En fin de matinée, Emmanuel Macron a quitté le sommet de l’Union européenne à Bruxelles avant sa fin pour rejoindre Paris et présider à 13h la réunion interministérielle de crise sur les émeutes en France après trois nuits consécutives de guérilla dans des dizaines de villes.
Des mesurettes face à une guérilla sur tout le territoire
Quelles décisions ont été prises ? Élisabeth Borne, sur proposition de Gérald Darmanin, a enfin annoncé le déploiement de blindés de la gendarmerie. 18 au total, soit quatre véhicules Centaure et quatorze VBRG (véhicules blindés à roue de la gendarmerie). Mais n’est-il pas déjà trop tard pour ce que ce déploiement fasse son effet ? Il fallait les utiliser dès la première nuit pour casser au plus vite l’effet boule de neige des émeutes lorsqu’elles étaient contenues dans une dizaine de villes. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de villes qui sont embrasées et 18 véhicules blindés pour toute la France n’y changeront hélas pas grand chose.
En matière de maintien de l’ordre, il s’agit surtout cette nuit de savoir si le gouvernement autorise ou non gendarmes, policiers et CRS a faire usage de la force sans ménagement pour briser la mobilisation des émeutiers en acceptant de leur livrer une guerre sans merci. Si ce n’est pas le cas, cette nuit sera infernale et humiliante pour les forces de l’ordre, mais aussi pour tous les Français.
D’autre part, le cabinet du Premier ministre a annoncé qu’une réunion débutera à 18h30 entre, d’une part, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot, et, d’autre part, les responsables des réseaux sociaux tels que TikTok, Sanpchat, Twitter, afin de les alerter « sur leur responsabilité et leur demander leur appui notamment pour identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d’infractions » en encourageant à l’émeute et au pillage, mais aussi de demander « le retrait des contenus les plus sensibles ». Si la mesure peut, de prime abord, semblée justifiée, il faudra vérifier qu’elle ne donne pas lieu à une épuration des images qui empêcheraient de prendre la mesure de la situation réelle, plus grave que ce que n’en diraient des médias aux ordres.
Le gouvernement a également annoncé l' »annulation d’évènements de grande ampleur », tels que, par exemple, les concerts de Mylène Farmer au Stade de France. Le ministre de l’Intérieur a aussi demandé aux préfets d’interdire la vente et le transport de mortiers d’artifice. Une mesure strictement théorique dont on doute sérieusement des effets. La vente et le transports de bidons d’essence, d’acides, de produits inflammables ou chimiques seront également interdits.
Gérald Darmanin a aussi demandé à tous les préfets de prendre des dispositions pour que tous les bus et tramways cessent de rouler à partir de 21 heures au plus tard. A Marseille, le préfet a décidé que les transports en commun cesseraient de rouler dès 19h. Jean Castex, reconverti en président de la RATP, s’est rendu à Aubervilliers où un dépôt de bus a été incendié pendant la nuit.
Ces mesurettes sont loin de suffire à dissuader les émeutiers de continuer leurs méfaits.
Plusieurs villes ont décrété des couvre-feu. Ce sera le cas dans la commune de Denain (Nord), dans la ville de Clamart (Hauts-de-Seine) et dans Meudon, Neuilly-sur-Marne, Savigny-le-Temple ou encore Compiègne, dans l’Oise. Mais qui fera respecter ces couvre-feu ?
L’après-midi déjà difficile
Tout au long de la journée, plusieurs actes révoltants ont été signalés en différents coins de France.
A Nantes, un bus électrique a été incendié en pleine journée et un magasin Lidl a été la cible des pillards.
En Seine-Saint-Denis, le centre commercial Rosny 2, a été envahi par les pillards et les vandales. La gare RER de Rosny a également été saccagée.
Dans le centre-ville de Strasbourg, un magasin Apple Store a été pillé par des bandes urbaines qui avaient d’abord créé la panique au centre commercial des Halles.
Bye bye les touristes
Ce chaos met fin aux rêves de tous les acteurs du secteur touristique. Le principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration, l’Umih, a indiqué que les hôteliers français « subissaient une vague d’annulation de leurs réservations ».
Le Royaume-Uni met en garde ses ressortissants contre les émeutes en France. Le ministère britannique des Affaires étrangères souligne que des émeutes ont lieu « dans toute la France » avec notamment des risques de perturbation dans les transports ou la possibilité que des couvre-feux soient mis en place localement, ajoutant que « Les lieux et le moment des émeutes sont imprévisibles ».
Le gouvernement allemand a fait savoir qu’il observe « avec une certaine inquiétude ce qui se passe en France ».
La Norvège a appelé ce vendredi ses ressortissants actuellement en France à éviter les rassemblements de foule . « Il y a eu ces derniers jours des émeutes dans plusieurs endroits en France, y compris à Paris », écrit le ministère norvégien des Affaires étrangères dans un SMS envoyé aux voyageurs norvégiens qui se sont enregistrés sur une application des autorités.
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