Ce 29 novembre 2014, le pape François s’est déchaussé avant de pénétrer dans la grande Mosquée bleue d’Istanbul, à l’instar du pape Benoit XVI en son temps. S’en est ensuite suivie la visite de la mosquée guidée par le grand Mufti qui s’est terminée par une prière personnelle.

Hélas, les catholiques sont tellement habités à ces gestes des papes qu’ils ne se rendent plus compte de leur gravité et de leur opposition à la doctrine de l’Eglise. Le but n’est pas ici d’analyser cette visite qui pour l’instant ne diffère hélas pas beaucoup des autres, mais de se pencher sur la gravité d’un symbole bien particulier qui semble anodin à beaucoup.

Je vous propose donc un texte écrit par monsieur l’abbé de Régis de Cacqueray suite à la visite de cette même mosquée par Benoit XVI en 2006, à la même époque :

Que ce soit bien notre désir à tous au premier jour de cette année liturgique : écrire une belle année, celle que le Bon Dieu veut que nous écrivions. Et pour ce premier jour de l’année liturgique, pourquoi ne pas commencer par nous remémorer le premier commandement de Dieu :

« Je suis le Seigneur ton Dieu ; tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. »

Pourquoi ne pas nous le remémorer alors que nous allons, avec les mages en particulier, nous diriger à partir d’aujourd’hui vers la crèche pour pouvoir adorer le Fils de Dieu venu sur la terre ? Pourquoi ne pas rappeler ce commandement que,  précisément,  Dieu a voulu voir inscrit en premier dans les tables qu’il avait dictées à Moïse ?

De fait, nous comprenons bien que l’unicité de Dieu rappelée par ce premier commandement, avec cette façon explicite dont Dieu dit aux hommes qu’ils ne devront  pas avoir d’autres dieux que Lui, se trouve au centre de l’histoire de l’humanité. Lorsque nous considérons l’histoire de l’Ancien Testament, nous voyons que les périodes de prospérité pour le peuple élu de Dieu sont les périodes où il refoule les idoles, tandis que les périodes de décadence et d’invasions commencent à partir du moment où il en accepte. C’est ainsi que le Bon Dieu a voulu donner, dès l’Ancien Testament, le sens de la transcendance de Sa Personne et nous voyons dans le Nouveau Testament combien ce respect, cette révérence et cette adoration de Dieu se sont trouvés à l’origine des plus beaux comportements chrétiens.

L’Ancien Testament nous montre Moïse, parvenu au sommet du mont de l’Horeb et qui contemple ce spectacle merveilleux d’un buisson qui brûle mais que le feu se révèle impuissant à consumer. Il se résout à s’approcher pour considérer cette merveille qu’il ne comprend pas, lorsque le Seigneur l’appelle, du milieu du buisson, et lui ordonne de ne pas avancer davantage et d’ôter ses souliers. Dieu condescend à expliquer à Moïse qu’il doit retirer ses chaussures parce que ce lieu est une terre sainte : le déchaussement devenait ainsi, par Révélation divine, un geste sacré particulièrement solennel qui exprimait tout le respect et la dépendance de la créature humaine à l’égard de Dieu. C’est ce geste liturgique de déchaussement que l’Eglise a conservé en le réservant à l’un des moments les plus émouvants du cycle liturgique, l’adoration de la Croix dévoilée, le vendredi saint.

Ce respect, cette révérence, cette adoration vis-à-vis de Dieu est également à l’origine, dans le Nouveau Testament, de tant d’actes poussés jusqu’à l’héroïcité : chez les chrétiens des premiers siècles en particulier qui, par centaines de milliers, par millions, ont versé leur sang parce qu’ils ne voulaient pas courber la tête devant les idoles. Ils ne voulaient pas jeter un grain d’encens à un autre Dieu que le seul vrai Dieu. Mes bien chers frères, pourquoi, au milieu de tant d’autres, pourquoi Saint Polyeucte se trouve-t-il aujourd’hui sur nos autels ? Faut-il rappeler les gestes qui lui ont valu cette couronne immortelle ? Il a craché sur l’Editde l’empereur Dèce qui demandait de sacrifier aux idoles et il l’a déchiré en morceaux. Puis, voyant le peuple qui apportait les idoles dans ses bras pour les adorer, il les a arrachées de leurs mains, il les a brisées contre terre et les a foulées aux pieds. Martyrisé, il a été placé par l’Eglise sur nos autels pour ces gestes.benoit_xvi_istanbul

