Les récentes paroles du cardinal Müller au quotidien Il Corriere della Sera sur « un risque de schisme » au sein de l’Église actuelle ont suscité de vives réactions indignées de la part de ce que le prélat allemand nomme « le cercle magique » du pape.

Les amis du pape se sont empressés de se serrer autour de François et de bastonner l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi qui, dans ce même entretien, avait pourtant réaffirmé sa fidélité au pape argentin tout en exprimant, il est vrai, ses inquiétudes sur certaines dérives vaticanes.

Alberto Melloni, chef de la fameuse « école de Bologne », l’aile la plus gauchiste du monde ecclésiastique italien, qui étudie le concile Vatican II à travers l’optique de l’herméneutique de la discontinuité, historien proche de Jorge Maria Bergoglio, si proche qu’il a été souvent considéré un « conseiller » du pontife, a demandé le silence :

« Je ne crois pas qu’il y ait un danger de schisme : l’Église catholique est unie avec les différences qui existent. Entendre une personne parler ainsi, qui a été à un poste important à la Doctrine de la foi, me semble être une forme de menace envers le pape. »

« Si quelqu’un est avec le pape, peut-être devrait-il être plus silencieux. »

Quant à la requête du cardinal Müller que le Vatican écoute toutes les voix, Melloni coupe court :

« L’Église n’est pas un marché aux poissons. »

Pour un progressiste convaincu, qui revendique, proteste et conteste, le commentaire est étonnant, voire… hypocrite.

D’autres ont répondu à l’Allemand à travers les réseaux sociaux.

Tel le père jésuite Antonio Spadaro, considéré par beaucoup de vaticanistes comme le « gourou » de la communication du pontife. En réponse à la réflexion du cardinal sur la nécessité « de dépasser l’hôpital de campagne » afin d’« archiver la guerre contre le bien naturel et surnaturel des hommes d’aujourd’hui qui l’a rendu nécessaire » car « aujourd’hui nous avons besoin […] [de] transmettre une vision forte en termes de valeurs morales et culturelles et de vérités spirituelles et théologiques », le père Spadaro a touitté :

« L’Église « est » par sa nature –et non de façon temporaire- hôpital de campagne, appelée à toucher les blessures de toute sorte avec le baume de l’Évangile. »

Tel Andrea Grillo, théologien laïc que l’on dit très écouté à Sainte-Marthe, ouvrier du rapprochement au-delà de la diversité avec les protestants et d’une messe œcuménique, qui s’est déchaîné contre le prélat allemand en postant une attaque vicieuse sur touitter :

« L’entretien au Corriere della Sera clarifie bien pour quoi Müller n’est plus préfet. »

En effet, le cardinal, de façon tout-à-fait inédite dans l’histoire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a été limogé de son poste de préfet alors qu’il n’avait pas encore atteint la limite d’âge de 75 ans.

Les nuages de divisions s’amoncellent sur le pontificat de François… Mais s’il y avait schisme, que cela n’inquiète pas les fidèles attachés à la Tradition millénaire de l’Église catholique : ce ne serait qu’un schisme à l’intérieur de ce que le père Calmel appelait « la fausse Église » dans un article paru en 1971 dans le n°149 de la revue Itinéraire :

«La fausse Église qui se montre parmi nous depuis le curieux concile de Vatican II, s’écarte sensiblement, d’année en année de l’Église fondée par Jésus-Christ. La fausse Église post-conciliaire se contredivise de plus en plus à la sainte Église qui sauve les âmes depuis vingt siècles (et par surcroît illumine et soutient la cité). La pseudo-Église en construction se contredivise de plus en plus à l’Église vraie, à la seule Église du Christ, par les innovations les plus étranges tant dans la constitution hiérarchique que dans l’enseignement et les mœurs. »

Quelques années plus tard, dans une lettre du 29 juillet 1976 à ses amis, Mgr Lefebvre développait la même idée :

« Cette Église conciliaire est une Église schismatique, parce qu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours. Elle a ses nouveaux dogmes, son nouveau sacerdoce, ses nouvelles institutions, son nouveau culte, déjà condamnés par l’Église en maints documents officiels et définitifs. C’est pourquoi les fondateurs de l’Église conciliaire insistent tant sur l’obéissance à l’Église d’aujourd’hui, faisant abstraction de l’Église d’hier, comme si celle-ci n’existait plus. […] L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape, les évêques, prêtres ou fidèles adhèrent à cette nouvelle Église, ils se séparent de l’Église catholique. L’Église d’aujourd’hui n’est la véritable Église que dans la mesure où elle continue et fait corps avec l’Église d’hier et de toujours. La norme de la foi catholique, c’est la Tradition. »

En le retour à la Tradition « norme de la foi catholique » réside donc la solution pacificatrice aux graves inquiétudes du cardinal Müller, partagées par d’autres ecclésiastiques conciliaires, effrayés qu’ils sont par la révolution du pape François.

Francesca de Villasmundo

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