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La liturgie plus que millénaire de toute l’Église latine serait incomprise et occulte !

Une autobiographie de François a été publiée le 15 janvier 2025 simultanément dans plus de 80 pays, et en France chez Albin Michel sous le titre Espère.

Ce livre a déjà fait beaucoup parler en raison des propos faux, inadmissibles et injurieux à l’endroit des traditionalistes. C’est à cela que sera consacré le présent article.

Toutefois nous pensons utile de commencer par trois notes préliminaires :

Première note préliminaire : dans ce fameux passage (et dans d’autres propos antérieurs que nous allons rappeler), François ne se contente pas de porter des jugements faux, injurieux et au mieux ignorants (au pire mensongers) à l’endroit des traditionalistes. A la rigueur, s’il n’y avait que cela, la chose n’aurait été que d’une gravité limitée (quoique parfaitement lamentable, surtout de la part de celui qui parle sans cesse du dialogue, de l’écoute, de l’attitude pastorale, et qui adhère à la légende de Vatican II comme étant une « tempête de l’Esprit Saint »), mais il injurie aussi et surtout le missel de saint Pie V en tant que tel, ce qui est une insulte à l’Église !

Deuxième note préliminaire : c’est un livre dans lequel il déclare son admiration pour des théologiens et intellectuels marxistes et modernistes, ainsi qu’une conception moderniste de la foi. Il y affirme aussi que seule la démocratie est un régime politique en adéquation avec la dignité humaine, ce qui est en opposition avec tout le Magistère sur le sujet, et en particulier avec l’enseignement de saint Pie X dans l’Encyclique Notre Charge Apostolique, dite Lettre sur le Sillon du 25 août 1910 condamnant les erreurs de Marc SANGNIER et de son mouvement. Aussi nous pouvons remercier la Providence d’avoir permis à ce livre de paraître, car il lève toutes les ambiguïtés concernant le personnage.

Troisième note préliminaire : pendant que nous rédigions le présent article, François a fait cette déclaration surréaliste, s’inscrivant dans la même ligne que ses propos sur la messe traditionnelle, et confirmant sa totale déconnexion du réel et son logiciel idéologique le plus absolu : « Le troisième point est l’orientation résolue de la vocation sacerdotale à la mission. Le prêtre est pour la mission. Un prêtre qui fait “monsieur l’abbé” n’est pas pour la mission » (Discours aux supérieurs des Grands Séminaires de France, 25 janvier 2025).

Venons-en aux faits : aux pages 268 et 269, nous pouvons lire ces lignes hallucinantes :

«  C’est curieux, cette fascination pour ce que l’on ne comprend pas, qui a un air un peu occulte, et qui semble parfois intéresser même les générations les plus jeunes. Souvent, cette rigidité s’accompagne de toilettes recherchées et coûteuses, de dentelles, de rubans, de chasubles. Ce n’est pas un goût pour la tradition, mais une ostentation de cléricalisme, qui n’est rien d’autre que la version ecclésiastique de l’individualisme. Non pas un retour au sacré, mais tout le contraire : une mondanité sectaire. Parfois, ces déguisements dissimulent des déséquilibres, des déviations affectives, des problèmes comportementaux, un malaise personnel qui peut être instrumentalisé. Au cours de années de pontificat, j’ai dû intervenir sur ce problème à quatre reprises, trois fois en Italie et une fois au Paraguay : des diocèses qui acceptaient des séminaristes souvent déjà éloignés par d’autres séminaires – et quand cela arrive, il y a en général quelque chose qui cloche, quelque chose qui pousse à dissimuler sa propre personnalité dans des contextes fermés ou sectaires. […]

La liturgie ne peut être un rite en soi, en marge de la pastorale. Ni un exercice d’un spiritualisme abstrait, enveloppé dans un sens fumeux du mystère. »

N’importe qui connaissant un tant soit peu les réalités du monde « traditionaliste » sait qu’à supposer qu’il soit de bonne foi et non dans la malveillance pure et simple, la question n’est pas de savoir si François est complètement déconnecté du réel, mais quel qualificatif est le plus approprié pour qualifier cette déconnexion : hallucinante ? Sidérale ? Stratosphérique ? Démentielle ? Le débat est ouvert !

Reprenons maintenant point par point ce qui est dit :

Premier bon point : la liturgie traditionnelle plaît aux jeunes !

