Le Courrier de la Russie nous donne un florilège de citations des dernières interventions du Président Directeur Général de Total:
Sur la Crimée:
Interview du 5 mai 2014 avec Le Nouvel observateur : « C’est l’Alsace-Lorraine. »
Sur les sanctions:
Interview du 5 mai 2014 avec Le Nouvel observateur: « Les sanctions ? Elles ne servent à rien et ne feront que pousser les Russes et les Chinois à mieux coopérer, sur le dos de l’Europe. La vérité, c’est que l’Ukraine va très mal économiquement et que l’Europe n’a rien fait pour l’aider. »
Entretien du 4 septembre 2014 au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung: « Je ne plaide pas pour la Russie mais pour plus de compréhension. Les sanctions sont une voie sans issue, l’interdépendance économique, en revanche, exige un dialogue constructif. »
Rencontre du 3 septembre 2014, à Paris, avec le représentant de la Douma Sergueï Narychkine: « Les Russes sont nos amis, nos partenaires, je ne comprends pas vraiment à quoi on joue en prenant la direction d’un embargo au lieu de parler de conciliation. »
Dernière allocution avant son décès, lundi 20 octobre à Moscou, à l’occasion d’une réunion avec le Premier ministre russe Dmitri Medvedev sur les investissements étrangers en Russie, durement touchés par les sanctions occidentales depuis plusieurs mois: « Nous sommes contre les sanctions parce que nous pensons que l’entreprise est une force positive, un canal de dialogue et un chemin vers la compréhension mutuelle. L’entreprise a besoin d’être protégée et encouragée, surtout dans les moments difficiles. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit : l’entreprise est prise en otage par les politiciens. Par conséquent, nous devons agir. »
Sur la sortie de la Russie du G8
Interview du 5 mai 2014 avec Le Nouvel observateur: « Exclure la Russie du G8, c’est offrir 20 % de voix en plus à Poutine. »
Sur la livraison des Mistrals:
Interview du 5 mai 2014 avec Le Nouvel observateur: « Bloquer la livraison des navires de guerre Mistral ? Le patron du Kremlin s’en contrefiche, c’est la France qui sera dans la mouise. »
Sur la volonté de l’UE de réduire sa dépendance gazière vis-à-vis de la Russie
Interview du 8 juillet 2014 avec l’agence Reuters: « Allons-nous construire un nouveau mur de Berlin ? (…) La Russie est un partenaire et nous ne devrions pas perdre notre temps à nous protéger d’un voisin. Notre but est de ne pas être trop dépendant d’un pays – peu importe lequel. Sauf de la Russie, qui nous a sauvés à plusieurs reprises. »
Sur les liens entre économie et politique
Interview du 11 septembre 2009 avec le quotidien Le Parisien, à propos du soutien financier apporté par Total à la junte birmane: « Total n’est ni un outil politique, ni une ONG. La mission de Total n’est pas de restaurer la démocratie dans le monde. Ce n’est pas notre métier. »
Cinq ans plus tard, le PDG de Total tenait le même discours, concernant l’intention de son entreprise de rester en Russie malgré la crise ukrainienne :
Interview du 16 mai 2014 avec le quotidien français La Tribune: « Total ne fait pas de politique. Et tant que ce n’est pas interdit, c’est permis. (…) Si on ne fait pas de politique, je suis convaincu qu’au-delà des considérations économiques, une entreprise comme Total peut avoir un rôle à jouer : en faisant partager aux politiques français son expérience en Russie et en montrant aux Russes que la poursuite d’une relation est possible. (…) Nous ne sommes pas une diplomatie parallèle, mais j’estime important de ne pas couper les ponts et d’expliquer, pour que chacun s’efforce de comprendre l’autre. Il faut croire que les choses peuvent changer, s’améliorer. »
Sur l’image de la Russie à l’étranger
Entretien du 4 septembre pour le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung: « Nous ne devons pas nous laisser persuader que la Russie est un ennemi, d’autant que notre approvisionnement en énergie dépend en grande partie de ce voisin. (…) On ne doit pas tomber dans la caricature des gentils Ukrainiens pro-occidentaux et des méchants pro-Russes. »
Sur les projets de Total en Russie
Entretien du 4 septembre 2014 pour le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung: « La Russie est un pays important dans la stratégie de Total, qui ambitionne d’en faire sa principale zone de production d’hydrocarbures à l’horizon 2020. (…) Certes, nous ne voulons pas accroître notre exposition aux risques en Russie tant que la situation n’est pas normalisée, mais je ne serai toutefois pas un bon dirigeant si je revenais maintenant sur tout ce que nous avons édifié dans ce pays. »
Que cache la quasi-unanimité des pleureuses après la mort de Christophe de Margerie? N’avait-il que des amis ? Face à une politique extérieure de la France soumise aux diktats américains, le très important consortium français ne faisait-il pas un peu trop d’ombre aux intérêts américains en matière de pétrole, sachant que le pétrole joue un rôle primordial dans la politique étrangère des USA comme de la Russie? Pour répondre à cette épineuse question il faudra observer si son successeur poursuit dans la même voie que lui quant à sa politique pétrolière avec la Russie.
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