Charly Damm est scénariste de nombreuses bandes dessinées historiques. Robert Paquet est un dessinateur belge passé par le journal Spirou et surtout le studio Graton où il a participé à la réalisation d’une quinzaine d’albums. Ils viennent de signer ensemble aux éditions du Signe un album qui nous raconte la vie d’André Maginot.
Lorsque l’on prononce le nom Maginot, la plupart des gens pensent – au mieux – à la fameuse « Ligne Maginot », réseau de fortifications que l’armée française croyait infranchissable mais qui se révéla inefficace. C’est en 1927 que la Commission de Défense des Frontières créée par le ministre de la Guerre Paul Painlevé examina le principe des ouvrages fortifiés dont les travaux de construction ne débutèrent qu’en 1929. Le nom d’André Maginot est souvent associé dans l’imaginaire collectif à cette « Ligne Maginot » et à la débâcle de juin 1940. Or, André Maginot, décédé en 1932, n’est pour rien dans cette défaite.
Cette bande dessinée tente de lui rendre justice et de décrire qui était vraiment cet homme dont les ancêtres sont originaires de Revigny-sur-Ornain (Meuse) dont il sera Maire. Il est né le 17 février 1877, entre au Conseil d’Etat en janvier 1901 et y passe deux ans comme auditeur de deuxième classe avant de partir pour l’Algérie comme chef-adjoint du cabinet du Gouverneur. En 1910, il élu député de Bar-le-Duc, mandat qu’il conservera jusqu’à sa mort. En 1913, il entre au gouvernement en qualité de sous-secrétaire d’Etat à la guerre.
Un secrétaire d’Etat qui se porte volontaire pour Verdun comme simple soldat
Fait remarquable, lorsque la Première Guerre mondiale éclate en août 1914, André Maginot, tout député et surtout membre du gouvernement qu’il est, demande d’être incorporé comme simple soldat. Il est affecté au 44e Régiment d’Infanterie Territorial à Verdun où sa haute taille (1,98 m) ne passe pas inaperçue. Son sens du devoir l’amène à proposer au général Moutey la formation d’une section d’élite capable d’agir discrètement sur le terrain. Il recrute pour cela deux autres députés engagés à leur demande au front à Verdun comme simples soldats : il s’agissait de Frédéric Chevillon, député de Marseille et originaire de Lorraine, et Léon Abrami, député de Boulogne-sur-Mer. Chacun de ces trois députés-soldats sera à la tête de dix hommes pour tendre une embuscade à la cavalerie allemande dans le village de Sincrey le 1er septembre 1914. En novembre 1914, André Maginot est blessé de deux balles à la jambe gauche. Malgré de longs mois d’immobilisation, sa jambe ne guérira jamais. Il devra s’appuyer le reste de sa vie sur une canne pour marcher. Le 11 mars 1917, il devient ministre des Colonies et part y recruter des soldats pour le front.
Après la signature de l’Armistice, André Maginot devient le porte-voix des blessés et mutilés de guerre. Elu président de la Fédération nationale des mutilés, victimes de guerre et anciens combattants en octobre 1918, il le restera jusqu’à sa mort. Devenu ministre des pensions en 1920, il va mettre en place le système des pensions pour les blessés de guerre, les veuves de guerre et les orphelins. Il exhorte les chefs d’entreprise à accorder des emplois à des invalides de guerre. C’est aussi André Maginot qui supervise la cérémonie durant laquelle est choisi le cercueil du soldat qui sera enterré sous l’Arc de Triomphe. En mars 1929, il inaugure à Dakar le monument aux 30 000 morts de l’Afrique-Occidentale française lors de la Grande Guerre. Frappé par la typhoïde, il meurt le 7 janvier 1932 à l’âge de 55 ans.
Cette BD fera un beau cadeau pour la fête de Saint-Nicolas ou sous le sapin à Noël.
André Maginot, Charly Damm (scénariste) et Robert Paquet (dessinateur), éditions du Signe, 38 pages, 15 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
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