L’archevêque catholique syrien Jacques Mourad, du diocèse de Homs, en Syrie, a dénoncé l’immense souffrance des réfugiés fuyant la violence en cours à Alep et la destruction imminente du christianisme dans la région. Malgré les discours rassurants des terroristes djihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), les Syriens chrétiens savent que le sort que leur réservent ces islamistes est peu enviable.
Fuir les djihadistes
Dans une interview accordée à l’Agence Fides, l’organe d’information de l’Œuvre pontificale des Missions, Mgr Mourad a décrit la situation désastreuse.
« Nous sommes vraiment fatigués », a-t-il déclaré. « Nous sommes vraiment épuisés, et dans tous les sens du terme. »
L’archevêque Mourad, membre de la communauté monastique de Deir Mar Musa, est né à Alep. Il garde de précieux souvenirs de cette ville. Fils spirituel du père Paolo Dall’Oglio, jésuite fondateur de Deir Mar Musa, disparu en 2013 à Raqqa, passée sous le contrôle de l’Etat Islamique, l’archevêque a personnellement subi les horreurs du conflit. Il a été enlevé en 2015 par les forces djihadistes et retenu captif pendant des mois, d’abord en isolement, puis aux côtés de 150 autres chrétiens dans les territoires contrôlés par l’Etat Islamique.
Aujourd’hui, alors que les réfugiés d’Alep fuient, l’archevêque Mourad et son diocèse sont débordés. L’archevêque a déclaré à l’Agence Fides que de nombreux réfugiés ont enduré des voyages exténuants de 25 heures, arrivant assoiffés, affamés, frigorifiés et démunis.
« Nous ne pouvons pas supporter toutes les souffrances des gens qui arrivent ici épuisés », a-t-il déclaré.
Les violences toujours en cours à Alep, tombée aux mains des groupes armés djihadistes, laissent les Syriens sous le choc.
« Pourquoi Alep est-elle si tourmentée ? Pourquoi veut-on détruire cette ville historique, symbolique et importante pour le monde entier ? », s’interroge l’archevêque Mourad. Après 14 ans de guerre, il déplore les souffrances, la misère et la mort que le peuple syrien subit. « Pourquoi sommes-nous si abandonnés dans ce monde, dans cette injustice insupportable ? », s’est-il demandé.
L’archevêque n’a pas manqué de dénoncer la responsabilité des puissances étrangères.
« Ils portent tous une responsabilité directe dans ce qui s’est passé à Alep », a-t-il déclaré, qualifiant la situation de « crime » qui met en danger l’ensemble de la région, y compris Hama et Jazira. Il a condamné les « jeux politiques » de la communauté internationale, qui, selon lui, ont aggravé les souffrances des Syriens.
« Après l’action de ces groupes armés, les chrétiens d’Alep seront convaincus qu’ils ne peuvent pas rester. Que c’est fini pour eux. À Alep, ils tentent de mettre un terme à l’histoire riche, magnifique et unique des chrétiens d’Alep », a-t-il conclu.
Léo Kersauzie
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