Coree-du-Nord-bombe-a-hydrogeneLe pays le plus mystérieux du monde, seul état dont on ne connait pas la date de naissance exacte du dirigeant (estimée entre 1982 et 1984, fixée officiellement au 8 janvier 1984), vient encore de faire la une de l’actualité suite à un cinquième essai nucléaire sur son site de Punggye-ri le jour anniversaire de la création de la Corée communiste en 1948 par Kim-Il-Sun, fraichement ramené dans les fourgons de l’occupant soviétique. L’explosion coïncide aussi avec le 20e anniversaire du fiasco de Gangneung où un commando nord-coréen en mission d’espionnage a vu son sous-marin s’échouer et a été liquidé non sans avoir massacré des civils innocents et leur propre équipage. Les précédents essais nucléaires dataient du 9 octobre 2006, du 25 mai 2009, du 12 février 2013 et du 6 janvier 2016.

Deux générations plus tard, son petit-fils Kim-Jong-Un continue de faire de la petite république marxiste un état d’où proviennent des informations aussi rares qu’une victoire de l’équipe nationale de San marin. Rumeurs, démentis, supposition, propagande stalinienne au nord, intoxication au sud, de la partie septentrionale du pays du Matin Calme on ne sait rien, sans parler de ce que l’on ignore. Cette fois, la bombe était d’une puissance de 10 kilotonnes, moins que la bombe d’Hiroshima. Pour donner un exemple marquant, une telle bombe lâchée sur le Palais de l’Elysée à Paris aurait un effet létal à l’intérieur d’un cercle passant par les stations de métro Latour-Maubourg, Varenne, Quatre Septembre et Malesherbes… A titre de comparaison, la bombe atomique équipant l’arsenal français, la TN81, sur le même objectif aurait pour limite les stations RER de Suresnes, Asnières, Saint-Denis, Laplace et les stations de métro Montreuil et Gallieni….

Sur le papier, la Corée du Nord a un arsenal militaire impressionnant, constitué de chars périmés, de sous-marins bons pour la ferraille, d’avions ne décollant pas et de missiles explosant sur leurs bases, même si Russes et Chinois essaient de le moderniser. Ce n’est pas encore demain que les Nord-coréens débarqueront à Seattle comme dans le remake du film L’Aube rouge. Par contre, la Corée du Nord aurait énormément d’atout dans une guerre défensive et si les Américains rêvent en pensant à une attaque du Nord contre le Sud, ils entrent dans le domaine du délire psychédélique en estimant à 15 jours une victoire militaire totale sur le Nord avec leur seule 2e armée…

Officiellement, l’armée nord-coréenne compte 1.120.000 soldats des deux sexes, plus 9,5 millions de réservistes : la Corée du Nord n’est pas un pays, c’est une caserne. A titre de comparaison, la France aurait 3 millions de soldats (actuellement 365.000) et 25,5 millions de réservistes (actuellement… 53.000 !). Elle connait le système de grade le plus élevé du monde (24 échelons, dont 4 rien que pour les maréchaux, et des grades inconnus ailleurs tels que « colonel-chef », « lieutenant-chef », « sous-sergent » et « sous-caporal »). Elle est organisée « à la soviétique », avec des unités à 4 échelons qui rappellent les catégories A, B, C et M de feue l’armée rouge. Sur les 12.000 chars, seuls 1.500 sont modernes et sur les 560 avions présumés en état de voler, 69 ne semblent pas provenir du musée de l’aviation… Pour la marine, un effort de modernisation vient d’être accompli avec le lancement de la classe de sous-marins Sinpo destinée à remplacer les ancestraux Romeo. Les 4 Whiskey ont été ferraillés et on ne sait pas combien des 10 Golf lance-missiles sont encore opérationnels. Une nouvelle classe de frégate anti-sous-marine, la Nampo, est en cours de lancement. Même si les soldats nord-coréens sont très bien entraînés, il est difficile de prendre au sérieux une armée dont le pas de parade est un compromis entre la danse des blanchisseuses de Montmartre (popularisée sous le nom de French cancan) et le silly walk du ministère du même nom des Monty Python.

Depuis quelques mois, les rumeurs et les révélations les plus abracadabrantesques circulent sur le pays, suivant un plan de marche original comme un œuf mayo et aussi imprévisible qu’une saison des Minnesota Twins : la presse sud-coréenne lance une information, démenti nord-coréen, la presse pro-américaine évoque l’horreur de la dictature nationaliste nord-coréenne et la presse pro-russe dénonce une campagne de calomnie des impérialistes américains. Au mois d’août, des rumeurs de purge ont circulées, impliquant cette fois l’exécution du ministre de l’Education nationale Yi Yong-Jin, qui se serait endormi lors d’une réunion et du ministre de l’agriculture Hwang Min, exécutés au canon antiaérien comme le fut précédemment le ministre de la défense Hyun Yong Chol, pour le même motif. Plus « chanceux », le responsable des renseignements, Kim Yong-chol, n’a été « que » envoyé en camp de rééducation où il a rejoint les 150.000 malheureux qui y croupissent. Bien plus malin, le directeur d’hôtel Dzhon Khen-Mu, enrichi par les devises étrangères, a préféré simuler sa mort et fait défection en Corée du Sud. Par contre, le général Ri Yong-gil, chef d’Etat-major des armées présumé exécuté, réapparut en public au mois de mai et fut promu au Politburo. Cette erreur de la presse sud-coréenne fut largement exploités par les partisans de la dictature communiste dont beaucoup sont, hélas, également des soutiens de Poutine.

En Corée du Nord, on purge encore plus qu’au Front mariniste. 70 officiels du régime ont été liquidés depuis l’arrivée au pouvoir du 3e des Kim en 2011. Il a d’ailleurs fait liquider son propre oncle par alliance, Jan Song Thaek, pour haute trahison le 12 décembre 2013. Volontiers imaginative, la presse sud-coréenne avait déclarée qu’il avait été dévoré par des dobermans affamés. Plus prosaïquement, il fut plus classiquement fusillé à la mitrailleuse. Selon la bonne vieille méthode soviétique, toute la famille Jang fut liquidée : sa sœur Jang Kye-sun, femme de l’ambassadeur de Corée du Nord à Cuba Jon Yong-jin, fut exécutée avec son mari, de même que ses deux neveux O Sang-hon, vice-ministre de la sécurité, qui a été passé au lance-flammes en 2014, et Jang Yong-chol, ambassadeur en Malaisie, lui aussi assassiné ainsi que tous les proches (enfants, petits-enfants, cousins) de la famille Jang. Pour être exhaustif, rappelons que Kim Jong-Un a tenté en 2009 de faire assassiner son propre demi-frère, Kim Jong-Nam, résidant à Macao après sa disgrâce.

Pour conclure cet article sur la Corée du Nord, il est peu probable que ces essais nucléaires soient motivés par des visées impérialistes et  certainement pas pour détruire la Corée du Sud. Kim Jong-Un est a fortiori un homme paranoïaque. Il est donc sur la défensive. C’est la peur qui l’amène à vouloir avoir une bombe atomique, pour être sûr que les Américains et les Sud-Coréens ne soient pas tentés de le renverser militairement. Nous avons vu que le petit pétard nucléaire nord-coréen est peu efficace. Mais il est suffisamment puissant pour anéantir en une seconde le Carrier Strike Group 5 et la Task Force 76 qui auraient des velléités d’invasion sur les arrières de la première ligne de défense nord-coréenne.

Hristo XIEP

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