Le ministère de Mme Belkacem de funeste mémoire a mobilisé les résistances sur la théorie du genre et l’arabisation des écoles primaires. A juste titre.
Pendant ce temps, l’Education Nationale fourbissait ses armes. Et la plus formidable porte un nom : Canopè. C’est une structure éditoriale, autrement dit un formidable engin de propagande. Elle existe depuis deux ou trois ans, mais elle a désormais un site internet et selon toute apparence, une armée de scribes à sa disposition.
C’était en septembre. Allons sur la toile, tapons, la page s’ouvre devant nos yeux émerveillés. C’est ce que j’ai fais en septembre 2018. Voici ce qu’on trouvait sur le site ; Pour l’école de la confiance, Nouveaux enseignants, Le guide du nouvel enseignant (17,50 euros), Découvrir le cerveau à l’école. Très franchement, à quoi bon connaître comment ça marche si on n’a plus que trois pois chiches qui se croisent de temps en temps en faisant bling bling. On avait aussi « magist@re, ( ?) et surtout L’école en Algérie, l’Algérie à l’école. Ce livre était alors gratuit mais il coûte aujourd’hui à peine 10 euros : si l’on en juge à la couverture il a dû coûter une fortune. Suivait toute la série de livres sur les méthodes nouvelles pour enseigner : La grammaire nouvelle à l’école, ou Faire de la grammaire avec les nouveaux programmes. Et si on était un peu curieux, on pouvait trouver l’objectif général affiché dans le secondaire: S’approprier les connaissances et les compétences pour comprendre le monde et devenir un citoyen éclairé et actif. Quelles connaissances ?
Aujourd’hui, deux mois plus tard donc, un professeur de lycée qui chercherait des éléments pour ses classes de seconde ou de première, pour disons, la dissertation, ou le commentaire composé, pour l’objet d’étude renouvelé « La question de l’homme », ce professeur de lycée trouverait les ouvrages suivants : La littérature populaire, La littérature réunionnaise, Les actes d’un colloque sur la littérature et la philosophie, Le pari de la littérature (de la maternelle au lycée, voilà qui va aider les jeunes professeurs en lycée…), La littérature en débats, La littérature en corpus, La littérature contemporaine française, La littérature anglophone des Caraïbes ( !), Littérature et tablettes tactiles. Europe dans la littérature (mais pour le niveau collège), Petite anthologie des littératures occitane et catalane.
Allons en bas voir les menus. Recrutement et concours par exemple. On cherche des commerciaux, des chefs de projets, on recrute. Et toute une flopée de concours sont ouverts à tous les décérébrés qui s’y connaissent dans les TICE et qui vont constituer la future armée de la nouvelle dictature du non savoir.
Nous savons à présent que dans les deux années qui suivent, sauf gilets jaunes de la littérature dans toutes les villes de France, nous n’aurons plus de littérature française. Dans une France où les jeunes ignorent de plus en plus l’orthographe, et arrivent en terminale en étant capable de parler de « Descartes lecteur de Freud, tout cela n’est que le service de propagande des pédagogues qui gouvernent dans nos écoles depuis 50 ans.
Sans cette valse des réformes depuis quatre ou cinq décennies, les familles pouvaient aider leurs enfants, au moins dans le primaire, parce qu’elle connaissait un peu le « paralangage », comme disent les cuistres. Il était sans doute insupportable à tous les Justes de la terre de France ayant un quelconque mandat politique que puisque toutes les mères ne pouvaient pas expliquer une règle grammaticale simple à leur progéniture, il fallait détruire la langue dans laquelle les explications se donnaient et qui assuraient des exercices mécanisés. On se souvient de la triste formule de Lénine : « Camarades, si le soleil ne brille que pour la bourgeoisie, nous éteindrons le soleil ». Alors, camarades socialistes, si la grammaire n’est plus compréhensible aux familles défavorisées, détruisons la grammaire… Ou modifions-la de telle manière que ceux qui étaient encore capables d’aider leurs enfants ne le puissent plus. Détruire le lien entre les générations a été l’un des premiers objectifs de ces députés dignes de la fable de Fénelon.
S’en souvient-on encore de cette fable délicieuse qui met en scène ce chat « vegan » adepte de la sagesse, qui a vu des pays merveilleux et ne vient que pour échanger, et qui même, ne croque pas les lapins, puisqu’il est adepte de la métempsychose et ne mange rien « qui eût vie ». Qui croit encore le moindre député de notre République des lapins ?
Le ministre a changé, certes, mais qu’importe, l’Administration dispose à présent de structures solides, opaques, et solidement verrouillées. Inutile de nourrir trop d’illusions. Ça sera long pour redécouvrir la raison et la liberté de réfléchir dans nos écoles, sur fond d’une authentique culture française et européenne, car, n’est-ce pas, nous n’avons pas attendu Jean Monnet ou Robert Schumann pour notre République des Lettres ? ça fait des lustres qu’on est européens…
A la rentrée de septembre, les professeurs devaient payer 17 euros l’ouvrage destiné à les aider pendant qu’on distribuait gracieusement un livre d’art sur l’école en Algérie, qui aujourd’hui, coûte moins cher que le guide des jeunes enseignants.
Je crois que le clou de ce site c’est l’ouvrage L’arbre à défis (il s’inscrit dans les programmes officiels de primaire, cycle 3 dans le cadre des programmes d’histoire, d’histoire des arts, de l’instruction civique et morale).
L’ouvrage se présente comme une initiation au fait religieux
Le jeu comprend :
- Le guide du maître
- Un CD-Rom
- des exemples de fiches de préparation.
Les Thématiques abordées :
- Les symboles (il y a une faute d’orthographe, sans S)
- L’espace
- La construction du temps
- Les pratiques : Le cadre légal dans lequel ces pratiques s’inscrivent
- Les préjugés, les stéréotypes
D’une grande richesse de contenu comme on voit. Vous voyez quelque chose qui traite d’une seule religion ? de la différence entre polythéisme et monothéisme, de l’animisme, du shamanisme…
Notez bien qu’il y a un cadre légal dans lequel ces pratiques s’inscrivent : il convient d’aller y voir de près.
Il faut d’urgence un contre canopé. Car tout cela a coûté beaucoup d’argent. Et qui écrit toutes ces fariboles. C’est simple, tous les incultes sortis des UER des sciences de l’Education. Il y a quelque années, alors que j’enseignais dans les IUFM en terminant une thèse de philosophie, le directeur de l’IUFM où j’enseignais a dit publiquement, devant toute l’équipe des enseignants et attachés divers, que les IUFM étaient le débouché naturel de la section 70 (les sciences de l’éducation).
CANOPE est l’autre débouché naturel…
Mme Arendt avait écrit de fort belles pages sur la propagande d’Etat. Je me demande ce qu’elle en penserait aujourd’hui…
Marion Duvauchel,
Professeur de lettres et de philosophie
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