Ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen, fondateur du Mouvement national républicain (MNR) après avoir été écarté des postes clés du Front National, Bruno Mégret est de retour, pour un entretien avec le quotidien Le Point dans lequel il tacle Marine Le Pen et son discours, « le même que [celui de] la classe politique, alors qu’ils devraient porter une vision radicalement différente pour incarner l’alternative au système en place ». Et de souligner :
« Aujourd’hui, les Français n’ont plus la moindre confiance dans les politiques qu’ils savent impuissants à résoudre leurs problèmes et, de ce point de vue, Marine Le Pen n’est pas différente de ses concurrents, car elle ne porte aucun projet qui rendrait sa puissance au politique. Rendre du pouvoir au pouvoir, là est le nœud du succès. »
Bien qu’il fut l’auteur de la « dédiabolisation » du Front National, aujourd’hui il préconise un discours politique qui soit clairement en « rupture avec le système », langage que selon lui ne tient pas le Rassemblement National :
« Sur l’immigration par exemple, ce n’est pas clairement le cas. Pourtant, comme nous l’avions annoncé, ce phénomène est aujourd’hui source de difficultés majeures que personne ne nie plus. Le RN devrait donc proposer une mesure simple et radicale : stopper toute nouvelle immigration pendant dix ans. Et ceci en faisant voter une loi d’exception qui suspende l’ensemble des dispositions permettant l’arrivée de migrants : regroupement familial, droit d’asile, etc. Ce serait une démarche non pas idéologique, mais pragmatique. Quand votre maison est inondée, vous commencez par bloquer l’arrivée d’eau avant de réparer les dégâts. »
Plus loin il porte une autre juste critique sur le discours laïciste tenu par Marine Le Pen pour contrer l’islamisation de la société française en rappelant qu’« il faut tenir le bon discours » : l’islam ne se combat pas en s’appuyant sur les « principes de la République » insiste-t-il mais « au nom de notre droit à l’identité » chrétienne de la France :
« Car opposer par exemple la laïcité à l’islam, comme le font tous les partis y compris le RN, revient au bout du compte à mettre sur le même plan le christianisme qui a façonné notre pays pendant quinze siècles et l’islam qui n’est présent sur notre sol que depuis quelques décennies. Les religions ont une composante culturelle qui en font un élément de l’identité des peuples et des nations. C’est donc au nom de notre droit à l’identité plus qu’aux principes de la République que le RN devrait s’opposer aux avancées de l’islam. »
« Le Rassemblement national n’est pas une véritable alternative » conclut-il, lapidaire.
Son regard sur Emmanuel Macron rejoint celui de bien des membres de la droite nationale :
« Je crois que l’élection de Macron consacre la prise en main du pays par le système. Un système qui a réussi à détruire les partis politiques et à mettre directement l’un des siens à la tête du pays. C’est donc la victoire de l’établissement sur le peuple et le triomphe du politiquement correct sur la démocratie. Il n’y a rien à en attendre de positif pour la France. »
Et, après le tacle à Marine, il en donne un à Emmanuel Macron et à sa « loi sur les séparatismes », loi qui ne veut pas « appeler un chat un chat » :
« ce n’est pas un problème de séparatisme. C’est un problème d’islam. Et pas seulement d’ailleurs, c’est un problème d’islamisme. »
Francesca de Villasmundo
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