Les circonstances du crash ne manqueront pas de susciter quelques remous au Brésil. En effet, l’avion était parti du Brésil et avait fait une escale à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie, avant de repartir pour Rionegro, en Colombie. Un plan de vol très différent de celui qui était initialement prévu: selon l’agence espagnole EFE, les joueurs devaient au départ prendre un vol charter pour arriver directement du Brésil à Medellin en Colombie mais les autorités aéro-civiles brésiliennes (l’ANAC) s’y étaient opposées. Ce qui les a obligés à faire escale en Bolivie et à prendre un second avion. D’après les premiers éléments, l’avion aurait émis un signal d’urgence faisant état de «pannes d’électricité». Pour sa part, Elkin Ospina, maire de La Ceja (une commune voisine du lieu de la catastrophe, indiqua que pour lui : «l’avion est tombé en panne sèche ».
Actuellement 9e du championnat brésilien, à une journée de la fin, l’équipe aura joué son dernier match le dimanche 27 contre Palmeiras en championnat brésilien, défaite 1 à 0. Sa dernière victoire remonte à la journée précédente, 2 à 0 contre le FC Sao Paulo, le dernier but aura été inscrit par le jeune espoir du club, l’ailier gauche Tiago da Rocha Vieira, dit « Tiaguinho ». L’équipe était surtout à la veille de disputer la finale de la Copa Sudamericana, l’équivalent sud-américain de la Ligue Europa (l’équivalent de la Ligue des Champions étant la Copa Libertadores). Lors du 1er tour, Chapecoense avait éliminé un autre club brésilien, Cuiabá, sur le score de 0-1/3-1. En 8e de finale, il disposa de l’Independiente, un club phare du football argentin, sur le score de 0-0/0-0 (5 penalties à 4). En quarts de finale, élimination du club de Barranquilla (Colombie), le FC Junior, 0-1/3-0. En demi-finale, élimination du club si cher à M. Jorge Bergoglio, les Argentins de San Lorenzo, au bénéfice du but marqué à l’extérieur sur le score de 0-0/1-1. Les Brésiliens devaient affronter en match aller pour la finale l’Atletico Nacional, le club de Medellin. La finale est annulée, comme le sera vraisemblablement la dernière journée du championnat brésilien, et le club brésilien, cas unique dans l’histoire est proclamé vainqueur à titre posthume.
Toute l’équipe est à reconstruire, 18 joueurs étant morts. Les précédents, tant lors de la disparition du Pakhtakor Taschkent lors de la collision le 11 août 1979 entre deux Tupolev-134 (16 joueurs tués) que celle de l’Alianza Lima lors du crash en mer de son Fokker F-27 le 8 décembre 1987 (16 joueurs tués), laissent à penser que les autres équipes brésiliennes prêteront des joueurs au club meurtri pour au moins une saison. Mais le club a su rebondir par le passé. Ayant connu la Série A jusqu’en 1979, le club repartit de zéro en 2009, où il finit 3e de la série D (4e division) et promu en série C. Finissant 3e de cette 3e division en 2012, il fut encore promu l’an d’après en terminant 2e de la série B. Terminant 15e, puis 14e de la série A, le club réalisait la meilleure saison de son histoire… Un accident d’avion mit fin à l’ascension grandiose du petit club du sud brésilien, seulement la 5e ville la plus peuplée (200.000 habitants) de l’état de Santa Catarina et capitale de sa province orientale.
Chapecoense a le douloureux privilège de rentrer dans l’histoire du sport ornée du voile noir du deuil. Son histoire n’est pas écrite en lettres d’or de louanges, elle l’est ad aeternam en lettres de sang de requiem. Elle rejoint la grande équipe de Torino, 5 scudetti gagnés consécutivement entre 1943 et 1949, totalement détruite le 4 mai 1949 lorsque son Fiat G-212 percuta la basilique de Superga à Turin, tuant 18 joueurs dont l’international français Emile Bongiorni. Elle rejoint la non moins grande équipe de Manchester United, qui connu le même sort à Munich le 6 février 1958, où à la suite de leur match contre l’Etoile Rouge de Belgrade les qualifiant pour les demi-finales de la Coupe d’Europe, l’Airspeed AS-57 qui les transportait s’écrasa contre des bâtiments à Munich suite à un décollage raté, tuant 21 joueurs dont le plus grand joueur européen de l’époque, Duncan Edwards, âgé seulement de 21 ans et en handicapant à vie un 22e, Johnny Berry. Elle rejoint enfin l’équipe chilienne du CD Green Cross, nouvellement promue en 1re division chilienne (où elle évolue actuellement) qui perdit 8 de ses joueurs dont sa vedette, l’international argentin Elisea Mourino, lors du crash du 3 avril 1961 quand son Douglas DC-3 percuta une montagne à Nevado de Longavi.
Elle rejoint également des équipes nationales décimées. Tout d’abord, les 8 joueurs remplaçants de l’équipe olympique du Danemark le 16 juillet 1960 dont le De Havilland DH-89 s’écrasa au décollage dans l’Øresund. Elle rejoint également une équipe formée pour des matchs de charité, le Kleurrijk Elftal, composée de joueurs professionnels surinamais évoluant aux Pays-Bas (et donnée comme la future ossature de l’équipe nationale) et dont 15 joueurs furent tués et 3 handicapés à vie suite au crash de leur DC-8 à Paramaribo le 7 juin 1989 suite à une erreur de pilotage. Elle rejoint enfin l’équipe nationale de Zambie qui s’écrasa en mer au large du Gabon le 27 avril 1993 avec son De Haviland Canada DHC-5 alors que l’équipe allait affronter le Sénégal en match qualificatif pour la Coupe du Monde 1994, provoquant la mort de 18 joueurs. Catastrophe due conjointement à l’état de l’appareil (bon pour la casse) et aux erreurs de son pilote, le colonel Fenton Mhone.
Nous adressons nos plus sincères condoléances aux familles et proches des victimes de cette catastrophe et espérons que les Verts de Chapecoense retrouveront bientôt leur meilleur niveau.
Hristo XIEP
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