Soulignons tout d’abord cette plainte significative : « C’est curieux, cette fascination pour ce que l’on ne comprend pas, qui a un air un peu occulte, et qui semble parfois intéresser même les générations les plus jeunes » : cela signifie qu’il constate que la fameuse révolution conciliaire avec sa prétendue « nouvelle Pentecôte » est largement un échec : dont acte et Deo gratias !

Un beau blasphème : la liturgie plus que millénaire de toute l’Église latine serait incomprise et occulte !

Il parle de « fascination pour ce que l’on ne comprend pas, qui a un air un peu occulte ». Mais réalise-t-il l’absurdité qu’il profère ? Lui a-t-il échappé que pendant les quatorze siècles qui séparent la disparition du latin comme langue vivante de la réforme liturgique, c’est l’intégralité de l’Église latine qui assistait sans aucune alternative à cette messe ? Tant par la langue que le sens du mystère qui s’y trouve, l’Église aurait-elle forcé tous ses enfants latins à n’avoir qu’une nourriture incomprise et occulte ? Quelle insulte envers l’Église ! Il semble ignorer que cette liturgie n’est pas une invention moderne pour faire concurrence à la messe de Paul VI, mais la prière millénaire de l’Église ! Et c’est paradoxalement à notre époque qu’il fait cette remarque, alors que l’alphabétisation et la possession de missels sont devenues universelles et donc que cette liturgie n’a jamais été aussi peu incomprise et occulte !

Cette déclaration est aussi blasphématoire qu’absurde et s’oppose frontalement à l’enseignement du Magistère !

Le Concile de Trente enseigne :

« Si quelqu’un dit que les rites reçus et approuvés de l’Église catholique, en usage dans l’administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en d’autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu’il soit anathème » (VIIè session : Décret sur les sacrements, 3 mars 1547, Canons sur les sacrements en général, Canon XIII)

« Si quelqu’un dit que les cérémonies, les vêtements et les signes extérieurs dont l’Eglise se sert dans la célébration de la messe sont plutôt des dérisions de l’impiété que des marques de piété : qu’il soit anathème. » (XXIIème session, 17 septembre 1562 : Doctrines et canons sur le sacrifice de la messe, 3 mars 1547, Canons sur le très saint sacrifice de la messe, Canon VII)

Le Pape Pie VI condamna le concile de Pistoie entre autre pour ce motif :

« Le synode prescrit l’ordre des matières à traiter dans les conférences : il dit d’abord, que « dans chaque article, il faut distinguer ce qui se rapporte à la foi et à l’essence de la religion de ce qui est propre à la discipline » ; il ajoute que, « dans cette discipline même, il faut distinguer ce qui est néces­saire ou utile pour retenir les fidèles dans le bon esprit, de ce qui est inutile ou trop pesant pour la liberté des enfants de la nouvelle alliance, et encore plus de ce qui est dangereux et nuisible, comme conduisant à la superstition et au matérialisme » (ibid., § 4). Par la généralité des expressions, le synode comprend et soumet à l’examen, qu’il prescrit, même la discipline constituée et approuvée par l’Église, comme si l’Église, dirigée par l’Esprit de Dieu, pouvait établir une discipline non seulement inutile et trop onéreuse pour la liberté chrétienne, mais encore dangereuse, nuisible et conduisant à la superstition et au matéria­lisme. Cette proposition est fausse, téméraire, scan­daleuse, pernicieuse, offensive des oreilles pies, inju­rieuse pour l’Église et pour l’Esprit de Dieu par qui elle est conduite, et erronée pour le moins. » (Bulle Auctorem fidei, 28 août 1794, condamnation du concile de Pistoie, proposition condamnée n°78)

Plus largement, l’Eglise ne peut jamais, dans sa discipline, ordonner ou même permettre quelque chose de mauvais. En effet, quelques décennies plus tard, le Pape Grégoire XVI enseigna :

« L’Eglise est la colonne et le fondement de la vérité – et l’intégralité de cette vérité est enseignée par l’Esprit Saint. L’Eglise peut-elle ordonner, générer ou autoriser ces choses qui ont pour conséquence la destruction des âmes et la disgrâce au détriment des sacrements institués par le Christ ? » (Encyclique Quo graviora, 4 octobre 1833 – aux Evêques de Rhénanie)

Lire à ce sujet cet article :

L’infaillibilité des lois de discipline générale de l’Eglise : exposé général

Le mépris des ornements liturgiques traditionnels : pauvre Curé d’Ars !

