L’unité de doctrine au sein de l’Église d’aujourd’hui est morte et bien morte de par les ambiguïtés volontaires du pape François. Non pas que cette unité n’était pas mise à mal, à l’agonie, depuis maintenant 50 ans mais pour ceux qui croient encore que le concile Vatican II n’est pas une rupture d’avec la Tradition bimillénaire mais qu’on peut le lire avec l’herméneutique de la continuité chère à Benoît XVI, le choc est d’autant plus rude. La crise est profonde, le schisme aux portes !
De la Pologne à la Sicile en passant par l’Argentine, l’exhortation sur la famille Amoris Laetitia fait éclater au grand jour une désunion doctrinale profonde parmi les évêques, désunion attisée depuis des décennies par l’esprit conciliaire même si c’était de façon plus voilée. Il n’existe plus une seule voix épiscopale universelle pour enseigner aux quatre coins de la planète, une même foi, un même dogme, une même morale mais des multiples langages contradictoires, opposés. Rome est devenue, et cela s’est accentué avec El papa argentin, une Tour de Babel prêchant tout et son contraire.
Après les cas médiatiques de la conférence épiscopale des évêques de Buenos-Aires et de deux évêques maltais qui ont explicité la possibilité pour les divorcés remariés civilement de recevoir les sacrements, c’était au tour, le 7 juin dernier, de la conférence épiscopale polonaise, de donner son avis : réunie à Zakopane, elle a décidé à l’unanimité que le document controversé Amoris Laetitia ne change pas l’enseignement constant de l’Église et a donc exclu les divorcés remariés ne vivant pas comme frère et sœur à recevoir l’Eucharistie. Position qui n’a absolument pas été suivie par les évêques de Sicile qui ont, ces jours derniers, fait le choix totalement inverse publié dans un document intitulé : « Orientation pastorale. Accompagner, discerner, intégrer la fragilité selon les indications du chapitre VIII d’Amoris laetitia ».
Ce texte révèle au premier abord une anarchie sacramentelle qui est mise à l’honneur. En effet le document spécifie finement que «chaque évêque pourra offrir à sa propre église locale les indications les plus opportunes.» Viennent ensuite cependant quelques suggestions concernant ces indications afin d’aider les familles à redécouvrir « la joie de l’amour ».
Si les évêques méridionaux rappellent, en s’appuyant sur cet esprit de gradualité énoncé à Vatican II, que « le sacrement de mariage est la forme culminante de chaque relation d’amour entre l’homme et la femme » ils précisent cependant que « le soin pastoral doit suivre des chemins nouveaux, attentifs aux nouvelles situations dans lesquelles se trouvent des hommes et des femmes baptisés, dans les liens qu’ils contractent. » Soulignant la plus grande fragilité de cette humanité, les pasteurs siciliens estiment qu’elle exige « un discernement responsable » parce que affirment-ils, « nous ne pouvons pas attendre des normes uniques mais un discernement futur sera nécessaire entre les différentes situations, qui ne ferme la porte à personne, à priori ou par décret, concernant la possibilité de la communion ecclésiale . »
Leurs orientations vont donc dans un sens progressiste et libéral, par rapport aux situations qui ne « correspondent pas à l’enseignement de l’Église sur le mariage ». Deux paroles donnent la ligne de conduite conseillée,« gradualité et intégration », pour conclure sur la possibilité de « l’aide sacramentelle » : « Dans certaines circonstances qui regardent les divorcés remariés, selon l’évaluation du confesseur et en tenant compte du bien du pénitent, il est possible d’absoudre et d’admettre à l’Eucharistie, même si le confesseur sait qu’il s’agit pour l’Église d’un désordre objectif. »
Ces interprétations multiples et contradictoires d’Amoris Laetitia témoignent et de l’ambiguïté flagrante du texte bergoglien et de la profonde déchirure qui divisent les pasteurs actuels sur cette question fondamentale et civilisationnelle de la communion aux divorcés remariés. En effet accorder, en contradiction avec l’enseignement constant de l’Église catholique depuis 2000 ans, l’accès aux sacrements aux baptisés vivant dans des situations qui ne « correspondent pas à l’enseignement de l’Église sur le mariage » c’est dans l’ordre surnaturel nier l’indissolubilité du sacrement de mariage et la nécessité d’être en état de grâce pour recevoir la communion. C’est aussi, dans l’ordre naturel, participer à la destruction de la cellule familiale, base de la société, et ouvrir la porte à la reconnaissance des « nouveaux » modèles familiaux promus par les adversaires de la loi naturelle.
Le combat contre Amoris Laetitia n’est donc pas seulement un combat religieux. C’est aussi un combat anthropologique, le combat pour ou contre la famille traditionnelle et toutes les vraies valeurs humaines qu’elle représente.
C’est un combat civilisationnel !
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !