« Bonne santé, bon moral » dit la lettre d’un poilu à sa femme mise en scène dans la Cinescenie du Puy du Fou.  En ce 11 novembre, il est bon de se souvenir de ce que furent ces quatre années terribles pour le peuple français tout entier, non seulement pour les soldats mais pour les femmes restées au foyer. Aujourd’hui, les études des historiens nous ont aidés à prendre du recul et on en sait beaucoup plus sur cette période mais à l’époque, ce n’était pas du tout pareil.

On revoit toujours ces images d’hommes jeunes heureux de partir à la guerre…pour une guerre qui devait durer quelques semaines. Sur les wagons, on avait écrit : « à Berlin ». Le traumatisme  de 1870 n’avait pas été effacé des mémoires. Ils sont tous partis : républicains, monarchistes, Vendéens, nationalistes, syndicalistes ou bien encore simples citoyens. Les chiffres de désertion sont très bas. Les écoles de la IIIème république avaient bien fait leur travail. C’était un devoir de défendre sa Patrie, de prendre sa revanche sur l’Allemagne et personne ne s’y serait soustrait. Que dire de l’Angleterre ? A l’époque, il n’y avait pas le système de conscription et pourtant les volontaires se sont enrôlés en masse. C’est l’agression de la neutralité de la Belgique par l’Allemagne qui a déclenché ce vaste mouvement de mobilisation. Qui se souvient encore des premières charges où les soldats portaient des pantalons rouges ? La guerre a bien changé de visage en quatre années. Ensuite ça a été l’enlisement dans les tranchées, les assauts meurtriers : véritable boucherie, les bombardements, les gaz, les morts par centaines, les « gueules cassées ». A cette époque, il n’y avait pas de soutien psychologique ni de suivi après la guerre. Certains ont complètement disjoncté, d’autres  sont tombés dans la misère ou bien ont perdu toute notion de qui ils avaient été. Comment dire ce qu’ils ont vécu ? Impossible car on ne pourra jamais se mettre dans leur peau. Ils étaient sur le front, dans la boue et loin de leurs familles qui ignoraient tout de leur sort et de leurs conditions de vie. Les rumeurs les plus folles circulaient sur les atrocités des Allemands et cela motivait d’autant plus les soldats. Un certain respect de l’ennemi existait encore mais s’est estompé au fil de la guerre. Trop de haine était attisée. Il y a ceux qui sont revenus mais qui n’ont plus retrouvé de foyer ou de travail à leur retour. Il y a ceux qui ont été blessé à vie et qui n’ont jamais pu être vraiment guéri car la médecine de guerre était déficiente. Puis il y a ceux qui ne sont jamais revenus dont parfois le corps n’a jamais été retrouvé. Chacun à sa place et dans son rôle était un héros. Tous ces poilus étaient des héros mais des héros simples.

« Bonne santé, bon moral », qu’il écrivait à sa femme. Bien sûr que ce n’était pas vrai mais que pouvait-il dire à celle qui ignorait tout de ce qui se passait sur le front ? A celle qui continuait à travailler dans l’arrière-front pour que le pays continue de tourner, pour la victoire ? Pourquoi l’inquiéter outre-mesure ? Chacun était héroïque à son poste. En ce temps-là, on n’y allait pas par quatre chemins pour annoncer la mort d’un soldat. Un télégramme arrivait un jour pour annoncer que celui que vous aimiez était mort. Des milliers de télégrammes sont arrivés dans des foyers où la mort avait frappé. Pourtant ces femmes courageuses, malgré l’angoisse de recevoir ce fatal télégramme, continuaient de tenir la ferme en espérant qu’un jour leur mari puisse la reprendre. Il y avait ces autres femmes qui travaillaient dans les usines pour participer à l’effort de guerre et accélérer la victoire ! Il fallait parfois expliquer à ses enfants que leur père ne reviendrait jamais et pourquoi il était mort. Chacun cachait ses difficultés pour ne pas inquiéter l’autre. Chacun faisait comme si tout allait bien. Ces femmes ne se battaient pas mais il leur fallait tout autant de courage pour affronter la guerre et ses épreuves.

En ce 11 novembre, nous ne devons jamais oublier les sacrifices de nos ancêtres qui se sont battus pour la France. Aucune famille n’a été épargnée et nous comptons tous des poilus, morts ou revenus vivants de la guerre, parmi nos aïeux. Héros parfois oubliés, ils se sont battus pour leurs enfants ou leurs petits-fils. C’est donc notre devoir de ne pas oublier tout ce qu’ils ont consenti, eux et tous les autres. Gens simples, rien ne les prédestinait à l’héroïsme mais en août 1914, leur vie a basculé. En novembre 1918, leur cauchemar a cessé mais leur vie ne serait jamais plus comme avant. Tout un pays était traumatisé et à reconstruire. Nous leur devons beaucoup alors rendons hommage à nos ancêtres aujourd’hui et demain ! « Bonne santé, bon moral »

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