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« L’avortement est donc devenu une des valeurs suprêmes de la nouvelle République écologique. »

« Note de lecture n° 03 ».

Si d’aventure certains de nos lecteurs veulent participer à cette plongée dans la belle culture française – et même étrangère – nous les invitons à se signaler à cette adresse : contact@medias-presse-info.com

J’ai bien connu Simone Veil. Nous avons eu tous les deux de nombreuses conversations, nous siégions ensemble à l’UDF, le hasard de l’alphabet nous a faits voisins de travée et nous entretenions des relations à la fois amicales et franches. Simone Veil, si elle était vivante, n’aurait pas soutenu le projet déraisonnable de l’avortement constitutionnel.

Quand je lui ai confié avec fermeté que j’étais pour le droit à naître de tous les enfants, et qu’un principe écorné est un principe moribond, elle a insisté :

– Philippe, lisez et relisez ma loi. L’article 1 est on ne peut plus clair : « La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne peut être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité. » Cela signifie que l’embryon est considéré comme un enfant : l’expression est forte et sans ambiguïté.

Puis elle a répété deux fois, en articulant :

– Oui, j’ai bien dit le respect de tout être humain. Dès le commencement de la vie. C’est clair, non ?

Ensuite, elle chercha à me rassurer sur le mur infranchissable qu’elle croyait avoir érigé :

– Ne vous inquiétez pas. Il n’y aura pas de dérive. Tout cela est corseté : le cadre de la loi est conditionnel. Tout est sous conditions. Avec un butoir définitif de dix semaines. Et un délai de réflexion en cas de détresse.

Or, tout cela a sauté. Aujourd’hui, le butoir est passé à quatorze semaines. Or, à quatorze semaines, il est nécessaire, selon le professeur Nisand, d’écraser la boîte crânienne de l’enfant à naître.

Rien n’a tenu de tous les garde-fous promis. La vague a tout emporté.

Et voici qu’Emmanuel Macron a fait de la mort provoquée de l’enfant une norme supra-légale, constitutive de la Loi suprême. C’est une rupture anthropologique inouïe parce que la France devient le premier pays du monde à inscrire dans sa loi fondamentale, parmi les valeurs suprêmes, le droit à l’avortement.

Les conséquences sont vertigineuses : c’est la fin de la clause de conscience pour les médecins et les personnels de santé. C’est un viol des convictions intimes. C’est la fin du serment d’Hippocrate qui date du IVe siècle avant Jésus-Christ et qui est prêté par tous les médecins et sages-femmes de l’Occident depuis vingt-cinq siècles. Ce serment tient en quatre mots sans équivoque. « Tu ne tueras pas. » C’est fini.

Dorénavant, la mère peut tuer son enfant. Mais l’enfant n’a pas la possibilité de sauver sa vie…

Maurice Clavel a posé, avec brio, la question impertinente : « Cet embryon encombrant dans le ventre d’une femme, est-ce qu’il lui appartient ? Ou est-ce qu’elle s’y doit ? J’arrête, n’ayant de réponse que dans la foi, ou dans ce vieil instinct qui me porte toujours contre les propriétaires. »

C’est aussi la fin de la liberté d’expression.

En cinquante ans, depuis la loi Veil, on est passé de la dépénalisation de l’avortement à la pénalisation de la parole de vie. À partir de l’inscription de l’avortement dans la Constitution, toute
parole, toute action en faveur de l’enfant à naître relève de la justice et encourt un risque pénal. J’en suis moi-même une des premières victimes expérimentales : ma parole sur l’avortement constitutionnel a déplu au juge régulateur de l’audiovisuel. L’Arcom m’a fait savoir qu’une procédure de sanction était diligentée à mon encontre. Le combat est à fronts renversés. Aujourd’hui
détruire un crapaud vert, écraser des œufs de vipère ou même tuer des ragondins peut vous conduire en prison.

Et dire simplement que l’embryon humain mérite considération peut aussi, désormais, vous attirer les pires ennuis

Alors tout le monde se tient coi. Ce délire donne lieu à un chassé-croisé ontologique où le petit de l’homme tend vers la chose, et le petit animal vers la personne. J’aime les animaux. Chez moi, j’ai adopté un petit chat sauvage. Je l’ai appelé Robinson. Il est sans pitié pour les mulots. Il ne manque ni d’attention ni de soins. Mais il demeure un animal. Il n’est pas un petit homme.

Je suis prêt à aller en prison pour avoir dit ceci : « Non seulement l’être humain avant la naissance n’est plus défendu mais ,il est défendu de le défendre ! Le droit a acquis tous ,les droits contre le droit des hommes. Le fœtus est devenu un objet, l’animal, un sujet. C’est la porte ouverte au chimérisme, au transgénisme et à l’eugénisme. »

L’avortement est donc devenu une des valeurs suprêmes de la nouvelle République écologique.