François poursuit en écrivant :

« Souvent cette rigidité s’accompagne de toilettes recherchées et coûteuses, de dentelles, de rubans, de chasubles. Ce n’est pas un goût pour la tradition, mais une ostentation de cléricalisme, qui n’est rien d’autre que la version ecclésiastique de l’individualisme. Non pas un retour au sacré, mais tout le contraire : une mondanité sectaire. Parfois, ces déguisements […].»

On croit rêver ! L’application de la loi ecclésiastique et la piété catholique de tous les siècles à propos des ornements liturgiques et de la dignité du culte serait donc subitement devenue « une ostentation de cléricalisme, qui n’est rien d’autre que la version ecclésiastique de l’individualisme » !?

Souvenons-nous de ce que nous disions juste au-dessus du Concile de Trente et de Pie VI ! Cette caricature tombe directement sous leurs condamnations !

Et pensons au saint Curé d’Ars qui vivait volontairement dans une austérité et une pénitence extrêmes, mais pour qui rien n’était trop beau pour le culte divin, et qui depuis son village de l’Isère faisait le voyage jusqu’à Lyon (avec les moyens de déplacement de l’époque !) pour aller dans les plus grands magasins de liturgie sans regarder à la dépense, estimant qu’« on doit offrir à Notre-Seigneur Jésus-Christ tout ce qu’il y a de plus beau et de plus précieux » ! Qu’on lise plutôt ce qu’écrit son célébrissime biographe, Mgr Francis TROCHU dans Le curé d’Ars saint Jean-Marie-Baptiste Vianney (1786-1859) d’après toutes les pièces du procès de canonisation et de nombreux documents inédits au Chapitre VI consacré à la « Restauration de de la vieille église d’Ars » (11e édition française, Paris, Lyon, s.d., 1925, pp. 191-204). Mgr René FOURREY, Évêque de Belley qui fut celui du saint Curé d’Ars, nous apprend aussi qu’il achetait, à l’aide de son propre argent et de dons de personnes pieuses, un nouveau maître-autel riche en dorures (Le Curé d’ars authentique, L’Échelle de Jacob, 2009 (1re éd. 1964), p. 100). Aux frais du vicomte des Garets, frère de la châtelaine d’Ars (p. 115), il acheta pour l’église des ornements somptueux, répétant souvent aux marchands « Pas assez beau, il faut plus beau que cela » (p. 130).

Des problèmes comportementaux de certains prêtres disant la messe de saint Pie V ? Un deux poids deux mesures à vomir !

François poursuit :

« Parfois, ces déguisements dissimulent des déséquilibres, des déviations affectives, des problèmes comportementaux, un malaise personnel qui peut être instrumentalisé. Au cours de années de pontificat, j’ai dû intervenir sur ce problème à quatre reprises, trois fois en Italie et une fois au Paraguay : des diocèses qui acceptaient des séminaristes souvent déjà éloignés par d’autres séminaires – et quand cela arrive, il y a en général quelque chose qui cloche, quelque chose qui pousse à dissimuler sa propre personnalité dans des contextes fermés ou sectaires. »

Comment décrire l’écoeurement devant l’affirmation latente qu’il existe une causalité entre ces problèmes psychiatriques et l’attachement à la liturgie traditionnelle !? La liturgie plus que millénaire de toute l’Église latine aurait-elle un lien consubstantiel avec « des déséquilibres, des déviations affectives, des problèmes comportementaux, un malaise personnel qui peut être instrumentalisé » et « quelque chose qui pousse à dissimuler sa propre personnalité dans des contextes fermés ou sectaires » ?

A-t-il pensé une seule seconde au spectacle infiniment plus déplorable offert par ceux qui pratiquent la nouvelle messe ? Car sans généraliser – contrairement à ce qu’il fait en sens inverse – la proportion de personnalités à (graves) problèmes est incommensurablement plus élevée chez les pratiquant de la messe de Paul VI que chez ceux de celle de saint Pie V, le fait est évident et se passe de tout commentaire.

Notons par ailleurs qu’il marque lui-même une magnifique « but contre son camp » en disant : « Au cours de années de pontificat, j’ai dû intervenir sur ce problème à quatre reprises, trois fois en Italie et une fois au Paraguay ». C’est donc tout : en 12 ans de pontificat, avec un champs d’action mondial et un oeil particulièrement acéré contre tout ce qui est traditionnel, il n’a eu à intervenir que quatre fois, alors qu’il existe quelques dizaines d’instituts (plus ou moins grands) pratiquant la messe traditionnelle, avec plusieurs centaines voire milliers de prêtres et de séminaristes, ainsi que des centaines de milliers de fidèles pratiquants ou sympathisants, voilà bien une proportion qui autorise à étaler en place publique une telle insulte et une telle caricature pour salir l’intégralité du « monde traditionnel » !

Soulignons qu’il précise qu’il s’agit de « diocèses qui acceptaient des séminaristes souvent déjà éloignés par d’autres séminaires » : il ne s’agit donc que de cas marginaux, tant au niveau de l’Église universelle qu’au niveau du « monde traditionnel », essentiellement fourni par des instituts dédiés, ayant leurs propres séminaires où François n’a rien trouvé à redire. C’est inadmissible de la part de celui qui est censé être l’homme le mieux informé de l’Église !

La liturgie traditionnelle est fumeuse !

Nous le citons encore :

«  La liturgie ne peut être un rite en soi, en marge de la pastorale. Ni un exercice d’un spiritualisme abstrait, enveloppé dans un sens fumeux du mystère. »

Faut-il encore répondre à ce genre d’inepties ? Nous ne le ferons en tout cas pas : nous nous contentons de renvoyer à tout ce que nous venons de développer, la réponse s’y trouve largement exposée !

François n’en est pas à son coup d’essai : il a déjà plusieurs fois répandu son fiel et son mépris pour la liturgie de saint Pie V !

François a plusieurs fois qualifié ceux qu’il appelle « rigides », dont, selon lui, les traditionalistes, comme nous l’avons vu, de la manière suivante : « la tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire vouloir s’enfermer dans ce qui est écrit (la lettre) et ne pas se laisser surprendre par Dieu, par le Dieu des surprises (l’esprit); à l’intérieur de la loi, de la certitude de ce que nous connaissons et non pas de ce que nous devons encore apprendre et atteindre. Depuis l’époque de Jésus c’est la tentation des zélés, des scrupuleux, des attentifs et de ceux qu’on appelle — aujourd’hui «traditionalistes» et aussi des intellectualistes. » (Discours à la 15e Congrégation générale du synode sur la famille, 18 octobre 2014), à la question de savoir pourquoi certains jeunes, qui n’ont pas été élevés avec l’ancienne messe en latin, la préfèrent néanmoins, François répondit : « Et je me pose la question : Pourquoi tant de rigidité ? Creusez, creusez, cette rigidité cache toujours quelque chose, une insécurité ou même autre chose. La rigidité est défensive. Le véritable amour n’est pas rigide. » (Entretien avec le Père Antonio SPADARO, Rédacteur en chef de Civiltà Cattolica dans le livre Nei tuoi occhi è la mia parola, 2016), « J’ai vu des séminaristes qui réagissent avec rigidité mentale à l’innovation et à la diversité des points de vue. Derrière chaque rigidité, il y a un problème non-résolu et aussi, peut-être, une maladie. » (Dieu est jeune, 2018), « Nous avons vu, fréquemment, des séminaristes qui ont l’air bien, mais qui sont rigides. La rigidité n’est pas d’un bon esprit ; derrière cette rigidité, il y a de gros problèmes. » (Discours du 24 mai 2021 à l’hôtel Ergife Palace, près du Vatican, pour ouvrir l’assemblée générale des évêques italiens).

Le 14 février 2014, François a reçu en audience les évêques de république tchèque venus à Rome pour leur visite ad limina. Lors de cette visite, comme c’est habituellement le cas, outre le discours officiel, le Pape a écouté les questions et les commentaires des évêques. L’Archevêque d’Olomouc, Mgr Jan GRAUBNER, a raconté à la section tchèque de Radio Vatican ce que François lui a dit :

« [Lorsque nous avons discuté de ceux qui aiment l’ancienne liturgie et souhaitent y revenir, il était évident que le pape parlait avec beaucoup d’affection, d’attention et de sensibilité pour tous, afin de ne blesser personne. Cependant, il a fait une déclaration assez forte en disant qu’il comprend que l’ancienne génération revienne à ce qu’elle a connu, mais qu’il ne peut pas comprendre que la jeune génération veuille y revenir. Quand je cherche plus profondément – a dit le pape – je trouve qu’il s’agit plutôt d’une sorte de mode [en tchèque : « móda »]. Et s’il s’agit d’une mode, c’est donc une question qui n’a pas besoin de beaucoup d’attention. Il faut simplement faire preuve de patience et de gentillesse à l’égard des personnes qui sont accros à une certaine mode. Mais je considère qu’il est très important d’aller en profondeur, parce que si nous n’allons pas en profondeur, aucune forme liturgique, celle-ci ou celle-là, ne pourra nous sauver. » (https://rorate-caeli.blogspot.com/2014/02/important-pope-francis-on-feb-14-young.html

