Dans une interview à Vida Nueva, Jorge Mario Bergoglio revendique la discontinuité de son pontificat. Et dans le domaine politique, son discours apparaît clair : « La droite est plus dangereuse ».
À l’occasion de la trente-huitième édition des Journées mondiales de la jeunesse, François s’est prêté à un entretien avec le quotidien espagnol Vida Nueva. Un long question-réponse avec une équipe de journalistes du magazine espagnol reçus dans la salle où se réunit habituellement le Conseil des cardinaux que le pape a nommés pour l’assister.
Les thèmes abordés furent ceux à la mode, les réponses exposant la vision bergoglienne de l’Église et de la société. Mgr Vigano a commenté, au cours d’un long entretien avec Aldo Maria Valli que MPI a publié aujourd’hui, ces paroles provocatoires de l’actuel hôte du Vatican. En complément de ce texte de l’ancien nonce apostolique aux Etats-Unis, voici un résumé succinct de l’entretien d’El papa argentin avec Vida Nueva.
Indiscrétions bergogliennes sur le Conclave
Dans l’interview, François est revenu sur les jours qui ont précédé son élection. L’interviewé a ainsi ‘révélé’ quelques épisodes « prémonitoires » de son élection : par exemple, lorsque le cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino, décédé aujourd’hui, lui a demandé le texte de son discours aux congrégations générales et, en le remerciant, lui a dit qu’ainsi il pourrait garder un souvenir du pape. Un autre épisode qui s’est produit dans l’ascenseur de Sainte Marthe avec le cardinal Francisco Javier Errázuriz Ossa qui a demandé au cardinal Bergoglio de l’époque s’il avait déjà préparé le discours à prononcer depuis la loggia centrale.
François a également confirmé une révélation faite précédemment par le cardinal hondurien Óscar Rodríguez Maradiaga qui s’est chargé de clarifier avec l’intéressé s’il était vrai ou non qu’il lui manquât un poumon, un détail que certains cardinaux opposés à cette élection avaient commencé à faire circuler parmi les électeurs : « Un ami cardinal m’a approché pour me poser des questions sur ma santé. J’ai démenti certaines rumeurs à mon sujet, sans leur accorder d’importance, à tel point que je suis allé faire une sieste tranquille », a déclaré François à Vida Nueva.
En raison du serment qui oblige toute personne entrant dans la Chapelle Sixtine à garder le secret sur « tout ce qui concerne de quelque manière que ce soit l’élection du Pontife romain et sur ce qui se passe au lieu de l’élection », il n’est pas d’usage de lire des déclarations publiques de cardinaux électeurs sur ce qui s’est passé au Conclave. Il est encore moins courant qu’un Pape en parle. Pour cette raison, les paroles de François sur 2013 outre qu’elles soient de graves indiscrétions, seront difficilement contredites, le secret tenant les autres cardinaux.
Saint-Esprit et discontinuité
Parlant toujours de son élection, François se définit, abusivement, comme « une victime du Saint-Esprit » « comme pour attribuer, commente fort à propos Mgr Viganò le malheur de ce ‘pontificat’ à Dieu lui-même, et non aux manœuvres de l’Église profonde avec la mafia de Saint-Gall, et de l’État profond avec les courriels de John Podesta et Hillary Clinton ». On sait aussi que Joseph Ratzinger avait une vision plus pragmatique du rôle de l’Esprit Saint dans le Conclave : en 1997, en effet, il expliquait dans une interview que « le rôle de l’Esprit doit être compris dans un sens beaucoup plus souple, et pas comme s’il dictait le candidat pour qui voter ».
François a également évoqué l’Esprit Saint pour répondre aux craintes liées au prochain Synode sur la synodalité : « Dans le Synode, le protagoniste est le Saint-Esprit. Quiconque ne croit pas en Lui et ne prie pas pendant le Synode ne peut aller nulle part » a-t-il déclaré aux journalistes. Une telle affirmation abusive elle-aussi lui permet ainsi, souligne Mgr Viganò, de « revêtir d’une aura d’autorité les décisions prises par Jorge Mario, qui n’ont absolument rien de divin, et qui se révèlent intrinsèquement opposées au Magistère Catholique. »
En outre, Bergoglio a raconté comment, lors du Synode de 2001 sur le thème « L’Evêque : serviteur de l’Evangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde », il a eu quelques difficultés au poste de rapporteur général adjoint. Voici le récit du pape : « Dans l’après-midi, ils m’ont apporté le matériel des groupes et je suis resté pour préparer les votes. Puis le cardinal chargé de la coordination est venu, a examiné les papiers et a commencé à dire ‘celui-ci ne peut pas être voté’. . ça aussi’. J’ai répondu : ‘Eminence, c’est sorti des groupes’. Mais les choses ont été ‘épurées’. Nous avons avancé et, aujourd’hui, tout est voté et écouté ». Par conséquent, François soutient la thèse selon laquelle, dans les pontificats précédents, la dimension synodale de l’Église voulue par saint Paul VI a été édulcorée, alors que depuis 2013 ce qu’il appelle une « purification » s’est opérée en ce sens. Revendiquant l’ouverture au vote des laïcs dans l’institution que Montini voulait du Synode des Évêques, Bergoglio a également affirmé que « ces dix dernières années, certaines choses ont été perfectionnées ».
