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Ces samedi 29 et dimanche 30 novembre 2014, eurent donc lieu les élections internes à l’UMP et au FN. Le moment est venu de faire un bilan des résultats. Dans les deux partis, les adhérents étaient appelés à choisir leur chef. A l’UMP, Nicolas Sarkozy a surnagé, et au FN, Marine Le Pen a été reconduite dans les fonctions qu’elle occupait déjà. Dans les deux cas, guère de surprise. Ce ne sont pas ces deux victoires prévisibles et prévues qui constituent le matériau d’analyse le plus intéressant.

Le cas de l’UMP

L’UMP avait choisi le vote électronique, bien pratique et invérifiable, et réciproquement. L’UMP annonce les résultats suivants sur son site : 268 236 électeurs inscrits, 155 851 votants, 434 bulletins blancs, 155 285 suffrages exprimés. La majorité absolue est annoncée à 77 643 voix. Vainqueur : Nicolas SARKOZY (100 159 voix soit 64,5%), grand deuxième : Bruno LE MAIRE (45 317 voix soit 29%) et modeste troisième : Hervé MARITON (9 809 voix soit 6,3%).

La « victoire » de Nicolas SARKOZY est plutôt médiocre, car, d’ordinaire, le vainqueur à l’UMP, dans ce parti aux tendances bonapartistes, est aux alentours de 80%, et non de 65%, comme en témoigne le graphique suivant :

MPI - 09 - 01 -

Concrètement, entre 2004 et 2014, Nicolas Sarkozy régresse de plus de 20%, ce qui peut légitimement être tenu pour une forme d’échec, de désaveu, et la manifestation du maigre enthousiasme des votants pour Nicolas Sarkozy. L’enseignement principal du scrutin est la percée, un peu inattendue, de Bruno Le Maire, qui sera sans doute amené à jouer un rôle de plus en plus grand à l’avenir dans le paysage politique. Jeune, et en quelque sorte neuf et étranger aux plaies et guerres intestines récentes, sa campagne peu onéreuse a convaincu un bon nombre d’adhérents de l’UMP.

Personne ne semble contester les résultats, mais on peut s’interroger sur les chiffres annoncés par l’UMP, qui est en « délicatesse » depuis 2012 sur la question de ses élections internes. Le FN annonce environ 85 000 adhérents, le PS annonce 65 000 adhérents à jour de cotisation. Ces chiffres ont une certaine cohérence avec les pourcentages recueillis aux élections européennes de mai 2014 : respectivement 25% et 15%. Logiquement, l’UMP avec 20% devrait avoir un nombre d’adhérents réels intermédiaire entre ceux du PS et du FN. Le chiffre de 268 236 inscrits et de 155 851 votants semble être un surmultiple extravagant de la réalité et doit être significativement rabattu. D’après les déclarations de l’UMP faites ces dernières années, le nombre d’adhérents a évolué comme suit :

MPI - 09 - 02 -

Après le pic historique des années 2007–2008, le nombre d’adhérents annoncé n’a fait que décroître entre 2008 et 2012. Mais depuis 2012, l’UMP semble pratiquer un vaste bluff consistant à gonfler régulièrement les chiffres d’un facteur deux ou trois. Il est probable que le nombre d’adhérents réels à l’UMP ne doit guère dépasser 100 000, et sans doute est-il même inférieur à cette barre symbolique.

Les chiffres annoncés sont donc certainement pipotés en nombre de voix, mais il faut sans doute croire que les pourcentages reçus par les candidats sont fiables, ce qui explique que les trois candidats ne les contestent pas. La proportion 1/3 et 2/3 en faveur de Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy respectivement est cohérente avec le graphique qui suit plus bas.

Si on compare les élections entre elles, on peut aussi constater que l’aile droitière de l’UMP s’amenuise : 15% pour Nicolas Dupont-Aignan en 2002, environ 15% pour Nicolas Dupont-Aignan et Christine Boutin en 2004, seulement 6% pour Hervé Mariton en 2014. Concrètement, cela signifie aussi que les stratégies d’entrisme menées par Sens Commun ou La Manif Pour Tous sont vouées à un échec certain. L’aile droite de l’UMP est une impasse. Nicolas Dupont-Aignan en a déjà conclu qu’il fallait tenter une aventure personnelle à l’extérieur de l’UMP et a créé son propre parti. Christine Boutin a également monté sa propre liste aux Européennes de mai 2014.