Discours aux enseignants et étudiants de l’Institut Pontifical Liturgique du 7 mai 2022 :

« Ce n’est que de cette manière que la participation peut se traduire par un sens plus grand de l’Église, qui nous fait vivre évangéliquement en tout temps et en toute circonstance. Et même cette attitude de célébration souffre de tentations. Sur ce point, je voudrais souligner le danger, la tentation du formalisme liturgique : rechercher les formes, les formalités plutôt que la réalité, comme nous le voyons aujourd’hui dans ces mouvements qui tentent de revenir en arrière et de nier le Concile Vatican II lui-même. De cette façon, la célébration est une récitation, une chose sans vie, sans joie. […]

Je me suis brièvement attardé sur ces trois aspects fondamentaux. J’insiste à nouveau sur le fait que la vie liturgique, et son étude, doivent conduire à une plus grande unité ecclésiale, et non à la division. Lorsque la vie liturgique est une bannière de division, il y a l’odeur du diable là-dedans, le trompeur. Il n’est pas possible d’adorer Dieu et en même temps de faire de la liturgie un champ de bataille pour des questions qui ne sont pas essentielles, voire dépassées, et de prendre parti, à partir de la liturgie, pour des idéologies qui divisent l’Église. L’Évangile et la Tradition de l’Église exigent que nous soyons fermement unis sur les questions essentielles, et que nous partagions les différences légitimes dans l’harmonie de l’Esprit. C’est pourquoi le Concile a voulu préparer abondamment la table de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, pour rendre possible la présence de Dieu au milieu de son Peuple. Ainsi, l’Église, par la prière liturgique, prolonge l’œuvre du Christ au milieu des hommes et des femmes de tous les temps, et aussi au milieu de la création, en dispensant la grâce de sa présence sacramentelle. La liturgie doit être étudiée en restant fidèle à ce mystère de l’Église. »

Discours aux évêques et prêtres des Églises de Sicile du 9 juin 2022 :

« Je ne veux pas finir sans parler de quelque chose qui m’inquiète, m’inquiète assez. Je me demande : la réforme que le [Concile] a initiée, comment allez-vous ? La piété populaire est une grande richesse et il faut la garder, l’accompagner pour qu’elle ne se perde pas. Même l’éduquer. Sur cette lecture n. 48 d’Evangelii Nuntiandi qui est pleinement d’actualité, ce que saint Paul VI nous a dit de la piété populaire : la libérer de tout geste superstitieux et prendre la substance qu’elle a en elle. Mais la liturgie, comment ça se passe ? Et là je ne sais pas, pourquoi je ne vais pas à la messe en Sicile et je ne sais pas comment prêchent les prêtres siciliens, s’ils prêchent comme suggéré dans Evangelii gaudium ou s’ils prêchent de telle manière que les gens sortent pour une cigarette et puis reviens… Ces sermons dans lesquels on parle de tout et de rien. Gardez à l’esprit qu’après huit minutes, l’attention baisse et que les gens veulent de la substance. Une pensée, un sentiment et une image, et il porte ça toute la semaine. Mais comment font-ils la fête ? Je ne vais pas à la messe là-bas, mais j’ai vu des photographies. Je parle clairement. Mais mes chers, toujours [toujours la dentelle, les bonete [barette]]…, mais où en sommes-nous ? Soixante ans après le Concile ! Une petite remise au goût du jour aussi dans l’art liturgique, dans la « mode » liturgique ! Oui, apportez parfois des dentelles de grand-mère, mais parfois. C’est pour rendre hommage à la grand-mère, n’est-ce pas ? Vous comprenez tout, n’est-ce pas ? C’est bien de rendre hommage à la grand-mère, mais c’est mieux de célébrer la mère, la sainte mère Église, et comment l’Église mère veut être célébrée. Et cette insularité n’empêche pas la véritable réforme liturgique que le Concile a proposée. Et ne restez pas silencieux. »

Paul VI, dans la fameuse exhortation apostolique Evangelii nuntiandi qu’il cite, déclare au n°48 :

« La religiosité populaire, on peut le dire, a certainement ses limites. Elle est fréquemment ouverte à la pénétration de maintes déformations de la religion voire de superstitions. Elle reste souvent au niveau de manifestations culturelles sans engager une véritable adhésion de foi. Elle peut même mener à la formation de sectes et mettre en danger la vraie communauté ecclésiale. »

C’est donc ainsi que François juge la liturgie approuvée par saint Pie V et les règles qu’elle impose ! 

