Il est tout aussi important de savoir que les médias grand public l’ont occultée ou l’ont minimisée alors que la Russie et la Turquie ont œuvré à un plan d’exportation de céréales face aux réticences de l’Ukraine. À Ankara, les ministres des Affaires étrangères russe et turc ont manifesté la volonté de leurs pays de reprendre les exportations de céréales à partir des ports ukrainiens.
Anadolu, l’agence de presse turque, rapporte que les deux ministres ont mis en place un « mécanisme » qui, grâce à la coopération de l’ONU, de la Russie, de l’Ukraine et de la Turquie, pourrait « garantir le passage en toute sécurité des navires ».
En outre, « les forces armées russes et turques élaborent un plan pour déminer les mines disséminées devant les ports ukrainiens afin d’ouvrir la voie aux exportations de céréales », a également déclaré M. Lavrov. Après cela, les Russes et les Turcs assureraient le transit.
Le problème est que les Ukrainiens ne font pas confiance aux opérations de déminage, car ils craignent qu’elles ne favorisent le débarquement de la marine russe. Sur ce point, Lavrov a déclaré solennellement : « Nous garantissons que nous n’utiliserons pas le déminage des ports ukrainiens pour attaquer le pays ».
« Bref, rapporte le blog d’analyse géopolitique, Piccole Note, le problème pourrait être résolu si les soupçons plus ou moins légitimes des Ukrainiens sont surmontés. Mais Kiev devrait savoir, et il est raisonnable de supposer qu’elle le sait, que, même sans défense contre les mines, les Russes ne peuvent pas attaquer traîtreusement Odessa, qui est le nœud du problème.
« Moscou n’a pourrait pas prendre la ville avec un seul débarquement, les forces des marines sont trop petites pour une telle action.
« De plus, entre-temps, les missiles anti-navires mortels Harpoon sont même arrivés sur la mer Noire, comme en témoigne leur utilisation contre des navires russes la semaine dernière, ce qui peut garantir une défense adéquate. Bref, à ce stade, le déminage de la mer Noire ne devrait pas comporter de risques pour Kiev.
« Cela dit, les dirigeants ukrainiens n’ont pas donné de signaux importants dans ce sens, bien au contraire. Et les convaincre ne sera pas facile. Car ceux qui alimentent de l’extérieur cette guerre maudite exploitent le blocus céréalier ukrainien pour déclencher une intervention de l’OTAN.
« Ce n’est pas un mystère que les néoconservateurs, la Grande-Bretagne et bien d’autres poussent à une confrontation plus directe entre l’OTAN et la Russie. Et la criticité du blocus céréalier ukrainien peut être utilisée pour envoyer une flotte de l’OTAN en mer Noire pour débloquer la situation. Les navires de l’Otan croiseraient ainsi leurs routes avec les russes… un parfait bouillon de culture pour déclencher l’affrontement tant convoité.
« Pour cette raison, la réunion d’Istanbul, qui pouvait débloquer la crise, n’a pas été médiatisée et l’importance de l’affaire n’a pas été prise en compte. Nous verrons comment la situation évolue, puisqu’Istanbul se propose d’accueillir une nouvelle réunion, cette fois avec des Ukrainiens et des représentants de l’ONU.
« En marge, évoquons l’une des nombreuses nouvelles bombes de cette guerre, largement diffusée car elle conforte la propagande anti-russe, c’est-à-dire celle selon laquelle les Russes auraient volé et revendu du blé ukrainien.
« Une nouvelle lancée par l’Ukraine et reprise par tout le monde. De la BBC (« La Russie exporte-t-elle du blé d’Ukraine ? »). Au New York Times (« La Russie cherche des acheteurs pour le blé ukrainien saccagé, avertissent les États-Unis »), sans parler des autres.
« À cet égard, le secrétaire d’État américain Tony Blinken a déclaré que les allégations sont « crédibles »… crédibles ? L’Ukraine est le pays le plus surveillé au monde, des dizaines de satellites la parcourent jour et nuit, des centaines de drones espions la battent centimètre par centimètre et Blinken dit seulement « crédible », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas la moindre preuve, mais c’est peut être vrai ?
« Non seulement cela, sur la base de ce sentiment, « les Etats-Unis avertissent les nations africaines affamées de ne pas acheter de céréales volées à la Russie », comme le titre de Newsweek l’affirme ; c’est-à-dire, condamnent-ils des millions de personnes à mourir de faim juste pour une sensation ?
« Il convient de noter que la Russie est l’un des plus grands exportateurs de blé au monde. En 2020, c’était le plus important, avec 13,1% du total contre 8,5% en Ukraine. Et il est plus que plausible que le grain envoyé en Afrique par les Russes soit toujours le même…
« Enfin, en passant, rappelons, sur la base des chiffres cités, que les sanctions contre la Russie, qui concernent aussi le blé, condamneraient des millions de personnes à la famine, si ce n’est que de nombreux pays n’y ont pas heureusement adhéré.
« Par ailleurs, il convient de noter que les sanctions contre Moscou touchent également les engrais, dont la Russie est le premier exportateur mondial. Ce n’est pas un problème pour les grandes entreprises comme l’américain Monsanto, mais c’en est un pour les nombreux pauvres qui vivent de l’agriculture et risquent concrètement d’avoir une chute tragique de la production.
« La tragédie de la guerre et de la faim dans le monde doit être affrontée avec un sérieux et une sobriété qui évidemment manquent. »
Francesca de Villasmundo
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