Désormais, tout est permis. On élimine les plus faibles à cause de leur génome. C’est le passeport de toutes les transgressions. La vie n’est plus un absolu. On élimine, à neuf mois, dans le ventre de sa mère, un enfant « qui a un p’tit truc en plus » (1). Le dernier régime qui s’est livré à ce genre de fantaisie, c’est le régime hitlérien, avec sa politique d’élimination des handicapés qu’il disait « miséricordieuse ». Ce qui caractérise cette course à l’abîme d’une civilisation, c’est la déshumanisation progressive du monde par l’effacement programmé du visage de l’homme.

L’histoire est intraitable. Il n’y a pas de contre-exemple : les peuples qui perdent le sens de la vie sont balayés.

Quand l’Empire romain pratique l’infanticide, l’avortement, l’exposition des enfants, Rome sèche sur pied, soufflée par les invasions. L’ hospitalitas – l’hospitalité migratoire – ne suffira pas à remplacer la felicitas – l’État-providence – d’un peuple stérile.

Ce geste insensé prépare un chassé-croisé mortifère : disparition d’une population vieillissante, arrivée d’une population jeune et féconde.

Un peuple qui sous-traite la fabrication d’enfants aux populations immigrées et qui n’a plus la volonté de se reproduire et de reprogrammer la vie est un peuple qui consent à être remplacé et à sortir de l’histoire.

Extrait du Mémoricide (2), pages 165 à 168, Philippe de Villiers.

A commander chez  : Médias Culture et Patrimoine (3)

Joseph de KENT

(1) « Un p’tit truc en plus » est un film français réalisé par Artus et sorti en 2024. il raconte l’histoire de deux malfrats en cavale qui se cachent au milieu d’une colonie de vacances pour jeunes porteurs d’un handicap mental. Un film qui permet de découvrir « une population qu’on ne voit pas souvent, les gens en situation de handicap mental » et qui a connu un énorme succès d’affluence.

(2) Philippe de Villiers : « Alors que j’achevais la rédaction de ce livre, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques est venue raviver le feu de ma plume : la France est la victime d’un mémoricide. Une ablation de sa mémoire. Une spoliation, une péremption de ses souvenirs. L’Esprit français a été immolé. Toute ma vie, je me suis battu. Contre un progressisme en quête incessante des figures nouvelles de l’ insolite et du fantasque. Mais surtout pour renouer le fil avec la mémoire commune qui nous a façonnés, en chérissant les trésors d’un patrimoine envié par le monde entier, et pour rappeler le pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde. Ce combat, je le mènerai jusqu’ à mon dernier souffle et je sais que d’autres le mèneront après moi. Même s’ils sont hélas destinés à devenir minoritaires, il restera toujours des réfractaires. Je voudrais leur dire de ne pas perdre espoir, c’est d’eux seuls que la France pourra renaître. »

(3) Avec une verve sans pareille et dans une plainte mêlée de nostalgie, Philippe de Villiers dresse un constat accablant de l’état de la France. Il évoque ses souvenirs d’enfance, de créateur du Puy du Fou et livre des confidences sur l’homme politique qu’il a été. Philippe de Villiers se refuse à abandonner toute espérance, et son amour de la France éternelle demeure plus vivant que jamais.

Autre « Notes de lecture » de MPI

– « Inexplicable Vendée » – « Un jour je rendrai les honneurs au chardonneret perdu ».
Francis Jammes : « Mon Dieu, faites qu’avec ces ânes je Vous vienne »

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Marguerite
Marguerite
il y a 1 mois

Tout mon respect, ma gratitude et mon affection pour Monsieur de Villiers que nous apprécions énormément. Dieu l’habite : voilà la seule raison de son combat. Remettons Dieu dans notre vie et tout ira beaucoup mieux !

Gabriel BOUYSSIERE
Gabriel BOUYSSIERE
il y a 1 mois

Pour Ph. de VILLIERS
Ce qui est permis par la loi devient très vite ce qui est prescrit par la loi.
Et l’on sait ce qu’il en adviendra de la prochaine loi « compassionnelle ».
Années 70. Ma mémoire et mes grimoires. Il y avait une volonté.
Voir le livre d’Annie CHEMLA : Nous l’avons fait. Récit d’une libération féministe.
« Avorter des femmes clandestinement m’a apporté un sentiment intense de puissance, de prise de pouvoir sur un univers qui nous échappait : notre corps ».
Et la si « émouvante » Simone VEIL, qui n’était qu’une étape du processus : « La loi sur l’avortement visait aussi à abolir cette France catholique dont nous ne voulions plus. Lorsque l’on brandit le nombre d’avortements en France, je ressens gtoujours en moi une secrète jubilation ».