Toute colère, juste ou injuste, a un fondement dans une requête de justice. Cette requête elle-même peut-être juste comme injuste. Cette question de la justice est au coeur de la nature humaine, et elle est fondée sur un axiome élémentaire: on ne peut avoir une notion juste de la justice sans être mu par la foi, ou par une foi. Il faut que la justice s’enracine quelque part, faute de quoi elle est remplacée par toute une bibliothèque et un arsenal de textes juridiques.

La « foi » musulmane conduit à la justice de la charia, c’est à dire à une abomination.
Thomas d’Aquin a expliqué ce principe de la Loi avec la lumineuse rigueur qui est sa marque de fabrique: pour établir une loi, les législateurs considèrent les conditions générales ; or ce qui est soumis aux lois, ce sont les actes humains qui portent sur des situations singulières qui peuvent varier à l’infini. La loi est donc par essence, imparfaite et dans certains cas, son observance serait contraire à la justice et au bien commun que la loi entend sauvegarder. Le bien consiste alors à transgresser la lettre de la loi pour rester fidèle à l’esprit de justice et à l’exigence du bien commun.

Notre droit est aujourd’hui déraciné de toute idée de justice. Car la Justice est conduite par une foi, entendue non pas comme fidélité à la lettre (comme l’islam, qui est fidélité à la lettre du Coran), mais fidélité à un Dieu et à une Parole, enrichie de toute une tradition de réflexion.

La « foi » du socialisme réel, que Pie XII avait jugé intrinsèquement pervers, cette foi que la Russie a prétendu imposer, pour son malheur et celui des peuples soumis à son joug, a conduit au goulag, à la famine, à la déportation des peuples du Caucase, à des souffrances sans nom : des millions de destins broyés dans la meule de l’Histoire. Nous avons assisté à la chute de cette foi meurtrière, et nos hommes politiques ne pardonnent pas à Vladimir Poutine d’avoir enraciné de nouveau cet immense pays dans la foi ancienne.

La « foi » dans le libéralisme économique à l’américaine conduit quant à elle à une exploitation universelle des peuples, et à leur mise en esclavage.

Le discernement de la vérité de la foi est une question qui devrait être cruciale pour chaque être humain. Parce que c’est cette foi qui va gouverner notre justice, et donc nous déterminer largement dans nos choix humains, dés lors que ces choix humains ont pour horizon la recherche du Bien.

C’est ce que l’oecuménisme militant de l’Eglise catholique a oublié. En mettant sur le même plan les autres religions, il a rogné ce « présupposé » théologique de la vérité de la foi catholique. Il a semé le doute dans le coeur des fidèles : si l’islam est la troisième religion, sur le même plan que la mienne, alors sa validité est comparable à la « foi » catholique. Alors je peux douter de la Parole. On a ainsi donné une solide assise et une formidable audience à ce relativisme religieux qu’on fait par ailleurs semblant de déplorer.

La première urgence n’est donc pas d’organiser de vains débats dans nos paroisses dévastées, où ils seront organisés de toute manière par les hommes des diocèses, laïcs dans la mouvance et la droite ligne du parti, dont certains occupent ces emplois salariés destinés à promouvoir les « pastorales » en usage. Ces pastorales du chien crevé au fil de l’eau, de l’aller au monde auxquelles on prétend substituer aujourd’hui les pastorales du grand débat généralisé. Le frottement des opinions n’a jamais fait de la lumière. La première urgence est de proclamer la foi chrétienne qui conduit à la justice des dix commandements et au-delà même, à l’amour des ennemis.

Cet amour ne se confond pas avec les affects que nous sommes continuellement invités à éprouver pour un prochain le plus souvent imaginaire et fantasmé. Jusqu’à ce qu’il arrive à nos portes et qu’on réalise qu’il faut le nourrir, le loger, le soigner et que cela va alourdir encore la dette fabuleuse qui hypothèque paraît-il notre pays et l’avenir de nos enfants.
L’amour des ennemis n’implique pas d’accepter leurs idées quand on les croit fausses et dangereuses. Aimer les ennemis dans la justice n’entraîne pas qu’on les laisse faire n’importe quoi, – tuer, prêcher la haine, construire des mosquées, voiler leurs filles et les marier sans leur consentement, humilier et contraindre leurs femmes, et parfois violer les nôtres – il faut les combattre justement, sans haine, en vue d’abord de les empêcher de nuire et de nuire à celles que ces structures religieuses emprisonnent sans rémission ni espoir.
Et puis aussi, en vue qu’il se convertisse à la véritable justice.

