« Avez-vous jamais rencontré dans les rues de Paris, un petit prêtre avec un chapeau râpé, une soutane de gros drap, de gros souliers usés, ne s’occupant que des ouvriers et des malheureux ? – Et bien, c’est mon fils, vous l’avez arrêté… »
Ces mots de Mme Planchat adressés à celui qui détenant son fils en prison, traduisent de façon simple et courageuse ce que l’Eglise confirmait, le 25 novembre 2021, en reconnaissant le martyre du vénérable Henri Planchat et de ses quatre compagnons des Sacrés-Cœurs de Picpus.
Henri Planchat naît dans une famille pieuse, en 1823. Après des études à Paris dans de bonnes institutions – Stanislas – il poursuit des études de droit, comme le voulait son père, mais à peine son diplôme d’avocat en poche, il entre au séminaire d’Issy-les-Moulineaux Durant ses études de théologie, il participe à l’une des Conférences de la Société de Saint-Vincent-de-Paul présidée par Jean-Léon Le Prévost. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de l’Institut des Frères de Saint-Vincent de Paul, 1845, et qu’il découvre sa vocation. Il s’occupe alors des pauvres, de la bibliothèque de la paroisse et collabore au patronage des Frères de Saint-Vincent de Paul. Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1850. Il se présente trois jours plus tard devant Jean-Léon Le Prévost pour être accueilli en tant que premier prêtre au sein de la nouvelle congrégation.
Il s’investit à Grenelle et Vaugirard dont les populations se montrent souvent hostiles aux prêtres. il s’occupe du patronage Notre-Dame de Grâces actif dans la formation des garçons, tout en continuant à visiter les malades et assister les pauvres. Le succès de son action pastorale provoque toutefois la susceptibilité du curé de la paroisse de Grenelle. Pour calmer les choses, son supérieur, M. Le Prevost, l’envoie deux ans à Arras assister l’abbé Halluin qui dirige un orphelinat avec des ateliers d’apprentissage. En 1863, il est désigné comme aumônier du Patronage Sainte-Anne dont les Frères de Saint-Vincent de Paul ont pris la direction en mars 1862. A cette Œuvre, fondée et patronnée par la Société de Saint-Vincent de Paul, il donnera un essor extraordinaire.
Lorsque la guerre de 1870 éclate, il s’associe au mouvement patriotique et charitable, suscité par la guerre, en faveur des blessés évacués dans la capitale et des soldats chargés de sa défense, il établit une ambulance dans son Œuvre. Dès la mi-septembre en effet, le quartier de Charonne est envahi par des bataillons de mobiles. Installés dans des baraques de fortune, où ils ne pouvaient guère séjourner que la nuit, ceux-ci erraient le plus souvent, entre les exercices. Il crée alors le Patronage des Mobiles, qui suscite des critiques d’officiers de la Garde nationale. Bien qu’Henri Planchat soit étranger aux luttes politiques, le jour même du début de l’insurrection de la Commune dans Paris, le 18 mars, une bande d’insurgés envahit le patronage Sainte-Anne sous prétexte d’y saisir des armes.
Le Jeudi Saint, 6 avril, un groupe de fédérés pénètre à Sainte-Anne, un commissaire, revolver au poing, lui notifie alors son arrestation. Il est conduit à la mairie du XXe arrondissement où il subit un interrogatoire. Le jour suivant, il est transféré à la Préfecture de Police. Le 13 avril, avec d’autres religieux prisonniers qui l’ont rejoint, il est transféré à la prison Mazas. Du fond de sa prison il écrira plusieurs lettres qui nous révèlent une fois de plus sa délicate bonté, en même temps que sa constante préoccupation du bien spirituel des âmes.
Le vendredi 26 mai, les combats deviennent plus intense entre les Versaillais qui ont gagné presque tous les quartiers et les fédérés qui se replient sur les derniers bastions et barricades. Au début de l’après-midi, le Père Planchat, avec neuf autres ecclésiastiques et une quarantaine de civils sont extraits de la prison par le Colonel Émile Gois et conduits de la prison de la Grande Roquette, à travers les rues de Belleville, jusqu’à la Villa Vincennes, au 85 rue Haxo. Au long du chemin, des voix dans la foule les accueillent avec des injures et des cris de mort.
A six heures, lorsque les prisonniers arrivèrent rue Haxo, la foule s’est regroupée dans l’allée, frappe les prisonniers, les bousculant et les entraîne jusqu’à la murette du terrain vague. Soudain, un coup de revolver donna le signal du massacre. Une fusillade désordonnée éclata aussitôt. Cette tuerie dura près d’une demi-heure.
Le Père Mathieu-Henri Planchat figure parmi les morts. Ses restes reposent au sanctuaire de l’église Notre-Dame-de-la-Salette de Paris dans le XVe arrondissement de Paris.
Les martyrs de la rue Haxo, assassinés le 26 mai 1871 par des partisans de la Commune, ont été reconnus martyrs le jeudi 25 novembre 2021. Cette reconnaissance du martyre vient clôturer l’année jubilaire du 150e anniversaire de leur pieuse mort.
- Henri Planchat, né le 8 novembre 1823, ordonné prêtre le 21 décembre 1850
- Ladislas Radigue (Arman Pierre), né le 8 mai 1823, ordonné prêtre le 22 avril 1848
- Polycarpe Tuffier (Jules) né le 14 mars 1807, ordonné prêtre en 1830
- Marcellin Rouchouze (Jean Marie) né le 14 décembre 1810, ordonné prêtre en 1852
- Frézal Tardieu (Jean Pierre Eugène) né le 18 novembre 1814, ordonné prêtre en 1840 ),
Le père Henri Planchat sera proclamé bienheureux le 22 avril 2023.
Cet ouvrage est une biographie complète, douloureuse et magnifique d’un homme de foi, de dévouement et d’abnégation. « apôtre des pauvres », « apôtre de la charité ». Sa vie est actuelle, parlante et vivifiante.
Avec le Cœur et le regard du Père Henri Planchat, religieux de Saint-Vincent de Paul, martyr de paris, 1871, de François Vayne, 232 pages, Editions Nouvelle Cité sur LIVRES EN FAMILLE
On lira avec profit également, le livret L’abbé Planchat, martyr de la Commune, du comte de Lambel, Chiré, sur LIVRES EN FAMILLE
Sur LIVRES EN FAMILLE retrouvez les meilleurs auteurs sur cette période sanglante de la Commune;
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