (48% de femelles) qui n’a pas changé de manière significative en 130 ans, mais a diminué chez les espèces présentant des traits mâles remarquables comme les plumes colorées et les cornes…
La taille du corps a eu peu d’effet. Le biais masculin était le plus marqué chez les types nommés; seuls 27% des oiseaux et 39% des types de mammifères étaient des femelles. »
Au passage on notera les âneries habituelles en matière de référence statistique : affirmer que « 48% est significativement différent de 50% sur le plan statistique » (ce qui serait effectivement ici générateur d’un biais d’échantillonnage) implique nécessairement d’indiquer un seuil de confiance…
De la même manière, l’étude exclue de l’échantillonnage les éléments « non sexables » tels les juvéniles, mais oublie de spécifier la taille minimale des regroupements finalement traités, et la conformité de taille de ces regroupements entres eux pour être statistiquement recevables. Faute de ces précisions vérifiées, les chiffres déduits, finalement avancés ici, n’auraient simplement aucune justification en pratique!
Et la conclusion attendue, d’une banalité à pleurer, est des plus sexistes, et idéologiquement sans appel :
« Les professionnels des musées et ceux qui utilisent les collections des musées doivent être conscients des préjugés au sein de leurs collections (non seulement en termes de sexe, mais également en termes d’âge, de localité et d’autres facteurs), et tenter d’acquérir du matériel pour résoudre au mieux ces préjugés, quelle que soit leur cause. Les collections d’histoire naturelle jouent un rôle essentiel en informant de multiples disciplines de recherche répondant à des questions cruciales pour l’avenir de la biodiversité.
Elles constituent également des ressources essentielles pour l’engagement du public et son interaction avec la biodiversité. Par conséquent, il est primordial de continuer à développer ces ressources tout en utilisant une approche plus complète et mieux informée.
Enfin, les chercheurs qui étudient les variations à grande échelle des espèces devraient prendre en compte ces biais lors de la conception des protocoles de collecte de données et / ou des analyses en aval, et indiquer comment ils les ont traitées dans les publications résultantes.
Nos analyses exercent une pression particulière sur les taxonomistes pour qu’ils réfléchissent davantage au sexe lors de la définition des types portant le nom, et suggèrent qu’une plus grande désignation des paratypes de sexe opposé serait souhaitable, en particulier chez les oiseaux. »
Cela méritait effectivement d’être analysé et souligné !
On aura tout de même une pensée émue pour la frustration de ces chercheurs, cantonnés là aux Mammifères et aux Oiseaux, qui ne pouvaient pas analyser les transgenres si fréquents chez les Reptiles et les Poissons…
Claude Timmerman
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