Les mots à Vida Nueva représentent une énième tentative pour revendiquer une ligne de ‘discontinuité’ avec les papes conciliaires Jean-Paul II et Benoît XVI. La tentative a certainement quelques fondements sur le plan moral puisque ces derniers furent attachés à certains principes de morale naturelle mais non a point sur le plan doctrinal car ils furent les progressistes de leur temps, il ne faut pas l’oublier. La discontinuité est, cependant, franchement évidente avec la Tradition : dans une lettre au nouveau préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, le cardinal élu Victor Manuel Fernandez, il parlait des « méthodes immorales » mises en pratique dans le passé par l’ancien Saint-Office.
De plus, dans d’autres passages de l‘entretien, François tente de s’accréditer comme un pape qui « purifie » les mauvaises habitudes. Des moments qui ont suivi l’élection de 2013, par exemple, il a raconté : « Quand je suis sorti, il y avait la limousine et j’ai dit ‘Je vais dans le bus avec tout le monde.’ Alors je m’aperçus qu’un changement dans les choses m’attendait ». Puis Jorge Maria Bergoglio a poursuivi en faisant remarquer qu’il avait décidé de manger dans la salle à manger avec tout le monde à Sainte Marthe, commençant ce qu’il appelait « la vie commune que je continue à mener aujourd’hui ».
Conciles, idéologies et traditionalistes
« Les choses ne sont pas mûres pour un Concile Vatican III. Ce n’est pas non plus nécessaire en ce moment, puisque Vatican II n’a pas encore commencé », a déclaré François dans l’interview. Des propos qui rappellent la thèse de la « trahison du Concile » défendue par le théologien Hans Küng. Etranges paroles destinées à laisser croire que le concile Vatican II n’a pas encore commencé, alors que les fruits empoisonnés de ce concile destructeurs de la foi, de la doctrine, de la liturgie, de la discipline catholiques sont difficilement occultables. Mais paroles destinées à manipuler les esprits pour leurs faire accepter une marche en avant progressiste toujours, une marche en avant aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Dans son entretien avec Vida Nueva, El papa argentin a, et c’est une habitude, fustigé ces courants dans l’Église qui résistent à la mise en œuvre de Vatican II, s’en prenant à ce qu’il a appelé le « traditionalisme » et arguant que « cette coquille cache beaucoup de pourriture ». Selon le pape, et quel abus de langage et de mensonges là-aussi, de nombreux jeunes prêtres qu’il qualifie de « rigides » ont montré qu’ils avaient « de graves problèmes moraux, des vices et des doubles vies ». « On a besoin de séminaristes normaux, avec leurs problèmes, qui jouent au foot, qui ne vont pas dans les quartiers pour dogmatiser », a ajouté Bergoglio, invitant les évêques à se méfier de ceux qui « font une grimace de saint et puis détournent le regard ».
Par ailleurs, François a aussi parlé des jeunes et a confié qu’il avait « peur des groupes de jeunes intellectuels » arguant que, selon lui, « en ce moment les groupes liés aux idéologies de droite sont peut-être les plus dangereux » car ceux de gauche, en revanche, seraient un peu en recul. En ce qui concerne l’Église, Bergoglio a déclaré que si aux jeunes « vous ne parlez que de chasteté, vous leur faites à tous peur » ajoutant qu’« une pastorale idéologique de gauche ou de droite ou du centre ne sert à rien » car « elle est malade et ça fait mal ». Ainsi, le seul exemple de pastorale idéologique qu’il ait donné est celui des prêtres qui s’attardent trop sur la morale.
François apparaît convaincu que sa vision personnelle des jeunes prêtres, des critères de sélection des évêques et des cardinaux, de l’interprétation à donner à un voyage apostolique (par exemple, lorsqu’il déclare : « Je n’irai dans aucun grand pays d’Europe (…) et même si je suis allé à Strasbourg, je ne suis pas allé en France. Même si je vais à Marseille, je ne vais pas en France »), de la Tradition, du concile Vatican II, de la morale, est la bonne et entend l’appliquer sans compromis dans le gouvernement de l’Église.
Dans la continuité de Vatican II, dans la logique de l’ouverture au monde et de l’idéologie ‘évolutionniste’ qui ont présidé au cours de ce concile, le pape ‘noir’, dans cette totale discontinuité avec la Tradition catholique, entend poursuivre la révolution moderniste en cours depuis 60 ans, qui se pare aujourd’hui des couleurs de l’arc-en-ciel. C’est la transitude de l’Eglise conciliaire et bergoglienne !
Francesca de Villasmundo
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