L’opinion publique est de plus en plus ébranlée par les révélations sur certaines pratiques en cours dans plusieurs ONG dites humanitaires. Après des accusations de viols visant des salariés d’Oxfam et la « culture d’abus sexuels » qui y régnerait, c’est Médecins sans frontières qui a avoué mercredi avoir été confronté à 24 cas de harcèlement ou d’abus sexuels en 2017.
Sur 146 signalements reçus par la direction de l’organisation internationale, « 40 cas ont été identifiés comme des cas d’abus ou de harcèlement au terme d’une investigation interne. Sur ces 40 cas, 24 étaient des cas de harcèlement ou d’abus sexuel« , a-t-elle annoncé dans un communiqué.
Des plaintes ont été déposées devant la justice dans plusieurs pays mais aucune en France, la loi prévoyant que les procédures soient ouvertes dans les pays où les faits ont eu lieu.
Mais le nombre de cas d’abus sexuels commis par des membres de Médecins Sans Frontières pourrait être bien plus important, car les 24 dévoilés mercredi n’incluent pas « les cas directement gérés par les équipes sur le terrain et non signalés au siège » opérationnel à Paris, selon MSF, qui est présente dans 71 pays et notamment en Irak, au Yémen, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.
« Bien que les signalements d’abus soient en augmentation régulière« , l’organisation s’est dit « consciente que les abus en son sein sont sous-rapportés« .
MSF a décidé d’avouer ces faits au moment où le secteur humanitaire est ébranlé par des révélations sur Oxfam.
Plusieurs employés de cette confédération d’une vingtaine d’organisations présentes dans plus de 90 pays sont accusés d’abus sexuels sur des mineurs au Royaume-Uni, de viols au cours de missions humanitaires au Soudan du Sud, d’abus sexuels au Liberia et d’avoir, entre autres, fait appel à des prostituées en Haïti, ainsi qu’au Tchad.
Prise dans la tourmente, la directrice générale adjointe d’Oxfam Penny Lawrence a démissionné lundi.
« Il y a dans le milieu de l’humanitaire une vie sexuelle qui est plus déstructurée« , a déclaré Françoise Bouchet Saulnier, ancienne magistrate, qui ajoute qu’il y existe « une espèce d’impunité et une loi du silence« .
Oxfam a déjà signalé subir environ deux fois plus d’annulations de dons par prélèvements que d’habitude : entre samedi et lundi, 1.270 annulations contre 600 habituellement sur ce même nombre de jours. Oxfam est également menacée de perdre des subventions publiques (19% de ses ressources).
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