Le général Nicolas Le Ner est l’auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique et de stratégie. Il change ici de registre !

Armistice, un roman de guerre, un film de guerre… Ce livre a une histoire …

Il répond à trois idées nous explique l’auteur :
la première est partie d’une histoire racontée par un photo-reporter Thomas Goisque. Il a expliqué qu’après la bataille de Diên Biên Phù, Pierre Schoendorffer avait tourné six bobines de films de cette bataille et que ces bobines avaient disparu. Mais après bien des recherches, il sait désormais qu’elles sont dans les sous-sols de la Loubianka à Moscou, au KGB.

La deuxième raison qui a poussé l’auteur à écrire ce livre, c’est la guerre d’Indochine, dans ce pays envoutant, sorte de paradis perdu ; la mélancolie de ces personnages si bien été décrite dans « Mal jaune » de Lartéguy.
La troisième raison, c’est le titre Armistice. Armistice, ce n’est plus la guerre, mais ça n’est pas encore la paix. C’est une espèce d’Entre-deux appliquée aux trois personnages principaux qui portent l’intrigue de ce roman et qui sont à la fois dans le regret, la fierté, dans un certain sentiment de damnation tout en espérant une rédemption. C’est tout ce nœud qui va se délier tout au long des pages, avec sursauts et contradictions…

Le roman repose sur trois personnages qui incarnent chacun à sa façon la figure éternelle du soldat, c’est-à-dire des soldats qu’on trouve dans la guerre d’Indochine mais que l’on rencontre encore aujourd’hui en opérations. Ces trois soldats : le lieutenant Constant Jalais, qui sort de Saint-Cyr. Pour lui, plongé dans la guerre d’Indochine, c’est comme s’il réalisait un rêve de gosse, sauf que dans la fureur des combats il va découvrir la responsabilité du chef face à la mort de ses hommes lors d’une embuscade qui tourne mal. Le deuxième personnage est un sergent de la Légion Etrangère, Heinrich Schmitt, allemand ancien officier de la Wehrmacht. Il a fait la guerre sur le Front de l’Est et a participé à la bataille de Stalingrad. Lui c’est la figure du lansquenet, du mercenaire… Et le dernier personnage, le caporal Marcel Larget c’est le soldat qui s’est engagé par hasard, un peu par nécessité et qui se retrouve plongé dans des événements qui le dépassent. Il n’est plus maître de son destin, alors au plus fort des combats de la bataille de Diên Biên Phù, il déserte. Il va se réfugier sur les bords de la Nam Youm, le fleuve qui traverses la cuvette et devient ce que les soldats du camp retranché appelaient les rats de la Nam Youm. Trois hommes confrontés à la violence, immergé dans la violence et répondant par la violence…

Il y a aussi un quatrième personnage, important, c’est la jungle indochinoise : la jungle c’est l’étouffoir, c’est un camp de prisonnier à ciel ouvert dont on ne peut s’évader. Cela va obliger ces hommes aux destins si différents, aux destins mêmes adverses, à un huis clos. Et dans ce huis clos ils vont se révéler les uns aux autres. Se révéler aussi à eux-mêmes et pouvoir signer cet armistice, – ou pas – l’objet de ce livre.

Armistice, c’est un roman de guerre c’est aussi un film de guerre. L’auteur a utilisé sa plume comme une caméra. Pierre Schoendorffer utilisait sa caméra à l’épaule pour filmer les combats dans les rizières sur les points d’appui de Diên Biên Phù. Ici l’auteur a voulu un livre avec une intrigue qui tienne le lecteur en haleine comme un film de guerre et en même temps il décrit des scènes dans lesquelles le lecteur voit le terrain, entend les ordres et les détonations, sent la poudre et la moiteur du vent et dont le ventre se crispe à hurler, la peur au ventre du soldat…

A la lecture de ces pages, on devient Jalais, Schmitt, ou Larget.  Leur destin est lié, on le voit, on le comprend… Ce livre est à la fois une intrigue un peu cinématographique, mais c’est aussi un livre sur l’introspection des hommes. Ces hommes confrontés à la peur, à leurs démons ; ils connaissent leurs fautes, leurs erreurs qui ont conduit à la mort d’hommes, de leurs compagnons d’armes mais c’est aussi un livre sur la rédemption, sur le pardon. Tel est un peu ce « miracle » de la guerre que de donner aux hommes l’occasion de choir mais aussi de se relever et de faire la paix avec soi-même.
En refermant le livre, on se dit que c’est un bon roman de guerre et un bon film de guerre. Mais si la guerre d’Indochine est passée, c’est aussi sur la guerre d’aujourd’hui et ces trois figures des soldats existent encore en opérations… Ces trois figures de soldats que l’on retrouve déjà dans l’Illiade et l’Odyssée, à travers toute la littérature de guerre…

Un livre rude, vert, violent, où l’homme est poussé jusqu’au bout de ses limites, de sa raison.  Le grand absent de ce roman est Dieu… et le désespoir s’inscrit dans les âmes, la haine dans les cœurs, la vengeance dans les actes… et la barbarie commande presse et tétanise.

Plus d’informations et commandes sur LIVRES EN FAMILLE

Armistice, général Nicolas Le Nen, Le Rocher, 320 pages, 19.90€

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