Pourquoi Saint Pierre MAVIMENE, célébré le 21 février, est-il sur nos autels ? Parce qu’il a dit à des musulmans qui venaient le voir : «Quiconque n’embrasse pas la foi chrétienne catholique est damné comme votre faux prophète Mahomet » et il a été martyrisé pour avoir dit ces paroles,  il se trouve sur nos autels pour les avoir prononcées !

Aussi nous demandons, nous demandons avec la gravité que revêtent ces interrogations

– Comment Saint Polyeucte aurait-il été accueilli aux deux réunions interreligieuses d’Assise ? Qu’aurait dit le Pape Jean-Paul II si Polyeucte s’était précipité dans cette église d’Assise où l’on avait juché, pour les bouddhistes, le bouddha sur le tabernacle, afin de renverser la statue du bouddha et de la piétiner ? Quel aurait été le dialogue saisissant entre Saint Polyeucte et le Pape Jean-Paul II ? Saint Polyeucte n’aurait-il pas pu dire au Très Saint Père :Assise-1986

« Mais, Très Saint Père, comment concilier, dans la même religion, les papes qui ont placé les martyrs sur les autels et un pape qui accepte cette réunion interreligieuse, cette réunion où le vrai Dieu se trouve entouré par les idoles ? »

– Comment Saint Pierre MAVIMENE aurait-il réagi en voyant le même pape Jean-Paul II, successeur de Pierre, entrer en 2001 dans la mosquée Omeyyade de Damas, ancienne église catholique dérobée aux chrétiens par les musulmans où la Présence réelle a été chassée, pour écouter réciter les litanies d’Allah et le grand mufti  KAFTARO lui dire que « l’Islam est la religion de la fraternité et de la paix » ?

Comment du haut du ciel, il y a quelques jours, Saint Pierre MAVIMENE a-t-il réagi en voyant Benoît XVI réitérer ce geste et entrer dans la mosquée bleue d’Istanbul, comment a-t-il apprécié le discours du Pape qui a dit que les chrétiens et les musulmans, en suivant leurs religions respectives, oeuvrent pour la paix ?

– Et Moïse, Moïse, du buisson de l’Horeb, comment a-t-il réagi en voyant ce pape se déchausser non pas pour monter sur les cimes de l’Horeb, non pas pour adorer la Croix, le vendredi saint, mais pour rentrer dans une mosquée, pour rentrer dans une officine de l’enfer ?

Nous savons bien, mes bien chers frères, que sa visite dans la mosquée n’est pas celle d’un touriste, que Benoît XVI n’est pas venu en Turquie pour y faire du tourisme. Nous savons bien que la portée de sa visite n’est pas une portée touristique, ni politique mais  religieuse, que cette portée est incalculable tout comme  son déchaussement dans ses effets de relativisation de la Vérité et dans ses effets d’indifférence religieuse. Comme nous préférons encore voir notre Seigneur, sur sa Croix, encadré par deux brigands que par des idoles ! Quelle paix pourrait être obtenue dans le monde si ce n’est la paix de N.S.J.C., et quel règne sinon celui de N.S.J.C. sur les nations ?

Certains diront que le monde a changé, et qu’il n’est plus possible de se comporter de la même façon dans un monde qui était chrétien que dans un monde qui ne l’est plus. C’est en partie vrai, si la façon de présenter la doctrine peut évoluer, celle-ci reste immuable.

Quant aux fruits du dialogue interreligieux, nous l’avons sous nos yeux : le recul partout du christianisme ; une occasion de se rappeler que le monde romain païen a été conquis par le sang des martyrs comme Polyeucte qui renversèrent les idoles, et que l’Islam n’a jamais reculé que sous la pression des armes.

Xavier Celtillos

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