Au Myanmar, des soldats de la junte militaire ont incendié la cathédrale Saint-Patrick de Banmaw, dans l’État Kachin. L’armée a déjà détruit de nombreux édifices religieux depuis qu’elle a pris le pouvoir en 2021.
C’est le dimanche 16 mars, veille de la fête de Saint Patrick, le saint auquel est dédiée la cathédrale catholique de Banmaw, que celle-ci a été incendiée lors d’opérations menées dans la zone par les soldats du Conseil d’administration de l’État (SAC), la junte militaire au pouvoir.
La maison du prêtre, le bâtiment de trois étages abritant les bureaux diocésains et le lycée du diocèse avaient déjà été incendiés par l’armée le 26 février.
Le diocèse de Banmaw, actuellement dirigé par Mgr Raymond Sumlut Gam, s’étend sur une zone essentiellement montagneuse. Avant le début du conflit, il comptait une population civile de plus de 407 000 habitants, dont 27 000 catholiques appartenant à divers groupes ethniques.
Une longue liste de lieux de culte attaqués par l’armée birmane
De nombreux lieu de culte catholiques avaient déjà subi les méfaits de l’armée birmane depuis le début de la guerre civile en 2021. Le 3 mars, les forces armées birmanes avaient attaqué et détruit le centre pastoral de l’église catholique Saint-Michel, également située dans le diocèse de Banmaw. La junte militaire est également responsable des frappes aériennes qui avaient endommagé l’église du Sacré-Cœur, située dans l’État Chin, le 6 février.
Un pays en proie à de nombreux troubles
La Birmanie est livrée à de nombreux conflits militaires, ethniques et sociaux. Une milice ethnique, l’Armée de l’Alliance nationale démocratique du Myanmar (MNDAA), exploite des ressources locales – notamment les mines d’or gérées par des travailleurs chinois d’origine han –, ce qui a déclenché des troubles au sein de la population kachin. Des manifestations ont éclaté contre la dégradation de l’environnement, manifestations sévèrement réprimées par les forces de la MNDAA qui ont tué six manifestants.
De même, dans l’État Shan, les civils ont été contraints de louer leurs terres pour la culture de bananes à des prix injustes, ce qui alimente encore davantage le ressentiment.
Près de 6 400 civils ont été tués et plus de 28 700 ont été arrêtés depuis que l’armée a pris le pouvoir. La guerre a provoqué une crise humanitaire majeure : près de 20 millions de personnes dans le pays ont besoin d’aide humanitaire et un tiers de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire.
Léo Kersauzie
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