D’après saint Thomas d’Aquin, il y a une charité politique qui dépasse et de loin les sentiments individuels de compassion, et qui ne s’y réduit surtout pas. Or, ces affects compassionnels sont proposés comme l’unique modalité de l’amour du prochain.
L’apostasie d’une grande partie du clergé consiste aujourd’hui à proposer et à diffuser un discours social compatissant, inconsistant, doucereusement culpabilisant, fondé sur des affects qu’on nous somme d’éprouver, Evangile à l’appui, ou en convoquant la presse et l’actualité. Pas le moindre appel à la conversion véritable – ou si peu et quasiment toujours noyé dans ces bons sentiments obligatoires.
Cette conversion véritable consiste à se tourner ensemble vers la divinité. Car comment pouvons-nous être frères si nous n’avons pas le même Père, si nous n’obéissons pas au même Dieu, aux mêmes Lois données – les dix commandements –, et ultimement à la même Loi : celle d’aimer. D’aimer dans la justice et dans la vérité.
Ce qui implique, si l’on est disciple de Jésus Christ, de se tourner vers lui et son Père avec le secours de l’Esprit Saint. Car qui peut aimer son ennemi sans un secours particulier ? Qui peut aimer ceux qui ont détruit, tué, saccagé, violenté, menti, triché, escroqué, exploité, pillé et ceux qui spolient et asservissent en accablant d’impôts enveloppés dans des discours délibérément mensongers?
Il convient de souligner l’importance du langage utilisé. Il y a une tromperie profonde et un énorme mensonge dans cette façon d’appeler à la fraternité en oubliant qu’il n’y a de « frères » que s’il y a un « père » commun. Chaque fois que nous allons prier avec des musulmans, nous ne faisons pas un rituel de fraternité, nous allons prier avec nos ennemis en donnant à croire qu’ils sont des frères, et que nous avons le même Père.
Mais alors qui prie Qui ?

Il en découle une chose qui est un impératif catégorique, une exigence souveraine : enseigner, enseigner et enseigner!
La doctrine de l’Eglise n’est pas réservée aux spécialistes, aux séminaristes, aux bourgeois cathos et aux Instituts de philosophie. Ce mépris du peuple est totalement insupportable. L’Eglise dispose d’un important corpus de doctrine.
Elles touchent en particulier la destination universelle des biens de cette terre et le droit de propriété.
Quand est-il possible d’entendre l’enseignement des dix commandements dans la bouche des évêques? Quand est-il possible de les entendre rappeler ces questions essentielles ? Quand dénoncent-ils les mensonges des uns et des autres, ce qui est le corollaire de tout enseignement véritable ? Où entend t-on un seul Evêque, doctrine sociale de l’Eglise à l’appui, appeler un chat un chat et la classe « bobo » une classe d’exploiteurs et de voleurs, (et une classe solidement organisée). Il n’y a pas une note de justice ni de foi dans les « sauvons la planète », il n’y a que du bavardage opportuniste, relayé dans les diaconies démagogues. Dans certains diocèses on a même mis en place des formations à l’écologie planétaire, auprès de publics qui n’ont même plus une idée claire de la Trinité, enseignement qu’on se gardera bien de leur donner.

Pourtant, l’exploitation sociale est telle aujourd’hui qu’on exproprie les gens de leur propre travail et de leur gestion vertueuse (plus d’économies ni d’héritage). On transforme ainsi la multitude en esclaves. Et ces esclaves espèrent profiter à leur tour du système, en imitant les grands profiteurs. Tous, dans une méchanceté unanime, détruisent ainsi le bien commun. La singerie ultime vise à parvenir à une sorte d’unanimité (une seule âme), mais par ce qui détruit l’âme précisément, dans un grand suicide collectif, comme le désire le Père du mensonge, homicide dés le principe. C’est ce qui nous est proposé dans la folie grandiose – et tragique – du mondialisme, hubris des hubris qu’eussent condamné sans hésitation les Grecs anciens.

Le problème des évêques est simple : officiellement ils ne professent plus la Foi. Cela n’a rien d’une folle exagération. Il suffit de lire la toute récente proposition des Evêques de France face à cette insurrection populaire des gilets jaunes. Nous n’avons pas à juger ou à préjuger du for interne qui ne regarde que la conscience personnelle et le jugement de Dieu, mais il suffit d’écouter les discours épiscopaux et jusqu’à certains discours du pape : ce n’est pas la Foi qui y est proclamée, c’est le compromis avec le monde. La Foi chrétienne, qui est assentiment de l’intelligence à la vérité révélée, suppose une constante référence à cette vérité révélée, et non aux dogmes du réchauffement climatique dont le caractère scientifique est strictement impossible à établir et qui sont exploités pour renforcer l’esclavage généralisé, en affolant et en culpabilisant, on en jouant sur les ressorts les meilleurs de braves gens qu’on a saturé de mensonges médiatiques.

Comment les chrétiens peuvent-ils encore croire à la Résurrection quand l’Evêque émérite d’Amiens exprime publiquement ses doutes sur ce dogme ? Il faut espérer qu’il croit au moins en le pardon des péchés car il ne lui resterait plus alors qu’à faire comme Judas.
Certains de nos Evêques ne croient plus vraiment à la divinité de Jésus, à son enseignement, à ses miracles… Ils ont fabriqué en lieu et place une religion à l’eau de rose où il s’agit d’être bien consentant à la puissance du monde.

Aujourd’hui qu’une partie de la population se révolte contre ces Puissances du monde, (dans une requête collective de justice qui s’exprime à travers des requêtes sociales d’une grande diversité) ils frémissent et appellent au calme. Ils n’appellent pas à revenir à Jésus, ils n’appellent pas les laïcs formés à s’engager pour un vaste projet d’enseignement, ils appellent à débattre pour réfléchir sur une vision commune.

Messieurs les Evêques de France, il n’est sans doute plus temps pour cette civilisation que nous voyons mourir et s’effondrer sous nos yeux. Mais nous pouvons et devons jeter les semences de vie pour la nouvelle efflorescence de la seule vraie nouveauté: l’Evangile. C’est notre dignité de baptisé, c’est notre honneur de chrétien, notre accomplissement d’homme ou de femme, notre justification existentielle et c’est notre gloire éternelle en Jésus Christ.

Et c’est aussi la vôtre. Il est temps encore…

Marion Duvauchel
Professeur de philosophie

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