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Censurer Léon Bloy pour condamner Alain Soral ?

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Médias-Presse-Info avait signalé la condamnation frappant Alain Soral pour la réédition de différents ouvrages anciens consacrés aux Juifs, dont le livre intitulé « Le Salut par les Juifs » écrit par Léon Bloy. Sur base d’une plainte déposée par la LICRA, le juge des référés de Bobigny ordonnait la censure partielle de ce livre ainsi que de trois autres et l’interdiction d’un cinquième ouvrage.  A la suite de cette condamnation, le site du Nouvel Observateur a publié le 21 novembre dernier une tribune signée Pierre Glaudes, professeur à Paris-Sorbonne. Il est étrange que cette tribune soit passée quasiment inaperçue tant elle ose avec finesse et intelligence remettre en cause quelques travers de la pensée unique et du terrorisme intellectuel qui l’accompagne.

Evoquant le livre désormais censuré de Léon Bloy, le Professeur Glaudes commence par s’étonner et s’inquiéter d’une décision de justice « frappant une œuvre littéraire vieille de 122 ans et maintes fois rééditée ». Un jugement d’autant plus surprenant que ce livre de Léon Bloy fut publié en réponse à ce qu’il considérait comme les « élucubrations antijuives » d’Edouard Drumont. D’ailleurs, comble du paradoxe, en 1892, Bernard Lazare, juif et défenseur de Dreyfus, avait qualifié cet ouvrage de Léon Bloy de « philosémite ».

Et le professeur Glaudes de souligner que l’on pressent que « dans cette affaire, les circonstances de la publication » – les opinions de l’éditeur, l’effet de série provoqué par l’intégration du livre de Bloy dans un ensemble d’autres pamphlets jugés antisémites – « ont prévalu sur le fond, comme a prévalu l’exploitation de certains passages coupés du mouvement général du livre ».

Et Pierre Glaudes de dénoncer le dangereux précédent et d’interroger : dans ce cas, « Pourquoi ne pas censurer « Le Marchand de Venise » de Shakespeare, « Gobseck » de Balzac ou « L’Argent » de Zola pour leurs propos antisémites ? »

« Et pourquoi n’étendrait-on pas cette pratique à des œuvres marquées par d’autres formes de discriminations : faut-il caviarder les passages des « Femmes savantes » faisant injure aux femmes, ceux du « Mahomet » de Voltaire qui outragent les musulmans, ceux de « Sodome et Gomorrhe » où Proust donne une image dégradante de l’homosexualité ? », ajoute encore l’éminent professeur de la Sorbonne.

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