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Bernard Tapie condamné à rembourser 404 millions d’euros au Crédit Lyonnais

L’affaire fait trop plaisir pour ne pas en parler.

Bernard Tapie, l’homme d’affaires véreux et ancien ministre de la Ville sous François Mitterrand, plusieurs fois condamné par la justice ce qui ne l’empêche pas de se poser en donneur de leçons de citoyenneté à ses heures perdues, quand il ne se trouve pas englué dans de sales affaires de corruption et d’escroquerie, celui qui s’était permis de dire des électeurs du Front National que ce sont « des salauds »,  a été condamné, hier jeudi 18 mai, par la Cour de Cassation à rembourser les sommes que lui avaient octroyées trois juges arbitres en 2008 pour régler son litige avec le Crédit lyonnais. Le Figaro fait une bonne recension de toute l’affaire :

« La cour de Cassation a mis un terme jeudi à la guérilla judiciaire qui oppose depuis 24 ans Bernard Tapie au Crédit Lyonnais. L’homme d’affaires est définitivement condamné à rembourser les 404 millions d’euros que lui avaient octroyés trois juges arbitres en 2008 pour régler son litige avec la banque sur la vente d’Adidas. «Une justice n’est efficace que quand elle est sévère et juste avec tout le monde, même lorsque l’Etat est partie au dossier. La vie continue et le combat aussi», a réagi Bernard Tapie auprès de l’AFP.

«Je pensais que même lorsqu’on s’appellait Bernard Tapie, on avait le droit d’être jugé sereinement, et équitablement. Je croyais que la justice traitait de la même manière un citoyen et une ancienne banque d’État. Cela n’a pas été le cas. Je suis consterné», déclare de son côté Frédéric Thiriez, avocat de l’homme d’affaires, au Figaro. «Dans cette affaire, toute personne de bonne foi sait que Bernard Tapie s’est fait «rouler» par le Crédit Lyonnais, mais la justice de la République estime que c’est lui le voleur», poursuit-il. «Il n’est pas question de baisser les bras. Une réunion est prévue dès cette semaine pour envisager un recours possible devant les juridictions européennes», précise-t-il.

En juin 2016, l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie avait été annulé par la justice française, qui avait estimé que la décision des trois arbitres du litige, prononcée en juillet 2008 en faveur de l’ancien ministre, était entachée de «fraude». Au cours de leurs investigations, les juges d’instruction avaient estimé que les relations entre le camp Tapie et l’un des juges-arbitres avaient été dissimulées, ce qui avait biaisé la sentence. En décembre 2015, la cour d’appel de Paris avait de son côté condamné l’ancien patron de l’Olympique de Marseille à restituer l’intégralité des sommes. Bernard Tapie s’était alors pourvu en cassation, et la plus haute juridiction française a rendu jeudi sa décision.

Difficile de dire si l’homme d’affaires aura la possibilité de restituer les sommes dans un avenir proche: Bernard Tapie est, à titre personnel, en liquidation judiciaire et ses sociétés ont été placées en procédure de sauvegarde. La justice dispose pour l’instant d’environ 90 millions d’euros de biens saisis par les juges d’instruction enquêtant sur l’arbitrage, selon une source proche du dossier. Parmi eux, une somptueuse propriété à Saint-Tropez achetée 48 millions d’euros par l’ex-ministre.

C’est dans ce dossier tentaculaire que Christine Lagarde, à l’époque ministre de l’Économie et aujourd’hui directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a été reconnue le 19 décembre 2016 coupable de «négligence» par la Cour de justice de la République, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement. Elle a toutefois été dispensée de peine, une décision qui a suscité de vives critiques.

Depuis le 8 mars dernier, la procédure d’arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy fait également l’objet d’une enquête pénale pour «escroquerie en bande organisée». Dans son réquisitoire, le parquet de Paris a réclamé que cinq des autres protagonistes de ce scandale politico-financier soient également renvoyés devant le tribunal correctionnel. La décision concerne son avocat Maurice Lantourne, le PDG d’Orange Stéphane Richard, à l’époque directeur de cabinet de la ministre Christine Lagarde à Bercy, l’un des trois arbitres chargés de rendre la sentence contestée, Pierre Estoup, et enfin Jean-François Rocchi et Bernard Scemama, alors présidents du CDR et de l’EPFR, les entités chargées de solder l’héritage du Crédit lyonnais. » 

Le parquet requiert que l’ancien patron de l’Olympique de Marseille soit également jugé pour «détournement de fonds publics» et les cinq autres pour complicité de ce délit. Il appartient désormais aux juges d’instruction de décider de les renvoyer ou non en procès. »

Francesca de Villasmundo

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