Après prise en compte de plus de 94% des caucus (mot indien signifiant « réunion »), Cruz (conservateur soutenu par les évangélistes) est assuré de l’emporter dans l’Iowa. Les résultats lui donnent pour l’instant 27,7% des votants, devant Trump, nettement distancé avec 24,3%(alors que les derniers sondages le donnaient vainqueur de justesse). Trump n’obtient d’ailleurs la 2e place que de justesse devant Rubio (23,1%), un candidat hostile à l’avortement, au soi-disant « mariage » homo. et à l’idéologie du genre.
Les candidats plus libéraux, notamment Kasich, Christie et Jeb Bush, sont marginalisés avec respectivement 1,9%, 1,8% et 2,8%. La contre-performance de Jeb Bush, frère et fils d’anciens présidents, est particulièrement nette.
Le vainqueur des caucus de l’Iowa de 2012, Rick Santorum, hostile lui aussi à l’avortement (ainsi qu’à la contraception) mais concurrencé cette fois-ci par de nombreux autres candidats à peu près sur la même ligne, n’arrive qu’en 11e position, avec 1,0% des votants.
A noter qu’aux Etats-Unis, on tient généralement comptes des votes blancs et nuls dans l’expression des résultats. Il est aussi souvent possible de voter pour des personnes non candidates ou de voter explicitement pour « aucun des candidats » déclarés. C’est pour cela que les votes sont donnés en % des votants, et non des suffrages exprimés.
Autre particularité: les caucus, contrairement aux primaires, ne sont pas que des élections. Avant le vote, les électeurs, qui doivent s’enregistrer au préalable comme membres du parti (au moins pour l’année en cours), discutent sur les problèmes locaux, de l’Etat ou, lorsqu’il s’agit des « préférences présidentielles », sur les problèmes des Etats-Unis dans leur ensemble. Il est proposé aux personnes présentes de faire des discours (de courte durée néanmoins) en faveur d’un des candidats. C’est seulement après ces discussions et discours que commence le vote.
On le voit, la participation politique des électeurs de base est plus importante qu’en Europe.
De plus, les caucus se déroulent à trois ou quatre degrés. Quand il y en a trois, les électeurs élisent les délégués du comté, qui élisent ensuite les délégués de l’Etat à la Convention nationale. Les délégués de l’Etat élisent enfin le candidat du parti aux élections présidentielles. Entre les délégués des comtés et les délégués de l’Etat, il est parfois procédé à l’élection de délégués de districts, qui comprennent un certain nombre de comtés.
Enfin, 168 délégués du parti républicain (3 par Etat, plus 3 pour la capitale et 3 pour chacun des 5 Etats associés qui participent aux primaires, bien qu’ils ne participent pas à l’élection générale de novembre) sont nommés par les dirigeants du parti, et non élus.
Il est donc parfois difficile, souvent très long, de savoir qui va l’emporter, d’autant qu’au fur et à mesure que des candidats renoncent à leurs candidatures, leurs délégués sont libres de voter pour n’importe qui d’autre… où même d’ailleurs pour le candidat qui a pourtant renoncé, ce dernier choix étant toutefois rare. Il en est de même des électeurs qui gardent la possibilité de voter pour un candidat qui a renoncé, si toutefois sa candidature a déjà été enregistré dans l’Etat concerné ou si la déclaration de candidature n’est pas nécessaire.
Du fait de ce mode de scrutin pour les caucus, et de modes de scrutin également très variables d’un Etat à l’autre pour les primaires (majoritaire, proportionnelle ou mixte), il n’est pas garanti que ce soit le candidat ayant obtenu le plus de voix au niveau des Etats-Unis et des Etats associés qui soit déclaré vainqueur des primaires.
On peut remarquer que cette élection à plusieurs degrés ressemble beaucoup au mode de scrutin utilisé pour l’élection des députés du Tiers-Etat aux Etats généraux en France, aussi bien à ceux de 1614 qu’à ceux de 1789. Il ne faut pas trop s’en étonner: les premières élections présidentielles américaines ont eu lieu en novembre 1788, à peine un mois avant le Conseil du Roi du 27 décembre 1788 convoquant les Etats généraux et l’influence de la France aux Etats-Unis était assez importante à l’époque, du fait de l’aide que notre pays avait apporté aux « insurgés » américains.
G. Paume
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