Lettre apostolique Desiderio desideravi, du 29 juin 2022, sur la formation liturgique du Peuple de Dieu dit que l’attachement au Missel de saint Pie V relève de : « la poursuite d’un esthétisme rituel qui ne prend plaisir qu’à soigner la formalité extérieure d’un rite ou se satisfait d’une scrupuleuse observance des rubriques » (n°22), ou encore qu’il lui « semble parfois exprimer l’expression vague de « sens du mystère » » et est « une sorte de désarroi devant une réalité obscure ou un rite énigmatique » (n°23). François ne mentionne jamais de manière explicite le rite de saint Pie V, mais tant le contexte général, que les autres propos identiques qu’il a pu tenir, que la mention de « sens du mystère » ou de « rite énigmatique », indiquent que c’est bien de cela qu’il parle.

Discours aux membres de l’Association italienne des professeurs de la liturgie, 1er septembre 2022 :

« Au lieu de cela, faire marche arrière signifie revenir en arrière de deux étapes parce que « ça a toujours été fait comme ça » c’est mieux. C’est une tentation dans la vie de l’Église qui vous conduit à un restaurationnisme mondain, déguisé en liturgie et en théologie, mais c’est mondain. Et l’arriération est toujours mondanité : c’est pourquoi l’auteur de la Lettre aux Hébreux dit : « Nous ne sommes pas des gens qui reculent ». Non, vous continuez, selon la ligne que la tradition vous donne. Revenir en arrière, c’est aller contre la vérité et aussi contre l’Esprit. Faites bien cette distinction. Car dans la liturgie nombreux sont ceux qui se disent « selon la tradition », mais ce n’est pas le cas : tout au plus seront-ils traditionalistes. Un autre a dit que la tradition est la foi vivante des morts, le traditionalisme est la foi morte de certains vivants. Ils tuent ce contact racine en revenant en arrière. Attention : aujourd’hui la tentation est de revenir en arrière déguisé en tradition. »

Plus tôt dans le même discours, il avait dit ce qui suit, et dont on a du mal à penser que cela ne visait pas, sans le dire, la liturgie de saint Pie V :

« La liturgie est l’œuvre du Christ et de l’Église, et en tant que telle, elle est un organisme vivant, comme une plante, elle ne peut être négligée ou maltraitée. Ce n’est pas un monument en marbre ou en bronze, ce n’est pas un musée. La liturgie est aussi vivante qu’une plante et doit être cultivée avec soin. Et puis, la liturgie est joyeuse, avec la joie de l’Esprit, pas d’une fête mondaine, avec la joie de l’Esprit. Pour cette raison, il n’est pas clair, par exemple, qu’une liturgie avec un ton funéraire ne fonctionne pas. Elle est toujours joyeuse, car elle chante les louanges du Seigneur. […]

Nous avons besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’une vision élevée de la liturgie, telle qu’elle ne se réduise pas aux détails de la rubrique : une liturgie qui ne soit pas mondaine, mais qui fasse lever les yeux au ciel, sentir que le monde et la vie sont habité par le Mystère du Christ; et en même temps une liturgie « terre à terre », propter homines, pas loin de la vie. Pas avec cette exclusivité mondaine, non, cela n’a pas d’importance. Sérieux, proche des gens. Les deux choses ensemble : tourner notre regard vers le Seigneur sans tourner le dos au monde. »

Louis FLETENCHARD

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3 Commentaires
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Chingly
Chingly
il y a 19 jours

Encore des méfaits du jésuite marxiste pourri.

Charlemagne Henriette Havelange
Charlemagne Henriette Havelange
il y a 18 jours

Si vous partez en guerre , je part avec vous , si nos parents voyaient de tels écrits !!!

nicole
nicole
il y a 14 jours

Regardez le culte rendu aux divinités, en Mésopotamie, en Grèce, à Rome, chez les Incas, chez les Vikings, etc.. Des ornements luxueux, des offrandes.
Rien à voir avec une messe « moderniste » !