Jean-François Vivier, à la fois passionné de BD et d’Histoire, avait déjà retenu notre attention une biographie en bande dessinée d’Hélie de Saint Marc. Il a aussi adapté en BD deux best-sellers de Frison-Roche, chantre des aventures d’alpinisme. Avec le dessinateur Denoël (de son vrai nom Régis Parenteau-Denoël) à qui on doit notamment une BD à la gloire de Cathelineau, il forme un tandem efficace qui vient de publier une bande dessinée historique consacrée à Honoré d’Estienne d’Orves, un pionnier de la Résistance issue de milieux catholiques royalistes.
Honoré d’Estienne d’Orves naît à Verrières-le-Buisson, fief de sa famille maternelle, les Vilmorin. Sa famille paternelle (son père, Marc, est comte d’Estienne d’Orves), de vieille souche provençale est royaliste légitimiste. Il descend du général vendéen Charles d’Autichamp, et à la maison le drapeau blanc est, comme chez les Hauteclocque d’ailleurs, de rigueur.
Lycéen proche de l’Action française, il participe au groupement confessionnel catholique des Équipes sociales de Robert Garric en entrant à Polytechnique.
Sorti de l’École polytechnique en 1923, Honoré d’Estienne d’Orves s’engage dans la Marine nationale, élève officier à l’École navale. Il participe à la campagne d’application à bord du croiseur école Jeanne d’Arc.
En 1929, il épouse Éliane de Lorgeril, descendante de Louis de Lorgeril, maire de Rennes, avec qui il aura cinq enfants.
Lieutenant de vaisseau à partir de 1930, il est affecté en à bord du croiseur lourd Duquesne, en tant qu’aide de camp de l’amiral Godfroy, commandant la Force X. Cette escadre se trouvant internée à Alexandrie au moment de l’armistice de juin 1940, d’Estienne d’Orves ne se satisfait pas de l’inaction à laquelle il est contraint. Il tente de rejoindre le général Legentilhomme, commandant supérieur des troupes de la Côte française des Somalis, qui a annoncé son intention de refuser l’armistice. La colonie s’étant finalement ralliée au gouvernement de Vichy en évinçant le général Legentilhomme, d’Estienne d’Orves décide, en , de rejoindre l’Angleterre.
Il parvient à Londres à la fin de septembre après un long périple autour de l’Afrique. Il est affecté au 2e bureau des Forces navales françaises libres.
Le , il est envoyé en mission en France : il traverse la Manche à bord d’un petit chalutier et organise un réseau de renseignement en France, le réseau Nemrod. Il établit la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Trahi, il est arrêté le , ainsi que les époux Clément, chez qui il se trouvait, et, par la suite, les vingt-trois autres membres du réseau. Les accusés sont transférés à Berlin puis à Paris où, le , la cour martiale allemande condamne d’Estienne d’Orves à mort ainsi que huit de ses camarades qui sont transférés à Fresnes.
Le gouvernement de Vichy intervient auprès des autorités allemandes. L’amiral Darlan, vice-président du Conseil, demande la grâce de d’Estienne d’Orves à l’amiral Canaris. Mais le , c’est l’entrée en guerre de l’URSS et le , le résistant communiste Pierre Georges, le futur colonel Fabien, abat l’aspirant d’intendance de la Kriegsmarine Alfons Moser au métro Barbès. Le lendemain, les Allemands promulguent une ordonnance transformant les prisonniers français en otages. En représailles, cent otages sont exécutés dont d’Estienne d’Orves le au Mont-Valérien.
Honoré d’Estienne d’Orves a laissé un journal où il exalte sa foi patriotique et sa ferveur religieuse, ainsi que des lettres émouvantes adressées à sa famille.
Cette bande dessinée parvient à en conserver l’esprit et montre parfaitement l’esprit catholique qui l’a animé jusqu’au moment ultime de son exécution.
Honoré d’Estienne d’Orves, scénario de Jean-François Vivier, dessins de Denoël, éditions du Rocher, 48 pages, 14,50 euros
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