La Rand Corporation l’écrit « l’Ukraine ne doit pas devenir une guerre sans fin » : éviter une longue guerre est une priorité plus élevée pour les États-Unis que de faciliter un contrôle territorial ukrainien beaucoup plus important.

La Rand Corporation, une voix écoutée par le Pentagone et Washington

La Rand Corporation n’est pas n’importe quelle institution aux Etats-Unis : cette institution américaine, fondée par l’US Air Force, est un think tank de conseil et de recherche financé par le gouvernement américain, par des dotations privées, par des entreprises, des universités et des dons de particuliers. Elle se donne pour objectif d’améliorer la politique et le processus décisionnel par la recherche appliquée et l’analyse stratégique. Elle est une voix écoutée par le Pentagone et Washington.

Sa nouvelle étude, publiée par la division de la Recherche sur la Sécurité Nationale de la Rand, avertit que les États-Unis doivent réduire « au minimum les risques d’une grave escalade » et que pour « les intérêts des États-Unis il serait préférable d’éviter un conflit prolongé ». En effet, les coûts et les risques d’une longue guerre en Ukraine sont importants et l’emportent sur les avantages possibles.

« Deux recommandations, note le site geo-politique Piccole Note, qu’il convient de mettre en exergue, puisque les États-Unis font exactement le contraire. L’envoi de chars, l’envoi probable d’avions de chasse à l’avenir et la possibilité que l’Ukraine soit dotée de systèmes d’armes capables de frapper profondément la Russie, en plus du consentement donné il y a quelques jours pour attaquer la Crimée (une autre ligne rouge de Moscou), augmente considérablement le risque d’escalade.

« De plus, la perspective d’une guerre prolongée est également brandie depuis un certain temps, puisque, par exemple, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a laissé échapper l’idée que la guerre sert à « affaiblir la Russie », confirmant les perspectives esquissées par les nombreux faucons qui rage sur le conflit (par exemple Clinton, quand elle a dit que l’Ukraine serait un nouvel Afghanistan pour la Russie). »

Inverser l’escalade en cours et arriver à des négociations rapides

Bref, l’étude de Rand préconise un renversement de tendance sur ce point. Ensuite, elle prévient que Washington « peut adopter des mesures qui rendent plus probable une éventuelle conclusion négociée du conflit » en clarifiant « ses plans de soutien futur à l’Ukraine », s’engageant « en faveur de la sécurité de l’Ukraine », donnant « des assurances concernant la neutralité » de Washington et envisageant un allégement des sanctions contre la Russie.

Les auteurs de l’étude expliquent que les « principaux obstacles » à une telle perspective de négociation sont « l’optimisme mutuel quant à l’avenir de la guerre et le pessimisme mutuel quant aux implications de la paix ». Evidemment, l’Ukraine est la plus touchée par cette critique, même si l’étude ne peut évidemment pas ne pas placer la Russie sur le même plan.

En réalité, la Russie a toujours indiqué sa volonté de négocier et il est évident qu’une négociation ne peut aboutir qu’à un compromis, qui verrait nécessairement la Russie réduire ses demandes territoriales.

Une perspective de négociation doit inclure « des assurances sur la neutralité du pays [Ukraine] et établir les conditions de la levée des sanctions contre Russie

Le document de la Rand prévient qu’une perspective de négociation doit inclure « des assurances sur la neutralité du pays [Ukraine] et établir les conditions de la levée des sanctions contre Russie ». De telles conditions ont toujours été exigées par la Russie et donc, si elles sont officialisées, devraient apaiser ses craintes pour l’avenir.

Même chose pour Kiev. En effet, si des assurances « pour la sécurité de l’Ukraine » sont établies dans l’accord, cela devrait dissiper ses craintes quant à une hypothétique nouvelle agression.

En pratique, Kiev doit réduire ses demandes, c’est-à-dire prendre du recul par rapport au maximalisme actuel, fixé sur le complet et retrait total des Russes de l’Est du pays (sinon même sur la défaite de Moscou…).

En vrai, dans cette guerre par proxy entre l’OTAN et la Russie dont l’Ukraine fournit la chair à canon, pour l’instant prévaut l’escalade du côté de Washington.

Francesca de Villasmundo

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