L’échec programmé de Nicolas Sarkozy

Ici, il faut dénoncer le piège lexical tendu par les mots « droite » et « centre ». L’UMP est de moins en moins un parti réellement de droite, et Bruno Le Maire ne représente pas seulement l’aile gauche de l’UMP. La réalité est que Bruno Le Maire est de gauche, arithmétiquement et électoralement de gauche. Avec l’effondrement de la gauche et la dynamique enregistrée au FN, environ un tiers de l’UMP est maintenant de gauche :

Les soi-disant « centristes », Modem, UDI, etc., ne sont pas au centre du spectre politique mais au centre de la gauche. La tectonique électorale pousse l’UMP vers la gauche et les « centristes » sont déjà clairement à gauche. Les sondages d’opinion réalisés après les Européennes ont montré qu’une fraction significative des électeurs est passée de Nicolas Sarkozy en 2012 au vote FN en mai 2014, alors que le mouvement dans l’autre sens de Marine Le Pen en 2012 au vote UMP en mai 2014 est marginal. D’autres enquêtes montrent une fidélisation à 90% des électeurs FN.

Dans ces conditions, les rapports de force dans l’optique de la Présidentielle sont : (1) électeurs en faveur de Marine Le Pen, aujourd’hui environ 25%, demain peut-être 30%, (2) ensemble de la gauche anti-Sarkozyste, environ 40%. Le potentiel de Nicolas Sarkozy au 1er tour est au maximum de 30%, et sans doute plus proche de 20%.

Etant donné l’absence de candidat au PS, déliquescent et décrépit, cela signifie qu’un candidat de centre gauche, comme Alain Juppé, François Bayrou ou Bruno Le Maire, est susceptible d’attirer sur lui un vote utile massif des électeurs de gauche, effrayés par la perspective d’un second tour entre Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Dans cette configuration, avec Marine Le Pen et un candidat de centre gauche, mon pronostic est que Nicolas Sarkozy sera éliminé au 1er tour en 2017. Celui-ci est trop marqué par son déclaratif d’apparence frontiste pour plaire à gauche et il est rejeté à droite en raison de ses trahisons, de ses mensonges, de son ouverture aberrante à la gauche et de son bilan catastrophique, largement identique à celui de François Hollande, qui applique la même politique euro-mondialiste de liquidation de la France.

Le cas du FN

Le FN a proclamé la réélection de Marine Le Pen avec presque 100% des voix. Réélection sans surprise, puisqu’elle était le seul candidat en lice. 17 voix seulement se seraient abstenu de voter pour elle. A mon humble avis, c’est sans doute un mensonge, car je connais au moins une des personnes qui n’ont pas voté pour elle. Il y en a sans doute d’autres, habités par une forme de doute ou distraites. Il est probable que le pourcentage est inférieur à 100%. Mais pour la propagande, le chiffre de 100% est mieux. Peu importe.

Ce qui est plus intéressant c’est l’ordre d’arrivée des candidats au Comité Central, qui est un témoignage direct de l’humeur des adhérents. On aura noté que chaque adhérent a reçu chez lui un bulletin de vote sur lequel il devait sélectionner au plus 100 candidats et renvoyer par la poste à un huissier chargé de dépouiller. Ici, pas de magouille.

L’ordre d’arrivée est le suivant :

  1. Marion Maréchal-Le Pen (80%), élu député,
  2. Louis Aliot (76%),
  3. Steeve Briois (70%), élu maire,
  4. Florian Philippot (69%),
  5. Bruno Gollnisch (65%), membre historique,
  6. David Rachline, élu maire et sénateur,
  7. Wallerand de Saint-Just, membre historique,
  8. Stéphane Ravier, élu maire et sénateur,
  9. Marie-Christine Arnautu, membre historique,
  10. Nicolas Bay, parti au MNR puis revenu au FN.

De façon sans doute logique, les adhérents ont plébiscité les candidats élus maire, député ou sénateur, qu’ils soient anciens ou nouveaux venus. Une sorte de prime au succès. Les membres historiques, présents au FN de longue date, ont également été plébiscités. On notera en particulier le score tout à fait remarquable de Bruno Gollnisch, candidat malheureux à la présidence en 2011, qui bénéficie manifestement de la sympathie des adhérents, alors qu’il s’est mis en retrait volontairement. Une sorte de prime à la fidélité.

A l’inverse, on peut noter la contre-performance de Florian Philippot, petitement quatrième, malgré une exposition médiatique considérable. Sa ligne aux tendances marxisantes, laïcistes et étatistes n’a pas la préférence des adhérents. Pour un peu, Bruno Gollnisch se serait retrouvé devant lui à l’« applaudimètre ».

Il est tout à fait clair que le slogan « ni droite, ni gauche » sonne un peu faux. Ce slogan signifie « ni fausse droite UMP, ni vraie gauche PS ». La réalité est que les adhérents valident majoritairement une ligne politique de droite, avec des fondamentaux national-identitaires. Celle que l’UMP n’a pas faite, et n’a pas cessé de trahir. L’UMP mourra là où elle a péché.

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